
« Droit à la subsistance » contre RSA conditionné, défense de l’immigration et opposition à la reconnaissance faciale pour les JO… : en débat avec la Défenseur des Droits Claire Hédon, notre fondateur Gaspard Koenig appelle à lutter contre la bureaucratie pour sauver nos libertés.
Pour commencer, Gaspard dénonce le RSA conditionné à 15 heures d’activité obligatoires. Le philosophe remarque qu’en France, la tendance est d’insister de plus en plus sur les devoirs et de moins en moins sur les droits. Pourtant, Gaspard rappelle que nos droits politiques sont inconditionnels et absolus, même s’ils impliquent parfois une restriction de certaines actions. Il dénonce « une mauvaise forme de paternalisme ».
« Le discours actuel de l’ensemble de la classe politique, en ce qui concerne les droits et les devoirs des citoyens, est totalement fou par rapport à l’État de droit. »
Gaspard appelle à laisser tout individu qui le souhaite « vivre dans sa marge », car notre société libre se doit de respecter les valeurs et différences de chacun pour ainsi vivre en harmonie. Selon Gaspard, notre diversité est un « acquis de nos démocraties » et un progrès pour l’Humanité. Il explique ainsi s’opposer au fameux discours de « l’imposition forcée » de valeurs communes et républicaines qui ne sert, in fine, que de prétexte à une verticalité décisionnelle et nous éloigne de notre idéal de société.
Notre fondateur soulève qu’en France nombres d’études et de réflexions ont démontré que l’attachement à la liberté s’effrite un peu. En effet, deux français sur trois seraient prêts à céder en matière de libertés publiques et/ou individuelles si la sécurité du pays est en jeu et lorsqu’on évoque le triptyque de la République française, l’égalité et la fraternité devancent bien largement la liberté.
« Sur le plan de la société politique, nous avons des droits sans contre-partie, c’est même le fondement de nos démocraties. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ça n’est pas la Déclaration des Droits et des devoirs du Citoyen. »
Aussi, notre fondateur se penche sur les écrits de Thomas Paine, qui en 1796, a analysé la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce dernier a soulevé un droit fondamental manquant : le droit à la subsistance. Selon la définition de Gaspard, il s’agit là d’un droit « réel plutôt que formel ». Chaque citoyen a besoin d’un minimum vital qui sécurise son existence dans ce qu’elle a de plus biologique. Ainsi, Gaspard défend notre proposition de revenu universel, « absolu et sans contre-partie ».
Si Gaspard reconnaît que la mise en place successive d’allocations telles que le RSA ou encore le RMI est un progrès, il dénonce la récente « conditionnalisation » du RSA nous fait rebrousser chemin. Gaspard s’oppose à l’idée qu’on octroie une aide seulement avec une contre-partie. Cela tend à enfermer les allocataires dans leur statut de « pauvres » et les empêche de se libérer et de s’émanciper.
« Ce droit à la subsistance est le début d’un concept qu’on retrouve chez Thomas Paine, qui est le revenu universel, le droit absolu et sans contre-partie d’avoir un minimum vital. »
Gaspard appelle à la simplification ! Pour lui, chaque droit devrait être « compréhensif et simple » pour chaque citoyen. La question de la bureaucratisation est une des questions centrales de notre société, « une question existentielle ». Derrière cette pression normative se cache en réalité une volonté de la part de l’État d’avoir plus de contrôle et de se préserver du risque. Gaspard estime que nous sommes arrivés à un stade de saturation tel que le politique ne peut plus changer. Le paradigme politique en place nous pousse vers toujours plus de complexité, toujours plus de normes, et finalement, toujours plus d’inégalités. En effet, les moins touchés sont les individus proches des sources de pouvoir et d’information. Les premières victimes sont les « individus au bout de la chaîne »…
« Cette inflation normative génère des inégalités profondes. Le problème administratif n’est pas un problème de bourgeois, c’est un problème de justice sociale. »
Pour le philosophe, l’immigration représente aujourd’hui la question bureaucratique par excellence. Il souligne le paradoxe que « pour travailler il faut des papiers, mais pour avoir des papiers il faut travailler ». Entre illégalité et arbitraire, notre système ne facilite pas l’arrivée et l’accueil digne et efficace des étrangers sur notre sol.
« Généralement, quand on a traversé des mers et qu’on arrive dans un pays, on veut bosser, pas glander au RSA. »
Pour finir, Gaspard s’inquiète des dangers de l’intelligence artificielle. En ce qui concerne la bureaucratie, l’IA est une ennemie : elle permet en réalité d’augmenter et de complexifier les normes. Il se penche sur la question de l’utilisation de caméras à reconnaissance faciale lors des JO. Pour Gaspard, pas de débat : il s’y oppose fermement ! À l’aune des écrits de Tocqueville et Graeber, Gaspard veut lutter contre « le despotisme démocratique, à l’ombre des libertés fondamentales et de la souveraineté du peuple ». Même si nos lois sont démocratiquement décidées, elles nous contraignent dans l’exercice de nos libertés. Le degré d’intrusion du droit dans nos vies est donc un levier à reconsidérer.
« Le but d’une société libre est de laisser quiconque le souhaite marcher à contre-sens. »
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Publié le 03/10/2023.