Lutte contre l’antisémitisme : le retour de la Loi des suspects ?

Dans une tribune pour Contrepoints, notre chercheuse associée Loriane Lafont s’élève contre la police des opinions et défend les principes portés par Benjamin Constant pour renouer avec la liberté d’expression.  

 

Dans le cadre du conflit israélo-palestinien et du combat contre l’antisémitisme, Loriane dénonce le climat ambiant de suspicion qui règne dans le débat public à l’égard de ceux qui ne prennent pas publiquement position.

Elle rappelle que la lutte contre l’antisémitisme est une liberté et non une obligation et dénonce la chasse aux sorcières contre ceux qui font le choix du silence.

« On ne peut criminaliser le non-dit ; le silence ne peut devenir suspect. »

 

Aussi, elle s’inquiète d’un espace public au sein duquel chacun devrait justifier ses opinions et apporter la démonstration de leur moralité.

Dès lors, il convient d’affirmer, selon elle, un triptyque de principes libéraux : liberté d’expression, pluralité des opinions, liberté de manifester. Pour Loriane, la liberté d’expression implique le désaccord ou le choix volontaire du silence tandis que faire la chasse aux opinions exprimées ou tues relève de la censure, sinon de l’Inquisition.

De plus, Loriane juge essentiel de se référer aux principes énoncés par Benjamin Constant pour garantir le respect des libertés publiques et pour lutter contre les risques d’une « surveillance généralisée » menée au nom de combats légitimes tels que la lutte contre l’antisémitisme.

« Chercher la faille, le propos incomplet, la citation imprécise et l’on a tous les ingrédients d’une néo-police de la pensée qui contrevient en tout à l’esprit d’une démocratie saine et vivante. »

 

En outre, il faut veiller à ce que la liberté d’expression ne soit pas gangrenée par l’auto-censure, par une moralisation des opinions ou par la domination de la police de la pensée.

Se fondant sur la théorie de Benjamin Constant, Loriane estime donc que le rôle du citoyen est fondamental et identique à celui d’un ministre dans « la qualité des interaction publiques ».

Contre l’interdiction de l’expression de certaines opinions, Loriane préfère le goût de la contradiction et de la pluralité des opinions qui relèvent, pour une large part, de la responsabilité des médias.

« Qu’on ne vive pas dans un État totalitaire est toujours l’affaire de tous. »

 


Pour lire la tribune de Loriane, cliquer ICI.

 

Publié le 17/11/2023.

Décentralisons le quotidien

Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou appelle à revitaliser le compromis démocratique en octroyant plus de liberté et d’autonomie aux acteurs locaux. 

 

L’une de nos avenues les plus célèbres au monde, la Promenade des Anglais à Nice, est en proie à la circulation incessante de poids lourds (jusqu’à 1800 par jour selon les chiffres de la Mairie). En provenance de toute la métropole, ces convois nuisent au bien-être des riverains ainsi qu’à celui des touristes. Les Niçois sont les « victimes des externalités négatives du commerce transfrontalier ». Malheureusement, ils ne bénéficient pas du même traitement de faveur que les Parisiens. C’est du moins ce qu’estime Sacha, qui n’imagine pas l’Avenue Montaigne bloquée par un convoi exceptionnel de camions. 

La ville de Nice n’est pas en cause puisqu’elle a pris la décision d’habiliter seulement les poids lourds de Crit’Air 1 et 2, mais le ministère des Transports a fermé les yeux sur cette décision et catégorise désormais la Promenade des Anglais comme « une route à grande circulation ». Ainsi, l’économie nationale apparaît primer sur le quotidien des Niçois. Une fois de plus, cette problématique « hyper locale » ne devrait pas être traitée par le ministère des Transports, organe centralisateur bien trop affairé par des questions d’enjeu national. 

« Les Parisiens ont la chance d’avoir le Gouvernement à portée d’engueulade, pas les Niçois. »

 

Sacha appelle donc à « revitaliser la démocratie locale » ! Il est plus qu’urgent de recréer un lien étroit entre les élus et les citoyens, un lien d’écoute et de confiance, mais avant tout un lien de liberté. Car pour Sacha, la liberté des collectivités prend sa source dans la décentralisation. Il faut inclure les citoyens dans la prise de décisions qui les impactent au quotidien. Pour ce faire, il appelle à donner plus de pouvoir aux collectivités territoriales.

