
Christophe Seltzer reprend en main GenerationLibre avec de nouvelles ambitions en matière de publications et toujours la même énergie pour défendre notre libéralisme. Il nous livre son état d’esprit.
Après avoir animé Students for Liberty en France dès 2013, puis successivement occupé depuis 2017 les postes de community organizer et de directeur des relations publiques de GenerationLibre, me voilà à la tête de notre think-tank ! Je mesure la chance qui est la mienne de trouver un ascenseur social qui fonctionne encore.
Je veux remercier ici le conseil d’administration, présidé par Gaspard Koenig, de me faire confiance pour prendre les rênes d’une structure que je suis depuis les débuts. Le premier souci qui m’anime : préserver GenerationLibre dans son intention originelle, un laboratoire d’idées non partisan, dans son business model à nul autre pareil, sans argent public ni commande de grandes entreprises, et dans sa professionnalisation plus récente pilotée par Maxime Sbaihi.
Avec Kevin Brookes à la tête de la recherche et Mehdy Raïche aux manettes du développement, GenerationLibre dispose aujourd’hui d’une équipe prometteuse qui sait ce qu’elle doit au travail de salariés passionnés et compétents depuis 2013 – je pense à Delphine Granier, Gauvain Leclerc et Mathilde Broquet-Courboillet, sans qui la structure ne serait pas aussi solide.
« Au cœur de l’hiver idéologique du libéralisme, la mission du laboratoire d’idées GenerationLibre est de planter des graines pour l’avenir. Et chaque année, recommencer. »
L’idéal d’autonomie pour chacun porté par notre think-tank est tous les jours bien malmené au plan politique par des états d’urgence ou des lois qui rognent sur nos libertés publiques tandis que l’assignation aux origines ou le planisme écologique sont en vogue dans le débat public. Au cœur de l’hiver idéologique du libéralisme dépeint par le philosophe Michael Foessel dans la revue Esprit, la mission du laboratoire d’idées GenerationLibre est de planter des graines pour l’avenir. Et chaque année, recommencer. Cette tâche cyclique, entre l’ombre et la lumière, est au cœur de la vie des idées. Souvent discrètes quand elles naissent, ce sont bien les idées qui mènent le monde. Si le libéralisme ne se trouve presque jamais représenté par un parti politique en France, reconnaissons qu’il gagne plus ou moins imperceptiblement en Europe, sur le long terme, depuis plusieurs siècles. Il nous appartient, avec tous ceux qui nous soutiennent, followers, amis et donateurs que je remercie, de s’assurer que cet élan ne soit pas stoppé.
A l’approche de la nouvelle élection présidentielle qui accapare par trop les discussions et plus grave, les énergies, vous pouvez compter sur moi pour que notre think-tank continue à porter dans le débat public – à la croisée des mondes académique, politique, et médiatique, les idéaux et les propositions de politiques publiques qu’il cisèle depuis 2013. Il nous faut travailler sans relâche l’actualité de nos idéaux. Plus que jamais, nous avons besoin de nouveaux cadres pour que l’action des pouvoirs publics favorise ou ressuscite l’autonomie de l’individu, des organisations et des écosystèmes. Plus d’incitations que d’interdictions, moins de coercition et davantage de coopérations, de la mobilité choisie plutôt que des rentes subies, et l’assurance d’un filet de sécurité.
« Que nos experts économistes, philosophes ou historiens dialoguent ensemble pour faire éclore les idées qui seront dans toutes les têtes demain. »
Redonner le pouvoir aux individus, c’est ce que nous proposons avec notre réforme du système socio-fiscal aboutie (revenu universel), notre projet de rendre propriétaires de leurs données les internautes, ou notre modification du code général des collectivités territoriales pour livrer un véritable pouvoir politique acteurs locaux (décentralisation par la « subsidiarité ascendante », autonomie fiscale). Notre proposition de réforme des frais d’inscriptions à l’université, publiée en 2020, résume bien les diverses ambitions que nous nous efforçons de concilier dans nos travaux. Dans cette simple proposition, nous offrons tout à la fois le moyen de réduire la dépense publique, augmenter le budget d’établissements toujours publics mais désormais autonomes et en compétition entre eux, et restaurer l’égalité des chances puisque l’inscription se fait sans frais immédiats.
« Sans les textes de Raymond Aron dans Le Figaro, aurions-nous vu Mario Vargas Llosa passer du marxisme au libéralisme ? »
Pour l’année qui vient, j’ai comme ambition de permettre à GenerationLibre de publier encore davantage de petites notes d’analyse comme de grands rapports. Identité, wokisme, mondialisation, immigration : plusieurs nouveaux projets viennent tout juste d’être engagés. A partir de la fin de cette année, afin de faire émerger de nouvelles propositions, un conseil scientifique devrait être effectivement réuni une fois par trimestre. L’enjeu ? Que nos experts économistes, philosophes ou historiens dialoguent ensemble pour faire éclore les idées qui seront dans toutes les têtes demain. Mise à l’échelle du « Studio » vidéo, observatoires des libertés perdues et gagnées depuis quelques décennies, revue ou podcast : les autres grands projets pour le futur ne manquent pas. Ils viendront le temps venu, je l’espère, si la récolte est bonne.
« Je compte sur vous pour nous aider à planter des graines. »
Des idées pour la présidentielle, on en a. Et on en aura encore davantage à la veille du premier tour. Comment en finir avec la figure de l’hyper-président infantilisant et peu mature démocratiquement ? Nous tâcherons d’y répondre. Mais des idées, il en faudra pour après la présidentielle, et pour les suivantes. Et indépendamment de cette échéance électorale omniprésente.
Nous quantifions notre impact par le nombre de nos passages et reprises dans les media, la fréquentation de notre site internet, les rencontres avec les décideurs ou encore les évènements auxquels nous sommes invités. Mais la mesure décisive de notre influence ne peut être connue que le jour où, venu-e de nulle part, mais nous ayant lu depuis des années, une femme ou un homme émerge pour changer quelque chose politiquement ou dans la société civile. On en a déjà rencontré. Il en faudra d’autres encore à côté, et après, plus tard. De l’existence d’un think-tank visible dans les media dépendent les idées et les projets de demain. Sans les textes de Raymond Aron dans Le Figaro, aurions-nous vu Mario Vargas Llosa passer du marxisme au libéralisme ? Sans attendre, je compte sur vous pour nous aider à planter des graines.
Christophe Seltzer
Publié le 01/10/2021