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Pour une radicalité d’extrême-centre – Gaspard Koenig

Pour une radicalité d’extrême-centre – Gaspard Koenig

Pour le premier numéro de la revue Horizons, mouvement d’Édouard Philippe dont il n’est pas membre, Gaspard Koenig fait valoir notre système d’idées empreint d’une radicalité réaliste contre les utopies en tout genre et contre le réformisme sans ambition. 

 

Le scientifique et humaniste Théodore Monod affirmait plein d’enthousiasme et d’espérance que l’utopie « n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé ». Peut-être, malgré lui, valait il mieux qu’il se trompe. Il faut se méfier de la dialectique utopiste qui n’a souvent d’autres fins que son corollaire : la dystopie. Tel est le sens du développement qu’offre Gaspard à la revue Horizons. Fantasmes d’intellectuels structurés autour de grands postulats et brandis comme des idéaux absolus, les utopies n’ont eu de cesse au cours de l’histoire d’alimenter les pires exactions. Abstraction de l’esprit humain, l’utopie justifie au nom de principes suprasensibles érigés en vérités universelles, la mise au ban, l’ostracisation ou la liquidation pure et simple de ce qui lui contrevient.

Philosophiquement,  il a fallu attendre Karl Popper pour réfuter méthodiquement les aspirations utopistes, la simple démonstration de leur irréalisme n’étant pas suffisante pour les repousser. Seule une réfutation politique est à même de dévoiler le caractère néfaste de l’utopie. Gaspard citant Popper le résume bien, « les meilleures intentions de fonder le paradis sur terre ne réussissent qu’à en faire un enfer ». Pour Gaspard nulle utopie n’est souhaitable alors que le communisme et le fascisme semblent avoir laissé la place aux utopies islamistes et au transhumanisme de la Silicon Valley.

« Je me méfie de ceux qui veulent changer la société, ou pire encore, le monde comme on dit dans la Silicon Valley. Ils entendent nous modeler à leur image. »

Dès lors, que faire ? Popper a bien essayé d’apporter une réponse mais transposée dans le réel, elle n’a hélas pas convaincu. Professant la mise en place de réformes prudentes et progressives, « le piecernal social engeering » popperien a entrouvert la voie au néolibéralisme, au règne des experts et à la mise en place d’une gouvernementalité supposément raisonnable. Loin d’évacuer l’État, la gouvernementalité néolibérale l’a renforcé en le dotant d’outils de surveillance accrue et d’une nouvelle biopolitique faite d’injonctions et de nudge.

Ce règne infantilisant, au nom de l’efficience, de le rationalité managériale consacre la défaite de la pensée politique. Pire, elle gouverne le pays. L’utile ou « ce qui marche » fait pâle figure de boussole politique et s’impose à tous, sans contestation possible, comme marche (ou crève) à suivre. Ainsi, a-t-on pu voir se mettre en place durant la pandémie une politique du maintien de la vie au prix d’un « quoi qu’il en coûte » pour nos libertés. Invoquant tour à tour Sénèque, Montaigne ou Rousseau, notre fondateur s’étonne du basculement paradigmatique opéré durant la pandémie et qui a consisté à nous marteler que la longévité humaine est un absolu terrestre.

« Toute la philosophie des propositions que je porte est de maintenir un équilibre entre une approche systémique et des mesures très concrètes. »

Afin de trouver un juste équilibre entre l’utopie brutale et le réformisme technologique contemporain, Gaspard préconise alors de définir un nouveau système d’idées. Subtil équilibre intellectuel, ce système de pensée se doit d’être fluide et en mouvement pour ne pas se condamner à la léthargie intellectuelle. En outre, il doit accepter les contradictions qui l’entourent afin de les dépasser.

L’abbé de Condillac, figure du libéralisme classique au XVIIIe siècle, ne professait rien d’autre dans son traité des systèmes en « enjoignant le lecteur à se méfier des pensées trop rigides, des lectures trop fermées sur elles-mêmes ». Ce système, pour se réaliser et être fidèle à ce qu’il entend être, doit quitter la psyché – le monde des Idées si cher à Platon – pour se confronter au réel et devenir une praxis – une action de transformation de la nature à partir des données réelles. Gaspard rappelle à ce titre l’origine de la création de GenerationLibre, conçu modestement pour émettre des idées concrètement applicables en politiques publiques. De cet aller-retour naît une radicalité réaliste « inspirée des systèmes de pensées et respectueuse des équilibres de la société ».

« Un journal m’a situé à l’extrême-centre. Voilà une case qui me plait bien (…) le centre ne doit pas être timide. Par rapport aux autres familles politiques, il lui faut à la fois être plus radical et moins révolutionnaire. »

Contre les utopies en tout genre – sans immigrés pour Zemmour, sans inégalités pour Mélenchon -, la technostructure étriquée et incapable de sortir de sa prison mentale faite de bureaucratie et de normes tandis que l’élection présidentielle est devenue un simulacre démocratique. Gaspard propose une autre voie guidée par le libéralisme dont le premier principe est de faire confiance au plus petit échelon – l’individu, la commune, l’entreprise – à même de savoir ce qui est bon pour lui et de définir sa propre utopie. Gaspard invite à s’intéresser à nos propositions de politiques publiques : de la simplification à l’autonomie locale en passant par le revenu universel, des projets d’envergures mais à droit et budget constants. La force tranquille de l’extrême centre.


Pour lire l’article de Gaspard dans Horizons, cliquer ICI.

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Publié le 11/05/2022.

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