Les nombreux actes de décentralisation n’ont pas suffi. Les collectivités territoriales ne disposent d’à peu près aucune autonomie budgétaire et l’État ne leur a octroyé que des « compétences résiduelles qu’il ne voulait plus voir apparaître à son budget ». L’État doit impérativement se désengager de certaines compétences et les déléguer aux acteurs locaux s’ils sont plus aptes à les exercer afin de se concentrer sur ses missions régaliennes. 

« La décentralisation, ce n’est pas l’indépendance, mais c’est tout au moins une forme de liberté des collectivités. Or, cette liberté des collectivités n’existe pas en France en dépit des prétendues lois décentralisatrices. »

 

Pour Sacha, une répartition plus claire des compétences ne suffit pas, il faut plus de compromis dans le débat local. Il appelle à « élargir la clause de compétence générale » des collectivités, tout en excluant les compétences exclusives des autres échelons. Néanmoins, si la décision locale porte atteinte à l’ordre public, l’État serait alors à même de saisir la justice administrative. 

« Pour recréer de l’appétence pour le consensus, revitalisons la démocratie locale ! »

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Le pouvoir aux communes », cliquer ICI.

Pour (re)lire notre note « Oser le « pacte girondin » », cliquer ICI.

 

Publié le 10/11/2023.

Redonner du sens au travail

Dans Le Un Hebdo, notre fondateur Gaspard Koenig appelle à briser le couple « travail-revenu » en assurant à chaque citoyen un revenu de base inconditionnel pour éradiquer les bullshit jobs. 

 

À partir de l’histoire des protagonistes de son dernier roman « Humus », Gaspard s’interroge sur le véritable « sens du travail ». Entre notion de subsistance et valeur sociale, il rappelle que ce qui compte vraiment, c’est de devenir un acteur indépendant et de réaliser des tâches dont on peut constater les conséquences directes. Il oppose ici les « bullshit jobs » vides de sens inhérents à notre société bureaucratique, à certaines formes de travail qui permettraient à l’individu de s’accomplir. C’est en tout cas ce qu’il prône, à l’aune des écrits d’Hannah Arendt.

Dans une « société relativement prospère », Gaspard estime que nous pourrions presque nous passer du travail comme moyen de subsistance : le temps qu’on y consacre en moyenne tout au long de la vie a d’ailleurs atteint les 15 heures par semaine comme l’avait prédit Keynes. Ainsi, il propose de « découpler le travail du revenu » afin de permettre à chacun de s’émanciper et de s’épanouir dans sa vie professionnelle, mais aussi de transformer notre travail en œuvre pérenne.

« On n’est pas obligé, même si on y est incité, d’être un hamster dans la roue de la productivité : on peut prendre des voies de traverse. »

 

Pour Gaspard, nos sociétés modernes ont modifié notre rapport au travail. L’automatisation de certaines tâches et la robotisation de certains postes ont fait perdre au travail son véritable sens et il apparaît plus qu’urgent de le redéfinir, en octroyant aux individus plus d’autonomie et de créativité.

Gaspard revient sur la conditionnalisation du RSA à laquelle il s’oppose, car elle renforce le lien entre travail et revenu. Il dénonce la réduction de la notion de travail à l’idée de production en échange de rémunération. Il conteste d’ailleurs l’idée qu’on octroie une aide en échange d’une activité sociale et désire échapper au « dogme de la valeur travail » formulé par Locke.

« À partir du moment où l’on peut devenir un acteur relativement indépendant, tout travail a un sens (…). »

 

En s’inspirant des écrits de Thomas Paine, « père spirituel du revenu universel », il préconise la mise en place d’un revenu de base inconditionnel, absolu et sans contre-partie. Ce revenu universel laisserait plus de place aux activités extra-professionnelles et permettrait à nos sociétés d’avoir un « rapport plus apaisé à la question du travail ». Le salariat ne serait donc pas « une aliénation cruelle » comme l’avait analysé Marx, mais plutôt un monde dans lequel chaque individu aurait la possibilité de refuser un emploi sans avoir peur de ne pas s’en sortir financièrement. Nous aurions donc la liberté de dire non, ce qui pousserait les entreprises à offrir des emplois « qui ne soient pas bullshit ».

