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GPA, le débat !

GPA, le débat !

Le jeudi 11 octobre, suite à la publication notre dernier rapport sur la GPA (lire ICI), GenerationLibre a accueilli Daniel Borrillo qui nous a donné son avis d’expert sur les problématiques juridiques qui entourent la GPA. Quelques jours auparavant, L’Opinion a publié une chronique (lire ICI) de notre directeur général, Maxime Sabaihi, pour défendre les vertus du marché dans la conclusion de contrats de GPA. 

A cette occasion, nous avons eu le plaisir de vous (re)voir, membres ou simples curieux, et de débattre avec vous.

Si vous n’avez pas pu être présent, voici le compte-rendu de la rencontre réalisé par Camille Pimont :

Les principes sur lesquels repose notre incompréhension de la GPA ne sont en rien récents, comme on aurait tendance à le croire, mais remontent à Saint Thomas, à qui l’on doit l’origine du concept d’indisponibilité du corps. C’est en effet le premier à se demander pourquoi le suicide est condamnable, alors qu’aucun tort n’est fait à autrui. En réalité, interprète-t-il, se suicider c’est porter atteinte à Dieu, le dominus ou maître de nos vies, car notre vie ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu. Cette vision selon laquelle on ne peut disposer librement de son corps s’est perpétuée à travers les siècles. Ainsi, aujourd’hui, nombre d’interdits tels que la vente d’organe ou justement la GPA reposent sur ce principe, issu du rigorisme religieux. Ce rigorisme ne se cantonne pas seulement à la vie, mais également à la mort. Nous ne pouvons cryogéniser ou disposer librement des cendres de nos défunts, l’euthanasie active et le suicide assisté sont illégaux. Notre mort ne nous appartient pas non plus.

Il est paradoxal que la France, qui se revendique pays des libertés, s’obstine à interdire la GPA. Pour un pays qui accepte l’IVG et l’accouchement sous X, il est insensé, dans la logique du droit, d’interdire la GPA. D’autant que, depuis 2002, les embryons surnuméraires de procréation médicalement assistée peuvent être utilisés à des fins scientifiques, être brûlés, mais surtout être donnés. Ce don autorisé d’embryons étant la première étape d’une procédure GPA, il est donc étrange que la deuxième étape, qui est l’autorisation qu’une femme porte un enfant qui n’est pas le sien, soit unanimement rejetée par tous les bords politiques.

Ce consensus anti-GPA est notamment dû aux problématiques de parenté et de filiation. La GPA bouscule les schémas familiaux classiques, considérés comme « naturels ». Claude Lévi-Strauss démontre dans ses recherches que la parenté est symbolique, Maurice Godelier qu’elle est une création culturelle. Il est donc impératif de ne plus raisonner de manière binaire — ce serait de plus inexact légalement, car un enfant peut avoir entre un et quatre parents (couples biologique et d’adoption).  Une femme qui a porté un enfant peut ne pas être sa mère, et une femme peut être mère sans porter son enfant. Ainsi, il y a quelques semaines, la Cour d’appel a changé les modalités d’adoption dans les situations de GPA, autorisant la mère d’intention à procéder à une adoption plénière et non plus simple (où la mention de la mère biologique était maintenue). C’est, en l’état actuel du droit, l’avancée la plus conséquente possible.

La GPA remet en question beaucoup de nos principes, moraux, politiques et sociétaux. Il est cependant important de les questionner, car finalement, autoriser la GPA revient à nous redonner la liberté de disposer de notre corps comme on le souhaite, et la liberté d’être ce que l’on veut. Comme le disait Gaspard Koenig, « quelle morale peut interdire cette liberté qui ne nuit à personne ? »

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