Nos actus

[Lu ailleurs] Le libéralisme n’est pas anti-social

[Lu ailleurs] Le libéralisme n’est pas anti-social

Dans Atlantico, l’économiste Pierre Bentata estime que le libéralisme, à rebours des préjugés qui l’opposent au social, est l’idéologie qui fait advenir dans les faits, les progrès sociaux.

 

Opposer la pensée libérale et la question sociale comme le font trop de commentateurs politiques de nos jours est un contresens historique selon Pierre Bentata. Avant de s’intéresser à l’économie, les libéraux se sont d’abord intéressés à conceptualiser l’émancipation des individus des tutelles politico-religieuses – du clergé et de la monarchie – en vertu de l’égalité entre les hommes.

« Les premiers philosophes à s’opposer à la colonisation, à l’esclavage, au servage, qui vont demander la légalisation des corporations, des syndicats, etc. ce sont toujours des libéraux. L’aspect social est fondamental dans la pensée libérale. »

Cet antagonisme absurde réside dans l’inculture française à l’endroit du libéralisme. En cause, des spécificités historiques nationales. Tout d’abord, la France est un pays davantage ancré dans la terre que tourné vers la mer. Pourtant, comme l’a théorisé Montesquieu, le commerce international n’est pas pensé par les libéraux à l’aune du profit et de l’enrichissement immodéré mais bien en tant qu’ouverture sur le monde, ouverture à l’altérité, dans une perspective d’apaisement des mœurs et de plus grande tolérance.

Le deuxième facteur explicatif ayant résulté sur cette fausse opposition se retrouve dans les conditions d’enseignements du libéralisme par les instances socialisatrices. À en juger par la consécration actuelle d’hussards noirs antilibéraux au sein de nos universités et dans nos grandes écoles, il n’est guère étonnant, pour Pierre Bentata, que le libéralisme soit frappé d’anathèmes. Avec son surgeon néolibéral, le libéralisme est associé dans l’univers mental français à l’égoïsme et la perfidie en dépit de ce qu’on bien pu écrire les philosophes libéraux français.

Personne n’a en mémoire que Jean Baptiste Say, penseur libéral, est le premier à avoir chiffré le coût de l’esclavage et démontré que la pratique s’avérait inefficace et mauvaise alors même que les arguments moraux les plus tenaces ne suffisaient pas à en faire cesser la pratique. Personne n’a en mémoire que Frédéric Bastiat est l’un des premiers à avoir défendu les pauvres gens. En somme, pour Pierre Bentata, « tout ce qui fonctionne dans le libéralisme, n’est pas du libéralisme et tout ce qui dysfonctionne est du libéralisme à combattre ».

« La création des institutions internationales, la levée des barrières douanières, la décolonisation, sont obtenues lorsque le monde entre dans cette période tant détestée qu’on appelle la globalisation. La conséquence de cela, c’est l’effondrement de l’appauvrissement, une croissance économique qui n’a jamais été aussi importante, c’est une amélioration de la santé, une facilitation de la vie des individus. Tels sont les résultats de la pensée libérale. »

Le nouveau clivage à l’œuvre est entre les partisans des Lumières et les anti-lumières, soit entre les libéraux et les collectivistes, ceux qui prônent l’ouverture et ceux qui se fourvoient dans la nation et la dénonciation calomnieuse du mythe global. Triste ironie de l’histoire que de voir les anti Lumières se prévaloir d’être les fers de lance de la pensée sociale.


Pour retrouver l’entretien dans Atlantico, cliquer ICI.

 

Publié le 24/04/2022.

Toute l'actu
Débats
Dossiers
Influence
Podcast
Presse
Rencontres
Tribunes
Vidéo
Charger + d'actu

S'inscrire à la Newsletter