
Dans l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber soutient que la Maison du dessin de presse ne doit pas voir le jour si elle n’expose pas les 12 caricatures de Mahomet. Si elle ne doit pas être héroïsée, la liberté de blasphémer ne doit souffrir aucune exception pour autant.
Monique loue la volonté de saluer la tradition ancienne du dessin caricatural, fruit d’un « esprit français, mordant et parfois méchant » en matière d’humour, surtout aujourd’hui « où l’on tend à invoquer l’offense que peuvent causer des expressions transgressives pour mieux les censurer. »
Forme « d’expression artistique […] délibérément biaisée, exagérée, déformée », la caricature « n’affirme et ne démontre rien ». Son outrance n’a pas pour objectif d’argumenter en faveur d’une thèse mais de faire rire et susciter une réaction, ce qui fait qu’elle bénéficie d’une forme particulière d’impunité.
« Les caricatures n’affirment et ne démontrent rien. Elles ne sont ni un ensemble de thèses, ni une revendication. Elles recourent souvent à des stéréotypes et, pour faire rire et toucher juste, doivent être sans justice. »
La caricature est ainsi par nature « déplaisante et choquante ». Et même si personne ne souhaite voir l’objet de ses croyances moqué, ce processus fait partie même de la caricature. Et comme le rappelle Monique, la Révolution française a aboli le délit de blasphème et par là-même celui d’insulte à la religion. En revanche, insulter un individu en raison de sa croyance constitue une circonstance aggravante.
« L’insulte à la religion est à l’abri de toute poursuite pénale, le délit de blasphème ayant été aboli depuis la Déclaration des droits de l’homme. »
Monique comprend les inquiétudes des responsables du musée, qui redoutent que l’exposition des caricatures ne participe à l’accroissement des tensions. Mais pour elle, « la liberté de blasphémer est non contextuelle, soit elle est, soit elle n’est pas ». Ainsi la création d’une clause de protection à l’égard des musulmans en particulier serait antinomique avec un droit de blasphémer.
Monique conclut : « si la Maison du dessin de presse devait renoncer à montrer ces images [les caricatures de Mahomet], cela reviendrait à ouvrir un musée dont l’objet principal serait absent, à savoir la caricature religieuse moqueuse, choquante, mais permise, quelles que soient les réactions du public. Dans ce cas, il vaudrait mieux renoncer à ouvrir un tel musée. »
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Publié le 28/06/2023.