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La « France périphérique », un mythe ?

La « France périphérique », un mythe ?

Dans The Conversation, Kevin Brookes oppose, à la notion de « France périphérique », trois ‘France’ (urbaine, péri-urbaine et rurale) moins fracturées économiquement et socialement.

 

En 2014, le sociologue Christophe Guilluy théorisait « la France périphérique » dans un essai éponyme pour décrire les effets nuisibles de la mondialisation sur les territoires, tout particulièrement dans les zones péri-urbaines. Kevin développe ici une analyse chiffrée de la réalité politico-économique de la France, qu’il subdivise en trois catégories à partir de la typologie de l’Insee.

« Les métropoles contribuent plus au budget de l’Etat qu’elles ne reçoivent et inversement les territoires ruraux sont de nets bénéficiaires de l’argent public. »

Kevin croise les données des trois espaces que sont la zone urbaine, les espaces ruraux dépendants d’un pôle d’emploi et les espaces ruraux autonomes. D’un côté, il dégage une tendance politique : lors de la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen a été distancée par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon dans les espaces urbains mais s’est imposée partout ailleurs. De l’autre, il montre chiffres à l’appui que si le niveau du revenu médian décroche dans les zones rurales autonomes, celui-ci est sensiblement le même entre zones urbaines et péri-urbaines.

« De manière générale, ce ne sont pas les espaces où le RN a fait son meilleur score (péri-urbanité) que la situation économique et sociale est la plus dégradée. »

S’ajoutent à cela les taux de chômage et de familles monoparentales – deux indicateurs de précarité – qui sont tous deux plus élevés en zone urbaine. L’analyse chiffrée de Kevin permet de relativiser l’opposition entre une France des villes, qui privilégie de retombées économiques au détriment d’une France périphérique, abandonnée par l’Etat. Il cherche à expliquer l’origine du mouvement des gilets jaunes qui a su mobiliser des dizaines de milliers de citoyens de ladite France périphérique, alors que l’hypothèse d’un déclassement économique n’est pas avérée.

« La ‘politique du ressentiment’ [théorisée par Katherine Cramer] prend quatre formes : la conscience d’appartenir à un lieu de vie spécifique et distinct des autres, le sentiment d’être moins bien doté en ressources publiques que les autres, d’avoir moins d’attention de la part des décideurs politiques, et de ressentir que son mode de vie n’est pas respecté par les élites urbaines. »

Kevin se rapporte aux travaux de Katherine Cramer, professeur de sciences politiques à l’Université du Wisconsin, qui identifie une grande importance des affects dans la polarisation entre électeurs urbains et ruraux, au sein de son Etat. Et si les Français ruraux avaient eux aussi développé un scepticisme vis-à-vis de leurs concitoyens urbains et de l’Etat dont ils se sentent exclus ? GenerationLibre propose de rendre le pouvoir de décision aux collectivités, et en particulier au plus petit échelon qu’est la commune, en mettant en œuvre le principe de la subsidiarité ascendante.


Pour lire l’article de Kevin dans The Conversation, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Le pouvoir aux communes », cliquer ICI.

 

Publié le 08/12/2022.

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