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Libéraliser les institutions pour raviver la démocratie

Libéraliser les institutions pour raviver la démocratie

Démocratisation des institutions, décentralisation, revenu universel, autonomie pour l’éducation… Invité pour le podcast de Contrepoints, notre directeur Christophe Seltzer développe et défend les principaux combats de GenerationLibre. 

 

Christophe présente le think tank et ses trois principales luttes : changer le cadre institutionnel pour répondre à l’affaissement de la démocratie en France, décentraliser vraiment les pouvoirs locaux et simplifier les normes. À partir de ces trois combats principaux, GenerationLibre décline diverses propositions de politiques publiques, comme l’instauration d’un revenu universel par exemple.

Selon lui en effet, le revenu universel entérinerait l’instauration d’un « filet de sécurité » pour chacun, garanti par la collectivité, et diminuerait les désincitations au retour à l’emploi existant aujourd’hui dans le système actuel. Il permettrait d’enlever la surveillance et le contrôle paternaliste de l’État tout en rendant la fraude aux aides impossible, puisque tout le monde en bénéficierait. Le revenu universel viendrait ainsi répondre à une situation actuelle où un tiers des gens qui ont droit au RSA n’y recourent pas en raison de la complexité administrative et où les gens ne sont pas forcément encouragés à travailler en raison des effets de seuil.

« Notre système aujourd’hui n’est pas juste car un tiers des gens qui ont droit au RSA n’y recourent pas et parce que les gens qui sont dans ce système d’aides ne se retrouvent en plus pas incités à travailler. »

 

Christophe est ensuite interrogé sur l’un des thèmes phares de la lutte de GL : la déprésidentialisation la Ve République. Pour Christophe, « le premier problème politique aujourd’hui c’est l’élection présidentielle, ou en tout cas la prééminence de la figure du président de la République. » La France est en effet une « anomalie » parmi les démocraties libérales, même au sein des différents régimes présidentiels ou semi-présidentiels comme les États-Unis, l’Autriche ou l’Irlande, qui tous accordent moins de place au président de la République. Et alors que le constat semble largement partagé, notre directeur déplore que personne au sein du personnel politique français ne défende une réforme institutionnelle majeure.

« Est-ce qu’on va jusqu’au bout de la Révolution française, est-ce qu’on arrête d’être gouvernés par un seul, est-ce qu’on devient vraiment une démocratie libérale ? »

 

Pour Christophe, c’est plus précisément l’élection au suffrage universel direct qui instaure un conflit de légitimité entre le Président et les députés. Il rappelle en effet qu’avant 1958, la seule fois où les Français ont élu un président de la République au suffrage universel direct, c’était en 1848 ! Par ailleurs, Christophe explique que la contrepartie non écrite au surcroit de pouvoir du président instauré par Charles de Gaulle est que ce dernier s’imposait de démissionner en cas de référendum non plébiscité par la population ou en cas de dissolution du Parlement avec incapacité de rassembler une majorité parlementaire.

Le système actuel a abouti à ne plus attendre que des solutions venant entièrement d’un seul homme, en dépit de toute efficacité. Pour Christophe, c’est ce qui explique que « depuis vingt ans on ne fait pas grand-chose en réalité : les gouvernements se suivent et se ressemblent, on fait du paramétrique. Globalement Sarkozy, Hollande et Macron mènent la même politique ».

« La vie politique est soumise au fantasme de trouver le nouveau grand homme : c’est démocratiquement immature et dysfonctionnel. »

 

Christophe est également amené à défendre une autre idée chère à GL : la subsidiarité ascendante, soit l’idée selon laquelle une échelon supérieur ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur, « à l’inverse de la manière dont on a construit la France ». Pour Christophe, les nombreuses réformes de décentralisation n’ont en réalité abouti qu’à déléguer des compétences, sans pour autant les accompagner d’une autonomie budgétaire : à la place de collectivités locales qui seraient vraiment autonomes, les échelons territoriaux se retrouvent simplement à devoir gérer des politiques décidées à l’échelon central.

