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De l’autonomie pour l’Éducation nationale

De l’autonomie pour l’Éducation nationale

Ce lundi 25 juillet, l’Opinion consacre sa Une à notre nouveau rapport, signé Monique Canto-Sperber, qui propose d’insuffler de l’autonomie dans l’éducation nationale. 

 

Le système éducatif français à des allures de colosse aux pieds d’argile. Dans un pays qui a fait de l’éducation le premier levier de l’émancipation des citoyens, force est de constater que la mécanique est grippée. Les métiers de l’enseignement n’attirent plus, les chefs d’établissements sont sous-payés et sous-formés par rapport à leurs collègues européens et les études PISA révèlent qu’à rebours des principes assignés à l’éducation – au premier rang desquels figure l’égalité – notre système éducatif est l’un des plus inégalitaire d’Europe entre les élèves issus de milieux sociaux favorisés et défavorisés.

S’intéressant aux questions éducatives depuis plus de vingt ans, l’ancienne directrice de l’ENS s’est donnée pour mission, dans notre nouveau rapport, de briser un tabou français en posant la question de l’autonomie des établissements scolaires publics. S’il est vrai que notre culture commune est faite d’« emphase républicaine » avec un « goût prononcé pour l’égalité », l’autonomie que promeut Monique Canto-Sperber ne s’y oppose pas et vise au contraire à renforcer la dimension égalitaire de l’école républicaine. Car en réalité, un système qui se voudrait véritablement égalitaire ne se soucierait pas de défendre l’atavisme d’une pédagogie nationalement partagée mais chercherait à résorber la dégradation du niveau des élèves ainsi qu’à mettre fin à la persistance de fortes inégalités sociales.

« J’ai pris la mesure du fait que depuis vingt ans, le terme « autonomie » était présent dans la quasi- totalité des textes de lois mais sans être présenté comme un principe de l’organisation scolaire. Ces recommandations sont restées sans effet, comme si manquait la volonté politique. »

En étudiant les occurrences du principe d’autonomie dans notre histoire contemporaine de l’éducation, Monique se dit surprise d’avoir constaté que d’illustres figures politiques de la fin du XIXe siècle comme Léon Bourgeois et Jules Simon défendaient ce principe pour l’organisation scolaire du pays. Selon Monique, tous deux avaient compris la possibilité de concilier une organisation libérale de l’éducation avec le principe d’émancipation dévolu à l’école. S’il est, comme le rappelle Monique dans le rapport, du devoir de l’État de s’assurer que l’éducation soit « obligatoire, laïque et gratuite, le socle du pacte civil et la condition de l’émancipation des citoyens à l’égard de toute tutelle religieuse ou identitaire », nul besoin pour lui d’assurer directement la gestion de tous les établissements scolaires publics du pays.

Si elle salue l’expérience marseillaise d’accorder une forme d’autonomie à une soixantaine d’établissements scolaires, Monique conçoit cependant une autonomie plus élargie incluant la pédagogie. Pour l’ancienne directrice de l’ENS, l’autonomie est la clé pour résoudre la crise des vocations qui touche les métiers de l’enseignement en revalorisant la profession et en dispensant des formations régulières aux enseignants (domaine dans lequel la France figure en bas du classement des pays de l’OCDE).

« Il y aura des écoles « autonomes » publiques et d’autres restées dans le système actuel. Cela créera un peu d’émulation. Le paysage d’ensemble ne changera pas fondamentalement. »

Bien sûr, Monique anticipe les sempiternelles oppositions exprimées contre l’autonomie scolaire : marchandisation et privatisation de l’éducation, immixtion du dogmatisme religieux, anarchie pédagogique et professeurs tire-au-flanc. Comme le veut l’adage, on ne juge pas un livre à sa couverture ! Dans notre rapport, Monique étudie et analyse les politiques publiques en matière d’éducation menées dans trois pays : Suède, Angleterre et États-Unis. S’inspirant des éléments encourageants comme l’amélioration du niveau scolaire des élèves défavorisés aux États-Unis et en Angleterre, la chercheur pointe également les manqués comme la gestion de certains établissements scolaires en Suède par des acteurs privés dans le but de réaliser des profits.

En accord avec la tradition républicaine française, GenerationLibre propose de permettre aux établissements scolaires publics, de la maternelle au lycée, de s’autonomiser en nouant un contrat d’objectifs avec l’État et les collectivités territoriales. Le contrat est le texte fondateur présentant les éléments qui justifient l’autonomie, ses objectifs et sa stratégie pour y parvenir. Le contrat devra prendre en compte les spécificités sociales, économiques, démographiques, culturelles, voire linguistiques de l’environnement au sein duquel évolue l’établissement. Il s’agirait donc d’accorder une plus large autonomie de gestion, financière et pédagogique, tout en maintenant une place essentielle à l’État dans la conclusion de ces contrats, ainsi qu’à la sanction de leur non-respect.


Pour lire la Une de l’Opinion consacrée à notre rapport, cliquer ICI.

Pour lire l’entretien de Monique Canto-Sperber dans L’Opinion, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport  « Un contrat pour les établissements scolaires », cliquer ICI.

 

Publié le 27/07/2022.

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