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Radicalisme ou radicalité ? Pierre Mendès France contre Jean-Luc Mélenchon

Radicalisme ou radicalité ? Pierre Mendès France contre Jean-Luc Mélenchon

Dans Les Echos, Gaspard Koenig voit dans la radicalisme de Pierre Mendès France un cheminement politique à embrasser contre la radicalité de Jean-Luc Mélenchon. 

 

Faut-il voir la NUPES comme le mariage de la carpe et du lapin ? Voilà désormais quelques jours que tout le gratin médiatico-politique y va de son petit commentaire pour définir ce que certains jugent être une alliance contre-nature, d’autre un cartel électoral et d’autre encore une union politique. Le Parti Socialiste, traditionnel pôle magnétique de l’union, se serait soumis à la manière d’un récit houellebecquien aux chimères périlleuses de La France Insoumise. C’est bel et bien ce son de cloche quotidien qu’il faut atténuer selon Gaspard. En effet, les précédents accords de ce type réalisés sous l’égide du Parti socialiste, qu’il s’agisse du programme commun de 1972 ou de la gauche plurielle jospinienne de 1997, n’étaient pas exempts de propositions ô combien plus radicales – la rupture avec le capitalisme professée jadis par Mitterrand – ou du même acabit – la réforme des 35h impulsée par Martine Aubry avec Lionel Jospin.

Néanmoins, l’OPA mélenchonienne sur la gauche française n’est pas de manière à réjouir Gaspard qui rappelle à juste titre « le  jacobinisme de raison et le robespierrisme de coeur » du prétendant auto-déclaré à Matignon. Cependant, contre vents et marées, un parti politique français situé sur la rive gauche de notre échiquier politique refuse cette clause léonine : le Parti radical de gauche. Premier parti politique de l’histoire de France, le Parti radical s’est érodé électoralement à mesure que les assemblées parlementaires françaises ont cédé le pas à la prédominance du pouvoir exécutif. Alors que l’histoire du Parti radical sous la Ve République oscille entre les unions et scissions de ses différentes sensibilités (l’aile valoisienne de centre-droit et l’aile de centre-gauche), il existe présentement trois entités issue du Parti radical dans notre champ politique : le Mouvement radical, le Parti radical de gauche et le Parti radical.

« Ceux qui, à gauche, croient encore en la liberté individuelle et cherchent à forger une alternative au mélenchonisme, seraient donc bien inspirés de s’intéresser au radicalisme. » Gaspard Koenig.

N’enterrons pas les morts trop vite. Le Parti Radical a fourni à la pensée de gauche quelques figures qui méritent notre attention. Pour Gaspard, l’éphémère président du conseil de la IVe et héraut du parti susmentionné, Pierre Mendès-France, en est une. Gaspard loue en premier lieu sa philosophie politique, « responsable, progressiste, soucieuse des équilibres budgétaires et tournée vers la science ». Il n’est guère étonnant de voir Gaspard s’intéresser à PMF en raison des points d’accords intellectuels qu’il entretien avec lui. Leurs visions sur les institutions concordent. Comme le fait Gaspard aujourd’hui en dénonçant l’hyperprésidentialisation de notre régime, PMF avait lutté en son temps contre l’instauration de la Ve République voulue par le Général de Gaulle décriant dans « La République Moderne » – ouvrage paru en 1962, année d’introduction du suffrage universel pour l’élection présidentielle – que choisir un homme sur la seule base de ses supposées compétences ou de son charisme était une abdication pour le peuple à se gouverner par lui-même.

« Les comptes en désordre sont la marque des nations qui s’abandonnent. » Pierre Mendès France. 

Enfin, comme Gaspard, PMF dénonçait dans un accent « tocquevellien » les affres de la bureaucratie et de la technocratie en percevant dans ces deux phénomènes un « risque d’écrasement du citoyen ». Pour remédier au centralisme gaulliste, PMF dégageait une nouvelle perspective de « démocratie généralisée » consistant en l’instauration dans toutes les sphères de la société (assemblée locales dans les collectivités, démocratisation de la participation dans les entreprises ) d’une participation concertée entre tous les acteurs d’un système.

À la lumière du dernier ouvrage de Frédéric Potier « Pierre Mendès France, la foi démocratique », Gaspard perçoit dans l’oeuvre de PMF un projet politique dit de gauche aux aspirations européennes et décentralisatrices à opposer au centralisme planificateur de Jean-Luc Mélenchon.


Pour la chronique de Gaspard dans Les Echos, cliquer ICI.

 

Publié le 10/05/2022.

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