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[Lu Ailleurs] : « La prohibition de la prostitution dessert les plus vulnérables. » Édouard Hesse

[Lu Ailleurs] : « La prohibition de la prostitution dessert les plus vulnérables. » Édouard Hesse

Dans Le Point, Édouard Hesse démontre que l’interdiction du travail du sexe ne l’empêche pas. Au contraire, elle est désastreuse aux plans sanitaire et économique pour les individus, à commencer par les plus vulnérables.

 

Le sujet du travail du sexe touche autant les pays développés que les pays en développement. Il divise entre ceux qui souhaitent légaliser cette activité pour protéger les droits des travailleuses et ceux qui veulent les sauver d’une exploitation scandaleuse en interdisant purement et simplement cette pratique. À l’appui d’une étude publiée par deux chercheuses en septembre 2020 dans le Quarterly Journal of Economics, Édouard Hesse analyse l’impact de la prohibition et de la légalisation dans les pays en développement.

« Les chercheuses prennent comme cas l’île de Java en Indonésie, où la prostitution devint soudainement illicite en 2014 dans le district de Malang dans l’est de l’île. Le reste des districts de l’île de Java ne furent pas affectés par cette prohibition, le travail sexuel y est donc resté toléré, ce qui fit d’eux des candidats idéaux pour contrôler les effets de la criminalisation dans le district de Malang. »

Édouard Hesse constate que, dans le district de l’île de Java où la prostitution a soudainement été déclarée illégale, la prohibition n’a eu aucun effet à long terme sur le marché de la prostitution. Si sa taille a baissé de 50% au cours de la première année de son interdiction, son importance reste la même cinq année plus tard. La répression policière n’a pas eu d’effets.

« Dans l’île de Java, la criminalisation du travail sexuel a mené à une augmentation de 27 points de pourcentage la probabilité pour les travailleuses du sexe d’être testées positivement d’une maladie sexuellement transmissible. »

En plus d’avoir échoué, la criminalisation de la prostitution a engendré de graves problèmes sanitaires. Édouard Hesse explique que la prohibition a impacté les conditions de travail des travailleuses du sexe : leur activité devient clandestine. La propagation des infections sexuellement transmissibles est la conséquence d’un manque d’accès au moyens de contraception tel que le préservatif (généralement distribué par des ONG qui ont accès au marché licite). Au final, le travail clandestin des travailleuses du sexe a augmenté la probabilité de transmission d’IST au sein de la population générale.

« L’augmentation de la prévalence des IST et le moindre usage du préservatif chez ces dernières mènent à une augmentation des contaminations chez leurs partenaires, leurs clients et les partenaires sexuels de ces clients. »

Enfin, la prohibition du travail du sexe entraîne des conséquences économiques catastrophiques. La majorité des femmes dont le métier est criminalisé rentrent dans leur village natal. Quand 28% d’entre-elles ne travaillent pas, les autres sont contraintes d’exercer des emplois peu qualifiés où les revenus sont insuffisants pour financer leur quotidien. Comble de la situation : de nombreux enfants doivent travailler pour compléter les revenus du foyer.


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Publié le 22/07/2021.

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