
Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou s’inquiète que l’interdiction de l’abaya abîme la liberté sans pour autant contrer le développement du fondamentalisme islamique.
Peu de libéraux se sont attaqués à la question épineuse de l’interdiction des abayas à l’école. Pour Sacha, les comportements individuels (ici le port de l’abaya) ne représentent pas une menace à notre République et ses valeurs. Il explique que la laïcité relève d’un « état d’esprit » et ne se réduit pas à une succession de lois, parfois perçues comme de réelles persécutions, qui vont à l’encontre de notre modèle libéral.
« On peut douter du fait que le port d’un voile ou d’une abaya par un ou des élèves soient de nature à influencer ses camarades, ou même à nuire à l’enseignement, dont la dégradation est une vraie préoccupation pour tous les parents. »
Sacha s’inquiète principalement du risque d’arbitraire dans cette décision d’interdire l’abaya. En effet, comment distinguer une simple robe longue commercialisée par les grandes firmes occidentales, d’une abaya importée du Golfe ? Le critère d’appréciation relèvera donc automatiquement du « préjugé » du corps enseignant et donc, de critères purement arbitraires liés au profil des jeunes femmes qui la portent. En qualité de libéral engagé, Sacha refuse d’accorder une légitimité à cette interdiction au nom de la laïcité, puisqu’elle « vise en réalité à lutter contre une expression culturelle, ce à quoi les libéraux complets ne pourront pas se résoudre ».
« Avec l’abaya, le risque d’arbitraire est plus présent que jamais. (…) Faudra-t-il aller jusqu’à interdire la pudeur ? »
S’il ne s’oppose pas au port de l’abaya, sous quelque motif que ce soit (par foi ou par pudeur), Sacha appelle à recentrer le débat sur la lutte contre le fondamentalisme. Il s’agit bien évidemment du combat principal que nous devons mener, sans accuser les jeunes filles portant l’abaya d’en faire partie mais en les protégeant d’une « stratégie de subversion de la démocratie libérale par des mouvances fréristes ou fondamentalistes » dont elles sont parfois les instruments.
« Si l’islamisme s’accommode de la démocratie libérale tant qu’il peut retourner ses armes contre elle, elle n’a survécu nulle part où il a dominé. »
Sacha s’inquiète comme nous tous de la progression du fondamentalisme religieux, qui lui, met en danger notre modèle de démocratie libérale. Il appelle donc à proposer d’autres solutions, plus respectueuses de notre doctrine, qui viseraient à lutter contre l’extrémisme et ne seraient pas inscrites dans une simple « guerre culturelle ». L’objectif est de lutter contre « tout mouvement identitaire » opposé à nos valeurs démocratiques.
« Ce jeu de rapport de force entre les provocations islamistes et les interventions législatives ne résoudra rien. (…) Par ailleurs, combattre les manifestations religieuses, c’est ne s’attaquer qu’aux symptômes. »
Le fondamentalisme ne pouvant être combattu par la loi, Sacha rappelle l’importance de défendre notre démocratie face à un « front anti-occidental ». Il faut renforcer notre discours occidental afin de rendre notre modèle « désirable et fédérateur ».
« Nous devons réenchanter l’idée de la liberté comme source de progrès social et humain, faire entendre que la liberté individuelle n’est pas un déracinement mais la possibilité de revendiquer des racines complexes et entremêlées pour se soustraire au conformisme du clan. »
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Publié le 15/09/2023.