« Penser le travail autrement permettrait d’échapper à la pression économique et d’envisager différemment l’existence. »

 


Pour lire l’article, cliquer ICI.

Pour (re)découvrir notre rapport « Liber : un revenu de liberté pour tous », cliquer ICI.

 

Publié le 09/11/2023.

Israël/Hamas : une « guerre juste » sous conditions

Selon Monique, certains ont aujourd’hui le sentiment de voir dans l’action militaire d’Israël une attaque ciblée contre la population civile palestinienne allant même jusqu’à parler de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

Dans ce contexte, notre présidente revient sur le concept de « guerre juste » qui légitime, dans certains cas, le recours à la violence et qui pose des limites tant dans le cadre du jus ad bellum (droit d’entrer en guerre) que dans le jus in bello (droit dans la conduite de la guerre).

Ainsi, Monique juge que l’entrée en guerre d’Israël pour défendre son existence est légitime.

« Refuser de considérer comme légitime qu’Israël entre en guerre pour se défendre serait consentir déjà à son anéantissement. » 

Néanmoins, l’obligation de préserver la vie des civils dans un tel conflit asymétrique, opposant l’organisation terroriste du Hamas et l’Etat d’Israël, s’avère extrêmement complexe compte tenu de la nature-même de combats au cœur de la population civile.

L’Etat hébreu doit donc mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à la protection des civils pour se prémunir d’éventuelles accusations de massacres délibérés.

« Aucune guerre contre le terrorisme menée au cœur de la population civile n’échappe au risque d’infamie. »

Aussi, selon notre présidente, la proportionnalité est une obligation du droit dans la guerre. Ce principe exige que les moyens de la force soient strictement adaptés au but visé.

« Une obligation incombe aux responsables de l’offensive en cours de documenter le détail des précautions prises pour épargner les civils, ainsi que les mesures adoptées pour soulager leurs souffrances. »

Gaspard Koenig : libéral ou liber « terre » ?

Dans Ça vous regarde sur LCP, notre fondateur Gaspard Koenig préfère la décentralisation à la planification en matière d’écologie, appelle à faire confiance aux parents dans l’éducation de leurs enfants et s’inquiète du développement de « frontières rigides » pour l’humanité. 

 

Pour notre fondateur Gaspard Koenig, il existe un lien fort entre liberté et nature. Selon lui, les solutions aux problèmes environnementaux reposent sur la responsabilité individuelle et sur la décentralisation. Il plaide donc en faveur d’une écologie politique basée sur l’expérimentation autonome et locale plutôt que sur la planification.

De plus, si Gaspard considère que la désobéissance civile est pleinement démocratique, il distingue deux mouvements : le premier, classique dans la philosophie écologique, est « responsable et sage » lorsque le second se veut moins pacifique (ex : projet autoroutier A69, mouvement « Action Directe » etc…). Aujourd’hui, il constate que le second, par sa radicalité, prend une place de plus en plus conséquente en tentant de prendre le pouvoir par la violence.

« La désobéissance civile fait partie de nos démocraties »

 

Gaspard estime que les stages de responsabilisation pour les parents d’enfants délinquants sont un dispositif « intrusif » et « infantilisant ». Il rappelle que l’instruction à la maison a toujours été une liberté jusqu’à ce que le Gouvernement instaure récemment un régime d’autorisation. Il dénonce l’absence de confiance sur la capacité des parents à éduquer et instruire leurs enfants.

« L’Etat va obliger les parents à apprendre à éduquer leurs parents : comme si on pouvait tout résoudre par un stage  (…) C’est une infantilisation humiliante »

 

Aussi, Gaspard juge que l’IVG est déjà une liberté et que le combat doit porter sur ceux qui le contestent mais qui ne sont actuellement pas présents dans le paysage politique.

Enfin, sur le sujet de l’immigration et des frontières, notre fondateur rappelle que l’apparition du passeport ne date que de la 1ère Guerre Mondiale et que l’existence de celui-ci devait être temporaire. Il considère que le phénomène nouveau des « frontières rigides » n’est pas enviable pour l’humanité.

 


Pour voir l’émission de Gaspard, cliquer ICI.

