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[Lu ailleurs] Supprimer l’élection présidentielle

[Lu ailleurs] Supprimer l’élection présidentielle

Dans Libération, Frédéric Potier, essayiste et expert de la Fondation Jean-Jaurès, voit en l’élection présidentielle actuelle le talon d’Achille de la démocratie française. Il plaide pour un suffrage universel indirect et un avancement du calendrier législatif.

 

D’habitude, l’Allemagne est pour les élites françaises un modèle économique et industriel mais pour Frédéric Potier c’est d’abord un exemple démocratique. Comme dans la IVe République française, le Parlement y est un réel contre-pouvoir à qui appartient l’initiative des lois et dans lequel le président est relégué à une position symbolique.

Ce système est parfois considéré comme instable et faible face aux crises mais l’essayiste démonte cet argument en rappelant la solidité du gouvernement mené par Churchill en situation de guerre.

« En encourageant l’idée d’homme ou de femme providentielle tous les cinq ans, et en l’absence de contre-pouvoirs réels au Parlement, la personnalisation quasi messianique de la politique française ne peut susciter que déceptions et défiances à l’égard des représentants du peuple. »

À l’inverse, le système français est dominé par un hyperprésidentialisme, parfois qualifiée de monarchie républicaine, qui date de l’instauration du suffrage universel direct par le Général de Gaulle en 1962. Dès lors, il relègue le rôle démocratique du citoyen à un vote pour un candidat auquel il est obligé de faire confiance pendant 5 ans, avec des contre-pouvoirs qui n’ont jamais été aussi faibles que depuis l’instauration du quinquennat en 2001.

Comme remède à ce mal français, Frédéric Potier fait une double proposition : « revenir à une élection du président de la République par un corps électoral composé des élus de la nation » et faire « que les élections législatives interviennent désormais non pas juste après mais avant l’élection présidentielle ».

« La France renouerait alors avec sa tradition parlementariste, qui fut à l’origine – il n’est pas inutile de le rappeler – de nombreuses conquêtes sociales et de grandes avancées sur le plan des libertés publiques sous la IIIe et la IVe République. »

Ces mesures sont très simples à mettre en œuvre juridiquement, il suffit de revenir sur les articles 6 et 7 de la Constitution, modifiés en 1962 et sur « l’inversion du calendrier électoral instaurée par la loi du 16 mai 2001 ». Politiquement, c’est une autre affaire : il faut pour la première méthode obtenir l’aval du Sénat voire déclencher une procédure référendaire.

Surtout, il faut la volonté d’un candidat à la présidence de la République qui accepte de sacrifier son heure de gloire sur l’autel de la vertu démocratique. Reste à espérer qu’un candidat formule la proposition transgressive de mettre fin à notre présidentialisme, pour le bien de notre démocratie.

Il rejoint là les prises de position récentes de l’universitaire Michel Troper et du délégué général de l’UDI Éric Schahl. D’une certaine façon, Gaspard Koenig lui répond cette semaine dans Le Point en dessinant le portrait robot d’un président plus simple.


Pour lire la tribune de Frédéric Potier « Pour rompre avec la politique spectacle, supprimons l’élection présidentielle », cliquer ICI.

Pour lire l’article de Gaspard Koenig « Le président idéal ? Moderne, modeste », cliquer ICI.


Pour lire la tribune de Michel Troper « Gagner la présidentielle sans sacrifier au présidentialisme ? Embauchez une actrice ! », cliquer ICI.

Pour lire la tribune d’Éric Schahl « Supprimons la présidence de la République ! », cliquer ICI.

 

Publié le 29/10/2021.

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