Nos actus

Ukraine : contre le mal radical, le cosmopolitisme – Gaspard Koenig.

Ukraine : contre le mal radical, le cosmopolitisme – Gaspard Koenig.

Dans Les Echos, le fondateur de GenerationLibre, Gaspard Koenig, appelle à renouer avec le « cosmopolitisme » de Kant. Pour affronter les conflits entre États et le mal inhérent à l’humanité, le droit international et une société mondiale restent nos meilleures armes.

 

Comment réagir devant les horreurs de la guerre en Ukraine ? Quelle place occupe la morale dans ce conflit ? Existe-t-il un camp du bien, le nôtre, contre un camp du mal, celui de Poutine ? Pour répondre à ces questions, Gaspard se réfère aux postulats métaphysiques de Kant, qui substituent, aux réactions empruntes de passion, une analyse fondée sur la raison.

Gaspard nous prévient : ne tombons pas dans le piège d’une brutalité prétendument juste, menée au nom du Bien et dont les finalités se sont avérées bien souvent dévastatrices, en contradiction avec l’idéal comme l’objectif recherchés. Sur ce dernier point Gaspard mentionne le dernier roman de l’immortel et prix Nobel Mario Vargas Llosa sur les ravages causés par l’intervention américaine au Guatemala dans les années 1950.

 « Pour Joe Biden, Poutine est un « boucher » qu’il faut démettre de son pouvoir sans aucune autre forme de procès. Mais cette brutalité menée au nom du Bien a conduit tout au long du XXe siècle à de tragiques méprises (…) »

Afin d’éviter cet écueil, Gaspard invoque la philosophie d’Emmanuel Kant. En 1792, le philosophe de l’Aufklärung publie un essai sur le « mal radical » dans lequel il distingue trois façons d’interpréter ce phénomène. Premièrement, la fragilité de la nature humaine peut conduire à une escalade incontrôlée résultant sur la guerre. Deuxièmement, l’emploi de moyens immoraux à des fins jugées légitimes. Enfin, le mal consciemment utilisé avec nulle autre fin que lui même, que Kant nomme « mal radical ». Aux yeux de Gaspard, c’est dans cette troisième catégorie que se rangent les bombardements que la puissance russe opère sur les civils et les hôpitaux .

Nonobstant, pour Gaspard, ce jugement kantien nous appelle à nous situer au-dessus de la morale. Notre histoire n’est pas exempte de crimes effroyables commis à l’encontre d’une population étrangère en raison de son altérité. Si les actes de Poutine sont ignobles, il n’en reste pas moins un être doué de raison et pénalement responsable des dégâts qu’il engendre. Autrement dit, Poutine est un criminel certes, mais un criminel qui doit être traité comme tel d’un point de vue juridique et non psychologique, dans la lignée du libéralisme pénal de Beccaria dont se réclame GenerationLibre.

« De même que les êtres humains s’associent à travers le contrat social, les nations doivent entrer dans une société mondiale qui les discipline, au besoin par la force. Si la nature humaine est faillible, le droit international reste le meilleur correctif. »  

Dès lors, quel remède au mal radical ? Contre la théorie de la fin de l’histoire et la théodicée nord-américaine, Gaspard réhabilite la notion de cosmopolitisme définie par le philosophe allemand. Les États doivent s’insérer dans une société mondiale régie par le droit international. L’objectif : mettre fin aux règnes des grandes puissances qui déstabilisent le relatif équilibre mondial en agissant de façon unilatérale afin de converger vers un ordre multilatéral arbitré par des instances internationales.


Pour lire la chronique de Gaspard dans Les Echos, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Pour le développement des prisons ouvertes », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Europa : dépasser le nationalisme », cliquer ICI.

 

Publié le 30/03/2022.

Toute l'actu
Débats
Dossiers
Influence
Podcast
Presse
Rencontres
Tribunes
Vidéo
Charger + d'actu

S'inscrire à la Newsletter