 

Publié le 02/11/2023.

PLF : que pense le citoyen du budget de l’Etat ?

Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou dénonce le niveau élevé des prélèvements en France et la manque de lisibilité du système fiscal. Il suggère des pistes pour renouer avec le consentement à l’impôt. 

 

Dans le cadre du temps fort de la vie politique et parlementaire que représente l’adoption du budget (en ce moment débattu à l’Assemblée Nationale), Sacha critique la pression fiscale conséquente pesant tant sur le salarié moyen (en moyenne 54,1%) que sur les ménages redevables de l’impôt sur le revenu (jusqu’à 70%).

Cette pression confiscatoire décale de plus en plus tardivement le jour de libération fiscale permettant aux citoyens de travailler pour eux-mêmes.

Sacha alerte également du risque de voir le consentement à l’impôt vicié par un système fiscal et social trop complexe et juge également que le niveau de la dépense publique, financée par les impôts de citoyens, est le reflet du paternalisme de l’État. Pour lui, plus les dépenses sont élevées, plus les mâchoires de l’État se resserrent, plus la liberté individuelle en pâtit.

« La dépense publique est une mise sous tutelle dans la mesure où elle se substitue à nos choix propres (…)  que reste-t-il de notre liberté quand nous travaillons plus de 50% de notre temps pour la collectivité et son administration ? »

 

Aussi, il estime que, dans un Etat démocratique, la transparence et la lisibilité doivent permettre aux citoyens de juger l’efficience de la dépense publique et des services publics.

 

« Si nous voulons que les Français respectent leurs services publics, ils doivent sentir que ceux-ci leur appartiennent, qu’ils en sont les investisseurs. »

 

Pour cela, Sacha aborde plusieurs propositions pour parvenir au respect du principe de consentement à l’impôt prévu à l’article 14 de la DDHC. Parmi celles-ci, il défend une simplification de la fiche de paie et la mise en œuvre d’une nouvelle procédure budgétaire lors de laquelle les recettes et les dépenses seraient votées séparément. Le niveau de pression fiscale pourrait également faire l’objet d’un véritable débat démocratique devant le Parlement.

« Le consentement à l’impôt est le premier acquis de toutes les grandes révolutions démocratiques. Garantir son effectivité et l’intelligibilité budgétaire est le devoir de toute société libre. »

 

Sacha préconise de surcroît que le Gouvernement publie, en toute transparence, le niveau de pression fiscale pour chaque situation à l’instar de ce qu’il fait depuis 2019 avec la publication de « Ce que financent 1000 euros de dépenses publiques ».

Enfin, notre responsable des relations institutionnelles défend la proposition de GL, reprise par Gabriel d’Etat alors ministre des Comptes publics, pour permettre aux contribuables de renseigner une déclaration de choix fiscal afin de donner son avis sur la répartition, poste par poste, du budget de l’Etat.

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre billet « Impôts : Gabriel Attal dans les pas de GénérationLibre », cliquer ICI

Pour (re)lire notre note « Pour une consultation budgétaire citoyenne », cliquer ICI

 

Publié le 27/10/2023.

Israël/Palestine : la France face à ses émotions

Notre directeur Christophe Seltzer, dans Atlantico, ainsi que notre chargé d’études Rafaël Amselem, pour Le Point et invité de C ce soir, décryptent les effets de la crise du Proche-Orient sur la vie politique française.

 

Pour Atlantico, Christophe constate une forme d’électoralisme plutôt qu’une communautarisation de la vie politique. Contre l’idée d’une « morale » républicaine, il plaide pour une conception libérale de la laïcité et défend les principes de l’Etat de droit et de la démocratie libérale. Il impute largement les polémiques autour de la NUPES à l’esprit présidentialiste excessif de la Ve République.

Dans Le Point, Rafaël dénonce quant à lui la rhétorique pleine de tropes antisémites de certains ténors de LFI, soutenue en renfort par Rivarol – véritable baiser de la mort de l’extrême-droite à l’endroit de Jean-Luc Mélenchon. Notre chargé d’études proteste également contre le refus du mouvement d’extrême gauche de considérer le Hamas comme une organisation terroriste.

