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Fonctionnaires, libérez vous ! – Gaspard Koenig

Fonctionnaires, libérez vous ! – Gaspard Koenig

Dans Les Echos, Gaspard Koenig voit dans la résistance aux réformes de la fonction publique la marque de notre dépendance mentale à l’État. Pour en sortir, il plaide pour que l’individu prime sur son statut.

 

Panique à bord du vaisseau étatique ! Du corps diplomatique en passant par les premiers pensionnaires de l’Institut national du service publique jusqu’aux enseignants, un vent de protestation souffle contre les réformes engagées qui visent à transformer le statut de la fonction publique. Les appels à la grève se multiplient de la part des agents de l’État. Mais quels en sont les ressorts ?

Au quai d’Orsay, les diplomates dénoncent la suppression de deux grands corps d’État : les conseillers des affaires étrangères et les ministres plénipotentiaires. Les néo-énarques s’insurgent contre la suppression du classement de sortie qui définit leurs affectations dans les administrations et les enseignants craignent l’autonomie conférée aux chefs d’établissements sur le recrutement et dans la conduite de projets pédagogiques.

« Depuis l’après-guerre l’État a recréé en son sein, avec son système rigide de concours, de grades et de point d’indices, une société d’ordres où chacun se voit attribuer un rang définitif. »

Gaspard ironise sur les actuels et futurs hauts-fonctionnaires qui louent la concurrence mais refusent de se la voir appliquée. Il se demande combien de temps encore les professeurs préféreront voir leurs affectations se faire dans des bureaux parisiens selon la rigidité d’un système basé sur un nombre de points acquis par l’ancienneté et une situation familiale spécifique.

Toute remise en question du statut de la fonction publique dans notre pays engendre, selon Gaspard, une réaction épidémique. Hauts fonctionnaires et fonctionnaires de terrain, main dans la main, désignent le vil ennemi libéral comme instigateur de ce grand chambardement. Pourtant à y regarder de plus près, dans le cas des professeurs, les statuts différenciés qui immobilisent les perspectives professionnelles existent déjà. Les agrégés côtoient les profs titulaires et les contractuels. La tâche y est la même mais le salaire et les conditions de vies sont sensiblement différents.

« On entend souvent que la tâche des fonctionnaires est de servir l’État. La formule révèle nos pires tropismes, notre adoration collective du Léviathan. Les fonctionnaires ne doivent pas servir l’État mais les citoyens. »

Gaspard appelle à ne pas se fourvoyer dans l’aboiement pavlovien qui hurle libéralisme à tout va. Pour lui, l’individu doit primer sur le statut, le libéralisme dont se réclame Gaspard n’entend pas abandonner le service public. Au contraire, il veut le libérer de ses jougs administratif et kafkaïen tout en conservant, lorsqu’il s’agit de l’école, les principes fondamentaux que sont la gratuité et la mixité. Gaspard rappelle que Stuart Mill ne professait rien d’autre en appelant de ses vœux « une école universelle qui ne soit pas uniforme ». Tout en conservant le cadre du droit du travail, enseignants et néo-énarques seraient à même de postuler dans les établissements, pour les uns, administrations, pour les autres, de leurs choix au gré des opportunités qui s’offrent à eux.

Le même souci d’efficacité et d’initiative qui a conduit à l’instauration du statut de la fonction publique plaide aujourd’hui pour sa disparition. Trente ans après, il ne reste plus grand-chose de la conception originelle et très spécifique de la fonction publique portée par le statut de 1946. Il est urgent de réduire les effectifs et d’améliorer la gestion des ressources humaines dans le service public. C’est pourquoi nous proposons, dans notre rapport « Servir l’État demain », de supprimer le statut général. Cela conduirait à la suppression du recrutement sur concours au profit de formes d’embauches plus standard, et à la disparition des « corps », remplacés par des filières professionnelles plus flexibles. Le temps de la réforme de la fonction publique en France est venu. Face à une échéance incontournable, elle illustre le champ des possibles pour un débat éclairé. A chacun de faire son choix pour conduire une réforme trop longtemps repoussée.


Pour lire la chronique de Gaspard dans Les Echos, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Servir l’État demain », cliquer ICI.

 

Publié le 8/06/2022.

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