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« Start-up nation » : grandeur et décadence

« Start-up nation » : grandeur et décadence

Sur Cnews et dans Le Point, Christophe Seltzer, directeur de GenerationLibre, dénonce un quinquennat d’hyperprésidentialisme à rebours du projet initial d’Emmanuel Macron. 

 

Mais où est donc la « start-up nation » ? Cet idiome, dont Le Point rappelle qu’il a été formulé par Emmanuel Macron devant un parterre d’acteurs du numérique lors du salon Viva Technology de juillet 2017 à Paris, n’avait pas manqué sa cible et suscité les espérances d’une société civile en attente de changements. Terme polysémique, le verbatim « start-up nation » annonçait aussi bien de grandes transformations économiques qu’un changement paradigmatique dans la façon d’exercer le pouvoir.

« Avec la « start-up nation » on nous a promis une révolution. Elle n’a pas eu lieu. »

Interrogé par Kevin Badeau, journaliste au Point, notre directeur déplore que cet aggiornamento soit resté lettre morte, pis que la pratique du pouvoir par le Président de la République se soit caractérisée par un adjectif antinomique : « jupitérien ». Selon Christophe, le quinquennat qui vient de s’écouler a même renforcé l’hyperprésidentialisation du régime. Dissonance cognitive ?

Pour Christophe, ces cinq ans sont l’objet d’amers regrets. Si le candidat s’était montré disruptif, le président est resté conservateur. À ceux qui l’imaginaient progressiste, Christophe rappelle le maintien voire renfort de mesures coercitives sur la consommation de cannabis et l’absence d’ouverture en faveur de la GPA. À ceux qui le pensaient girondin, Christophe rappelle la recentralisation de la fiscalité, notamment avec la suppression de la taxe d’habitation. À ceux qui le désignaient « start-uper », Christophe rappelle que la verticalité présidentielle n’a jamais été aussi forte en témoigne le Parlement rapporté à une chambre d’enregistrement. À ceux qui le dépeignaient meilleur garant de la démocratie libérale, Christophe rappelle l’affaiblissement des droits fondamentaux dès le mois d’octobre 2017 où une loi introduisait dans le droit commun des dispositions de l’état d’urgence contre le terrorisme de 2015.

« Si on imagine la France comme une “start-up nation”, on casse la verticalité du pouvoir et on rompt avec le paternalisme. »

Nouveau quinquennat, nouvelles espérances ? Cette fois-ci le programme est clair, il faut que rien ne change pour que …. rien ne change. Candidat à sa réélection, Emmanuel Macron ne s’est pas réinventé. Sur Cnews, le directeur de GenerationLibre regrette son manque d’ambition. Un exemple emblématique : la proposition du report de l’âge légal de la retraite à 65 ans qui marque même un recul par rapport au projet de réforme par points, plus matriciel, amorcé en 2019.

Pourtant Christophe est formel, des propositions pour un camp politique d’ « extrême-centre », il y’en a. À commencer par une décentralisation du pouvoir selon notre modèle de subsidiarité ascendante – un mouvement de décentralisation qui permette aux collectivités territoriales de s’autosaisir des compétences qu’elles souhaitent exercer et de prélever directement des impôts pour ce faire – que notre directeur rappelle dans l’émission. Au fil du commentaire de l’actualité, il revient sur d’autres de nos propositions emblématiques : dividende carbone, modèle de retraite sans âge légal de départ, prisons ouvertes, légalisation du cannabis … Sans être follement révolutionnaires, des changements de politiques publiques plus tranchés qui répondraient autant aux légitimes attentes des Français sur le pouvoir d’achat ou l’effectivité de la police comme de la justice.

Pour sortir de ce présidentialisme infantilisant, il faut réhabiliter un débat institutionnel entre forces politiques antagonistes qui représentent les diverses sensibilités des Français. Pour qu’advienne réellement la « start-up nation », il n’est pas tant besoin de gadgets démocratiques que d’une Assemblée nationale qui retrouve son pouvoir.


Pour revoir le passage de Christophe sur Cnews, cliquer ICI.

Pour lire le commentaire de Christophe dans Le Point, cliquer ICI.

Pour relire notre rapport, « Décentraliser par le principe de subsidiarité ascendante », cliquer ICI.

Pour relire notre rapport, « Fiscalité locale : Oser le pacte girondin », cliquer ICI.

 

Publié le 31/03/2022.

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