 

 

Invité à se prononcer sur l’existence d’une rupture de la société avec la démocratie libérale, Christophe estime en premier lieu qu’un croyant de toute confession ne doit pas être considéré à priori comme un individu faisant sécession avec les règles de la citoyenneté. Il interprète ainsi la loi de 1905 sur la laïcité avant tout comme une loi de liberté et non comme une restriction à la croyance religieuse.

« Il y a selon moi une confusion délétère : la laïcité en France renvoie à une loi de liberté, celle de croire ou de ne pas croire, et non pas à une morale républicaine anti-religieuse.
Il faut enseigner aux enfants la laïcité comme une liberté collective et non pas comme un combat athéiste. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Aussi, plutôt que de constater une communautarisation de la vie politique, Christophe préfère percevoir une forme classique d’électoralisme auquel se soumet aussi bien LFI que Reconquête.

Notre directeur affirme également que l’unité républicaine n’a pas disparu et que le caractère républicain des institutions, a contrario des années 1930, n’est pas ouvertement la cible des extrêmes.

Néanmoins, aux responsables politiques (et parfois aux journalistes) tentés de surfer sur l’émotion collective, Christophe rappelle les principes démocratiques intangibles qui doivent s’imposer aussi bien par temps calme que par tempête : indépendance de la justice, liberté de manifester, liberté d’expression, droit à un procès équitable (même pour les personnes fichés S) etc…

« Depuis le 7 octobre, je ne vois pas de propos de responsables politiques à proprement parler anti-républicains sur le plan des valeurs (si tant est que ce soit un critère d’évaluation), non plus que condamnables du point de vue du droit. En revanche, je m’inquiète que l’Etat de droit soit violemment battu en brèche par des déclarations politiques à l’emporte-pièce comme par des questions de journalistes trop rapides. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Au sujet de la NUPES, notre directeur déplore acharnement qui résulterait, pour partie, de la trop forte personnification du débat politique dans la Ve République. Il plaide donc en faveur d’un régime politique fondé sur la recherche du compromis, un rôle accru des partis et un Parlement plus fort.

« La bonne politique consiste aussi en la recherche de compromis sur des programmes sérieux compte tenu des rapports de force électoraux entre des partis politiques solides.
Dans un régime politique qui redonnerait sa place centrale au Parlement, ces unions seraient possibles, réalistes, et efficaces. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Si Christophe reconnait que l’extrême gauche adopte une rhétorique « anti-dreyfusarde ou soralienne », il n’en demeure pas moins que ses idées contribuent de manière essentielle à un débat démocratique équilibré et que céder aux sirènes d’une police de la pensée sur des aprioris idéologiques serait une grave erreur.

En réaction à la diabolisation des opinions, Christophe défend une confrontation sereine des  courants de pensée. Pour y parvenir, il milite pour une nouvelle logique institutionnelle passant au préalable par une déprésidentialisation de la Vème République.

Dans son entretien pour l’Express, Rafaël se prononce plus précisément sur la position adoptée par La France Insoumise. Alors que l’extrême droite vient à son secours, notre chargé d’études considère que le mouvement d’extrême gauche a commis une faute politique en cédant, dans son expression, à des tropes antisémites.

« Antisémite ou pas, ce qui est certain, c’est que la France Insoumise déploie un ensemble de tropes qui, consciemment ou non, renvoient bien à de l’antisémitisme. »

Rafaël Amselem dans Le Point 

 

Reprenant les interventions et tweets successifs de Jean-Luc Mélenchon, Rafael dénonce l’équivocité d’une rhétorique considérant, d’une part, les accusations d’antisémitisme comme une volonté de nuire à la Gauche mais sous-entendant insidieusement, d’autre part, que l’attaque du Hamas ne serait que la conséquence logique de l’oppression d’un Etat hébreu conquérant.

Enfin, LFI ferait preuve d’un aveuglement coupable en et déniant le fait juif et en refusant, selon les faits, de considérer le Hamas comme une organisation terroriste et autoritaire.

« L’offensive israélienne est encadrée par un jus in bellum qui astreint l’Etat hébreu à des devoirs. Mais on ne saurait évoquer des « massacres » en ayant refusé au préalable de parler de terrorisme, a fortiori quand on connait les précautions prises par Tsahal et la manière avec laquelle le Hamas utilise ses civils comme boucliers humains. »

Rafael Amselem dans Le Point 

 

Pour autant, Rafaël garde espoir et salue les positions des derniers hussards d’une gauche encore lucide telle que Sandrine Rousseau.

