
Au micro de la radio belge RTBF, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou se félicite de l’avancée de nos voisins allemands vers la légalisation du cannabis. La France, bientôt cernée, saura-t-elle trouver la voie de la raison (libérale) ?
L’Allemagne veut instaurer des « cannabis social club », c’est-à-dire des lieux de pratique collective de l’auto-culture. Il s’agit en réalité d’un pas de plus vers l’objectif réel : la mise en place d’un modèle plus industriel comme aux États-Unis ou au Canada. L’Allemagne (tout comme les Pays-Bas et le Danemark) a d’ailleurs inscrit dans son projet de loi une expérimentation de ce mode de consommation. Néanmoins, la Commission européenne y est fermement opposée, au nom du droit communautaire et international. Sacha espère que cette décision allemande fera avancer le débat en Europe.
À visée avant tout sanitaire et sécuritaire, ce modèle industriel ferait reculer le crime organisé et le trafic de stupéfiants. En effet, le prix de vente devrait concurrencer le prix du marché noir. Sacha rappelle donc que les pays ayant mis en place ce genre de réformes se sont vus améliorer leur sécurité ainsi que leur qualité de santé publique. Quant aux jeunes (18-21 ans), il apparaît nécessaire de les protéger car on estime que leur cerveau est encore en formation jusqu’aux 25 ans. Pourtant on s’aperçoit que les jeunes fument plus, et ce, de plus en plus tôt. Il faut donc limiter leur accès au cannabis (autorisation de 30g par mois). La limitation est aussi valable pour les adultes, car ces cannabis social club vont permettre d’apporter des moyens de contrôle à cette culture (exigeante) du cannabis et au respect des bonnes pratiques. Il s’agit là du principal enjeu de cette réforme sur le plan sanitaire.
Sacha se penche aussi sur les conventions internationales qui entourent la consommation de cannabis, notamment la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. À la suite de la Guerre de l’Opium, les États-Unis ont connu un tournant puritain et ont été les instigateurs de cette convention. L’Union européenne avait ainsi calqué les obligations internationales de ses membres sur cette convention par une décision du Conseil en 2014. Ainsi, le droit prévoit que les États membres se doivent de réprimer les trafics de stupéfiants, mais cette convention prévoit aussi une exception concernant l’auto-culture. Le droit international étant souvent une question de rapport de force, les interprétations des conventions sont multiples. Ainsi, Sacha nous explique que même si la convention interdit de fait le modèle industriel, cette interdiction n’est pas vraiment explicite et visait initialement avant tout à marginaliser les pays producteurs (Afghanistan, Colombie…).
Aux yeux de Sacha, la France risque d’être confrontée à un problème de taille à l’avenir car nombre de ses voisins vont légaliser le cannabis récréatif. D’ici cinq ans, nous serons cernés de pays qui auront avancé vers la voie de la légalisation car il s’agit d’une tendance de fond pour tous les membres de l’Union européenne. Pourtant, le journaliste qui interroge Sacha s’inquiète de certaines dérives et le questionne sur l’« effet d’aubaine » à la suite de la légalisation, notamment pour la consommation d’autres drogues. Sacha est plutôt optimiste car une étude menée dans l’État de Washington a montré la diminution générale de la consommation d’autres substances lorsque le cannabis était autorisé.
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Publié le 02/10/2023.