À tout le moins, il s’interroge sur l’opportunité de redessiner la carte des collectivités locales en France et d’associer à chaque collectivité des compétences dédiées et un impôt local. Cela permettrait ainsi d’introduire des mécanismes de compétition administrative et fiscale entre les collectivités afin d’augmenter leur efficacité.

« Les partis politiques sont quasiment exsangues, ne produisent plus d’idées, ne sélectionnent plus de cadres, n’organisent plus la vie politique. (…) Les partis politiques permettaient une sélection de cadres par l’expérience et par les idées. »

 

Contrepoints demande ensuite à Christophe un exemple d’application de ces grands principes du think tank, avec une implication locale concrète. Notre directeur présente le modèle de frais d’inscription dans l’enseignement supérieur public proposé par GL : en s’inspirant du modèle appliqué dans l’Oregon aux États-Unis, il préconise un système où les étudiants s’inscrivent sans frais à l’université et paient ensuite à la faculté un pourcentage de leurs revenus une fois leurs études écoulées. Cela permettrait de faire financer l’université uniquement par ceux qui y vont et non pas par l’ensemble de la collectivité sans pour autant recourir à un système de prêts étudiants. Pour Christophe, c’est typiquement une réforme « très GenerationLibre » : « dans un cadre existant, comment utiliser des mécanismes d’incitations de marché de type capitaliste pour le rendre plus efficace, pour qu’il pèse moins sur les dépenses publiques tout en favorisant l’égalité des chances et en responsabilisant sur le résultat ».

« On est en train de vider complètement l’espace institutionnel de pacification politique et de le laisser à des camps attrape-tout populistes. (…) Il n’y a plus de vision politique ».

 

Christophe a ensuite l’occasion de développer sa critique de ce qu’il nomme le « technopopulisme », soit la tendance de certains dirigeants à refuser, au nom de préjugés et pour ne pas contredire l’opinion, des mesures politiques pourtant plus efficaces. Il cite par exemple la majorité refusant d’envisager le revenu universel car l’opinion pense majoritairement selon eux que les bénéficiaires des aides sont déjà trop « assistés », au mépris « de la finesse des chiffres et des raisonnements économiques ». Il analyse : « ce qui me gêne c’est que ceux qui disent combattre les extrêmes, extrême-droite comme extrême-gauche, sont aujourd’hui en train d’utiliser les ressorts populistes qu’ils reprochent aux autres de vouloir utiliser. »

 

Christophe termine sur la « crise du leadership politique » : « les partis politiques sont quasiment exsangues, ils ne produisent plus d’idées ni de cadre. » Pour lui, le désengagement en politique empêche la multiplicité des opinions politiques de pouvoir s’exprimer. C’est à la fois la cause et le symptôme d’une crise de la vie publique.

Notre directeur déplore le manque de formation, en particulier au sein du courant libéral : « personne ne forme des jeunes entre 18 et 25 ans à des idées politiques, à des techniques de militantisme, ce que fait l’Institut de formation politique qui biberonne depuis vingt ans des hordes de souverainistes et d’identitaires. (…) Ces cohortes peuvent aider lorsqu’un candidat émerge politiquement. (…) Les libéraux, nous avons vingt ans de retard : on n’a pas de cadres ! » Pour Christophe, il faut que les libéraux travaillent ensemble, sans renier leurs différentes sensibilités, afin de former de futurs cadres qui puissent porter les idées libérales au sein de la sphère politique et soutenir un militantisme au sein de la société civile.


Pour écouter le podcast, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport sur le revenu universel « Liber : une proposition réaliste », cliquer ICI.

Pour lire notre recueil « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport sur la subsidiarité ascendante « Le pouvoir aux communes », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Fiscalité locale : oser le pacte girondin », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Libérer l’université », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Un contrat pour les établissements scolaires », cliquer ICI.

 

Publié le 19/06/2023.

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