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Cannabis : prévenir plutôt que sévir

Cannabis : prévenir plutôt que sévir

Devant l’augmentation du nombre de consommateurs de cannabis, les propositions fumeuses ne manquent pas. Adoptée le 23 novembre 2018 en première lecture à l’Assemblée Nationale, la création d’une amende forfaitaire de 200 euros en sanctionnant la possession vient désormais raviver le débat.

 

Les chiffres sont édifiants, nous dit-on. D’après les résultats récemment publiés par l’OFDT et Santé publique France, le taux d’expérimentation est passé de 12,7 % en 1992 à 44,8 % en 2017. La consommation régulière (10 usages ou plus durant le dernier mois) a quant à elle aussi progressé, s’élevant à 3,6 % en 2017 contre seulement 1,9% en 2000. Cette hausse, constante depuis presque trois décennies, semble donc poser la question de l’efficacité des politiques actuelles.

Si les mesures punitives abondent, la légalisation reste encore un sujet tabou. Les chiffres là aussi sont pourtant révélateurs. Dans un rapport daté du 4 avril 2018, Génération Libre souligne que la probabilité de transition vers des troubles addictifs ne demeure, pour le cannabis, que de 8,9 %, là où, pour l’alcool et le tabac, celle-ci est respectivement de 22,7 % et 67,5 %.

A la lumière de ces statistiques, une conclusion s’impose : en plus d’être inutile d’un point de vue juridique, la prohibition paraît même éthiquement injustifiable. Comment alors procéder afin de limiter les dangers liés à la consommation, tout en assurant aux individus une double liberté d’achat et d’accès à des soins adaptés ? Notre rapport (lire ICI) évoque deux pistes : d’abord, une légalisation soumise à un monopole d’État sur la distribution et la production, proposée par Francis Caballero, ensuite, une légalisation par le marché, soutenue par Gaspard Koenig et notre think-tank.

S’appuyant sur le rapport de Génération Libre, Miguel Ouellette cite, dans un article pour Contrepoints (lire ICI), l’exemple du Québec et tranche en faveur de la deuxième solution. Le monopole d’État, loin d’étouffer le marché noir, stimule au contraire celui-ci, nous apprend-il en effet – la Société Québécoise Du Cannabis (SQDC) était ainsi en rupture de stock dès la première journée d’opération, forçant les usagers à se rabattre sur le commerce souterrain.

Les promesses d’un marché ouvert sont, par opposition, multiples et alléchantes : diminution des risques due à une meilleure traçabilité des produits, émergence de structures d’encadrement non coercitives ou même simplement, formation d’un secteur dynamique, novateur et extrêmement rentable.

Pour certains, la légalisation du cannabis constitue un saut dans l’inconnu ; pour Génération Libre, elle n’est qu’un petit pas vers un traitement plus humain d’un phénomène en pleine expansion. Mieux vaut prévenir que sévir, conclurons-nous, en annonçant un futur rapport étendant nos interrogations à l’ensemble des stupéfiants.


Pour lire notre rapport « Légaliser le cannabis», cliquer ICI.

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