« Nous ne sommes pas des pantins. Les Juifs méritent mieux. L’antiracisme mérite mieux. Les électeurs LFI méritent mieux. Tout le monde mérite mieux que cette médiocrité méprisable. »

Rafaël Amselem dans Le Point 

 


Pour lire l’entretien de Christophe, cliquer ICI.

Pour lire l’entretien de Rafaël, cliquer ICI

Pour regarder Rafaël dans l’émission C ce soir, cliquer ICI

 

Publié le 27/10/2023.

Israël : la mémoire du 7 octobre au service de la paix avec les Palestiniens ?

Dans l’Opinion, Monique Canto-Sperber analyse de manière pragmatique les objectifs contradictoires auxquels Israël est confronté et livre trois grands principes sur lesquels Israël devrait s’appuyer pour renouer avec le volontarisme d’une coexistence pacifique.

 

Pour notre présidente, si éliminer le Hamas, épargner les civils gazaouis, sauver les otages et mettre en œuvre les conditions d’une paix futur avec la Palestine sont des objectifs légitimes à poursuivre, ils apparaissent néanmoins comme contradictoires et même « vides de sens » au regard de la situation.

Pourtant, dans ce contexte, Monique estime que trois principes doivent guider l’action du gouvernement israélien pour parvenir à une solution politique réaliste.

Le premier principe repose sur la nécessité de comprendre précisément la folie meurtrière du Hamas dont les méthodes trouvent ouvertement leur source dans le souvenir macabre des pogroms et du Troisième Reich.

 

« Les terroristes ont voulu faire savoir au monde entier que les Juifs en Israël n’ont aucun droit à l’existence et que la haine de leur présence vaut comme obligation de les tuer »

Le second principe consiste à épargner les civils. En effet, le propre d’une démocratie libérale consiste, pour Monique, à « refuser le mimétisme de la vengeance et assumer de mettre des limites à sa propre action. ». Israël ne peut donc se compromettre dans un bain de sang qui éclabousserait son image et sa crédibilité.

 

« (..) épargner les civils, c’est d’abord l’exigence de ne jamais les viser comme tels. De ce point de vue, le nombre de morts est une chose, mais la façon dont ils sont morts est au moins aussi importante »

Le troisième principe vise, quant à lui, à préserver l’avenir. L’Etat Hébreux, devenu vulnérable, se voit désormais dans l’obligation de trouver le moyen de parvenir à une « coexistence pacifiée » avec ses voisins.

 

« Il faut renouer maintenant avec un volontarisme du dialogue, prudent et sans illusions. »

Enfin, Monique invite à substituer le « pessimisme historique délétère » de la politique menée par Benjamin Netanyahou depuis vingt ans par une volonté puissante de dialogue fondée sur la prudence et l’absence d’illusions. En ce sens, la mémoire douloureuse de cette tragédie pourrait paradoxalement constituer les fondations d’une paix nouvelle avec les Palestiniens.

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

 

Publié le 24/10/2023.

Presse : l’honnêteté plutôt que l’objectivité

Dans une édition spéciale rédigée par les anciens du JDD, notre fondateur Gaspard Koenig imagine la mise en place d’un « doctrinomètre » permettant aux citoyens de jauger la transparence de leurs media. 

 

Pour Gaspard, il n’existe pas « d’information brute, objective, indiscutable ». Il rappelle qu’il est normal de retrouver une certaine subjectivité dans la presse car les faits y sont exposés par des journalistes selon un penchant idéologique tout à fait naturel. Il ne faut pas le nier, simplement le respecter. Parfois exprimé de manière inconsciente, chaque point de vue est légitime à exister et à être rendu public, à condition qu’il soit intellectuellement honnête. Il ne faut donc pas s’insurger d’une éventuelle partialité de nos media mais au contraire se féliciter de disposer d’un large éventail de sources d’information.

