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La fin de l’ère pavillonnaire ? – Gaspard Koenig

La fin de l’ère pavillonnaire ? – Gaspard Koenig

Dans Les Echos, Gaspard Koenig voit dans la crise qui touche l’habitat pavillonnaire un moyen de repenser notre rapport au logement. Il rejoint les conclusions de notre expert François-Xavier Oliveau pour rénover et remettre les logements vacants sur le marché locatif.

 

Avec la liquidation annoncée de Maison Phénix, c’est une page de notre rapport à l’habitat qui est en train de se tourner. Pionnier et leader français des maisons préfabriquées, l’entreprise créée par l’ingénieur André Pux au sortir de la seconde guerre mondiale s’était donnée pour mission de participer à la reconstruction du pays en abondant la France de logements à bas-coûts. On dénombre en France 200 000 maisons bâties par l’entreprises sans compter celles inspirées du procédé conçue par cette dernière (l’utilisation de matériaux fabriqués en usine).

Dans le même temps, la fédération française du bâtiment constate que les ventes de maisons individuelles ont baissé de 25%. Conjoint, ces deux phénomènes révèlent une crise peu médiatisée : celle de notre rapport à l’habitat. Comme l’explicite Gaspard, le philosophe Martin Heddeiger opérait en 1951 une distinction importante entre le bâtir et l’habiter. Lorsque le premier suppose seulement la construction d’un toit pour se prémunir des aléas du dehors, le second implique une relation métaphysique à l’espace, « une forme d’imbrication entre soi et le monde ».

« L’homo pavillonus ne connaît pas les chemins, parce qu’il ne sait pas où il habite. Il a justé été posé là, apatride de l’intérieur. »

De son point de vue libéral, il semblerait paradoxal pour Gaspard de reprocher aux individus de la classe moyenne de vouloir bâtir des maisons individuelles. Pourtant, l’examen des faits le pousse à reconsidérer ce jugement. En réalité, plus qu’une préférence des consommateurs révélée par le marché, la flopée de maisons pavillonnaire que connaît la France semble avoir été décidée d’en haut dans un dessein coordonné entre les pouvoirs publics et les industriels du secteur. Cette thèse est défendue par le sociologue Pierre Bourdieu dans « Les Structures sociales de l’économie », ouvrage dans lequel l’auteur montre les mécanismes déployés dans le Val-d’Oise afin d’inciter les gens à l’achat de ce type de bien.

Pour Gaspard, l’homogénéisation du bâti détruit « le sentiment d’appartenance à un territoire en même temps qu’il affaiblit le lien social entre les individus ». Comme l’appelait de ses vœux le philosophe britannique libéral-conservateur Roger Scruton, Gaspard invite à remettre de l’esthétisme au cœur des politiques publiques du logement et de l’urbanisme.

« Pour répondre à l’exigence de sobriété autant qu’au besoin de culture locale, il est temps de passer, dans le domaine du logement, de l’industrialisation au recyclage. »

Dans un pays où l’INSEE compte près de trois millions de logements vacants et où les individus s’agrègent en périphérie des villes en raison de centre villes devenus inaccessibles, il est impératif pour Gaspard de renouer ce lien d’antan avec la pierre et de privilégier la réhabilitation de l’ancien plutôt que de se lancer dans la construction de logements neufs.

Dans notre rapport « Le logement pour tous » rédigé par notre expert François-Xavier Oliveau, nous proposons de réorganiser les politiques publiques de l’habitat autour du triptyque : libérer, inciter, protéger, afin de redynamiser un marché du logement actuellement sclérosé. Notre rapport préconise la mise en place d’un nouveau type de bail.  Celui-ci s’appuie sur la liberté mutuelle à contracter du locataire et du propriétaire, en s’affranchissant des contraintes multiples des baux actuels. Ce bail « médié » comprend une double protection : le locataire dans l’incapacité de payer son loyer peut se mettre s’il le souhaite sous la protection de l’État, le propriétaire peut reprendre immédiatement l’usage de son bien si son locataire est solvable ou ne souhaite pas bénéficier de la protection de l’État, été comme hiver. La fiscalité du logement est refondue afin de peser uniquement sur l’usufruit, et non sur l’usage. L’imposition sur les loyers perçus et la TVA sur les travaux est ainsi supprimée, et ses recettes compensées par la suppression de niches fiscales ; les impôts locaux (taxe d’habitation, droit de mutation à titre onéreux) disparaissent également, leurs revenus étant répartis sur la taxe foncière ou neutralisés par des économies de fonctionnement des collectivités.


Pour lire la chronique  de Gaspard, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Le logement pour tous », cliquer ICI.

 

Publié le 21/07/2022.

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