
Dans The Conversation, notre expert Raul Magni-Berton analyse les raisons du désenchantement des Français pour les partis politiques.
Le parti politique est mort ! Vive le mouvement politique ! L’émiettement des partis et l’émergence des mouvements politiques ne doit rien au hasard. Dans l’hexagone, seuls 12% des Français déclarent avoir encore confiance dans les partis politiques. Si ce phénomène de méfiance à l’égard des partis se retrouve un peu partout sur le continent, il culmine en France. Comment l’expliquer ?
« Quand les partis cessent de se faire concurrence, nous sommes face à un risque d’oligarchie, où les principaux partis fixent ensemble les règles qui les avantagent. »
Pourtant défini par l’article 4 de la Constitution qui consacre la concurrence entre les partis politiques, le principe de représentativité de notre démocratie est aujourd’hui grippé. En effet, pour Raul, les partis politiques tendent à constituer une oligarchie politique où les arrangements partisans pour le maintien du statu-quo ont pris le pas sur la concurrence et la pluralité des offres.
Le concept de « parti-cartel », issu de la science politique (Richard S.Katz, Peter Mair), retrouve toute sa consistance à l’aune du cas français. Les partis politiques installés se coalisent et profitent du mode de financement institué ainsi que de l’immixtion du système électoral des primaires dans la compétition politique pour évincer les militants au profit des professionnels de la politique et des sympathisants.
« Le niveau de militantisme est étroitement corrélé à la confiance dans les partis politiques. »
La manière dont les partis politiques français sont financés avantage les formations installées, susceptibles d’obtenir de meilleurs résultats électoraux, donc de voir leurs frais engagés remboursés. A contrario, les partis émergeants, en déficit de notoriété, dépensent moins et sapent leurs chances de gagner en visibilité afin de participer pleinement à la compétition politique.
« L’absence de contact entre citoyens et partis politiques produit de la méfiance. »
Enfin, nouvelle ombre au tableau et spécificité française : les conditions de la participation à l’élection présidentielle. La France est le seul pays européen où un dispositif citoyen ne permet pas de parrainer les candidats putatifs à l’Elysée. De plus, les réformes successives (loi NOTRe, transparence des parrainages) ont accentué la pression sur la liberté de parrainage des maires.
Les maires, dont la plupart ne sont pas affiliés à des partis politiques, étaient les garants de la pluralité du système de parrainages. Privés de fiscalité locale, ceux-ci sont dépendants des collectivités territoriales dirigées par des exécutifs partisans et préfèrent s’auto-censurer que de perdre des subventions.
GenerationLibre plaide pour une liberté politique retrouvée. En ce sens, nous militons pour dé-présidentialiser la Ve République et accorder une pleine autonomie fiscale aux communes.
Pour lire l’article de The Conversation « Pourquoi parti politique est devenu une insulte », cliquer ICI.
Pour relire notre rapport, « Pour une autonomie fiscale des collectivités territoriales », cliquer ICI.
Pour relire notre rapport, « Décentraliser par le principe de subsidiarité ascendante », Cliquer ICI.
Publié le 08/03/2022.