« Ce que l’on doit exiger du journalisme, ce n’est pas l’objectivité mais l’honnêteté. »

 

Gaspard, qui ne cesse de défendre ses idées dans des journaux de tous bords politiques, rappelle « qu’il y en a pour tous les goûts ». Fervent partisan de la liberté d’expression, Gaspard se dit être choqué par la récente affaire du JDD. Il ne s’oppose pas à la volonté d’un homme (aussi riche soit-il) de posséder un media « pour défendre des positions de droite radicale ». La radicalité a bel et bien sa place dans le débat public. Pourtant, le philosophe trouve « impardonnable » la stratégie mise en place par l’actionnaire du JDD qui a infiltré un journal historique pour « promouvoir des valeurs contraires à sa raison d’être ».

 

« Il ne serait peut-être pas absurde qu’au nom de la transparence, la loi impose une forme de profession de foi détaillant le positionnement éditorial, ainsi que l’ensemble des sources de financement d’un journal (…). »

 

Opposé à ce que le Gouvernement régule la presse au nom d’une vérité introuvable, Gaspard imagine l’instauration d’un outil, le « doctrinomètre » qui permettrait à chaque citoyen de jauger l’intégrité et la transparence des media. Les journaux seraient donc tenus de publiciser une « profession de foi » indiquant le positionnement éditorial et les sources de financement.

« Il ne faut surtout pas, comme cela semble être la tentation du gouvernement, réguler la presse en fonction d’un critère de vérité. »

 

Notre fondateur suggère aussi que les rédactions puissent se prémunir contre l’intervention de l’actionnaire dans leur travail quotidien. Enfin, il défend le rôle de l’antitrust européen pour éviter l’émergence de groupes de presse oligopolistiques : la concurrence reste la meilleure réponse !

« Aux journalistes de nous convaincre de leur sérieux, de leur talent et de leur professionnalisme. S’il n’y a que des interprétations, à nous de choisir les meilleures ! »

 


Pour lire la tribune de Gaspard, cliquer ICI.

 

Publié le 20/10/2023.

Tout le monde a le droit de manifester

Dans une tribune pour Le Figaro, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’oppose fermement, au nom des libertés publiques, à l’interdiction systématique des manifestations propalestiniennes. 

 

Pour Rafaël, juif, sioniste et aussi fervent défenseur des libertés publiques, les manifestations propalestiniennes méritent d’être organisées. En effet, il rappelle le droit pour tout citoyen français de soutenir les Palestiniens. Il rappelle que « la liberté est première, et la restriction l’exception ». Il nous rappelle aussi les droits des citoyens dans un État libéral, entre autre le droit de manifester. Cependant, il n’est pas contre une interdiction au cas par cas (plutôt que systématique), « en faisant la preuve de la proportionnalité de la mesure », notamment dans le cas où certaines manifestations propalestiniennes débouchent sur des débordements antisémites, desquels il faudra protéger les juifs de France.

« On ne saurait donc tolérer les interdictions à l’emporte-pièce, sauf à considérer que le gouvernement peut conditionner la liberté, ce qui revient en réalité à dire qu’il n’existe pas de liberté tout court. »

 

Rafaël rappelle que ces dérives ne sauraient advenir s’il n’existait pas un narratif antisionniste, qui ancre l’État juif dans une posture de colonisateur et les Palestiniens en victimes. Notre chargé d’études s’inquiète aussi de la situation humanitaire préoccupante en Palestine et rappelle qu’un soutien à la Palestine n’est pas assimilable à un soutien au Hamas. Au contraire, la radicalité se doit d’être présente dans le débat tant « qu’elle se contente d’elle même ».

« Soutenir les Palestiniens est un droit. Encore heureux que des citoyens puissent exprimer leur émotion. »

 

Le pouvoir doit être conscient des impératifs de liberté. Rafaël soutient que le droit est à la disposition de la société et non de l’État. Par ailleurs, se tiendront tout de même certaines manifestations interdites plus révoltées sûrement car les citoyens s’étaient vu interdire un droit fondamental. L’ordre public devra toujours surveiller et protéger ses concitoyens juifs si débordements lors des manifestations propalestiniennes il y a.

« S’il y a une liberté de manifester, il y a aussi un ordre public, et des juifs légitimement inquiets face à la montée de l’antisémitisme : leur liberté compte aussi. »

 


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

 

Publié le 18/10/2023.

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