Tout le monde a le droit de manifester

Dans une tribune pour Le Figaro, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’oppose fermement, au nom des libertés publiques, à l’interdiction systématique des manifestations propalestiniennes. 

 

Pour Rafaël, juif, sioniste et aussi fervent défenseur des libertés publiques, les manifestations propalestiniennes méritent d’être organisées. En effet, il rappelle le droit pour tout citoyen français de soutenir les Palestiniens. Il rappelle que « la liberté est première, et la restriction l’exception ». Il nous rappelle aussi les droits des citoyens dans un État libéral, entre autre le droit de manifester. Cependant, il n’est pas contre une interdiction au cas par cas (plutôt que systématique), « en faisant la preuve de la proportionnalité de la mesure », notamment dans le cas où certaines manifestations propalestiniennes débouchent sur des débordements antisémites, desquels il faudra protéger les juifs de France.

« On ne saurait donc tolérer les interdictions à l’emporte-pièce, sauf à considérer que le gouvernement peut conditionner la liberté, ce qui revient en réalité à dire qu’il n’existe pas de liberté tout court. »

 

Rafaël rappelle que ces dérives ne sauraient advenir s’il n’existait pas un narratif antisionniste, qui ancre l’État juif dans une posture de colonisateur et les Palestiniens en victimes. Notre chargé d’études s’inquiète aussi de la situation humanitaire préoccupante en Palestine et rappelle qu’un soutien à la Palestine n’est pas assimilable à un soutien au Hamas. Au contraire, la radicalité se doit d’être présente dans le débat tant « qu’elle se contente d’elle même ».

« Soutenir les Palestiniens est un droit. Encore heureux que des citoyens puissent exprimer leur émotion. »

 

Le pouvoir doit être conscient des impératifs de liberté. Rafaël soutient que le droit est à la disposition de la société et non de l’État. Par ailleurs, se tiendront tout de même certaines manifestations interdites plus révoltées sûrement car les citoyens s’étaient vu interdire un droit fondamental. L’ordre public devra toujours surveiller et protéger ses concitoyens juifs si débordements lors des manifestations propalestiniennes il y a.

« S’il y a une liberté de manifester, il y a aussi un ordre public, et des juifs légitimement inquiets face à la montée de l’antisémitisme : leur liberté compte aussi. »

 


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

 

Publié le 18/10/2023.

L’enseignement scolaire oligarchique contre la méritocratie

Dans un texte publié dans la Revue Politique et Parlementaire, notre présidente Monique Canto-Sperber s’inquiète de l’échec de la méritocratie scolaire en France et appelle à permettre l’émergence d’une nouvelle élite en diversifiant les formations d’enseignement supérieur. 

 

Monique nous rappelle ce qu’est une oligarchie : un type d’organisation sociale dans laquelle le pouvoir est possédé par une « fraction de la population » et qui lui octroie donc une influence considérable. Au fondement de l’oligarchie comme état social, Monique nous explique que la richesse est finalement l’unique ressource de pouvoir qui survit en démocratie. Les oligarchies fondées sur l’argent n’ont pas besoin d’assurer leur défense car l’entièreté du système et des règles juridiques leur donnent déjà toute la légitimité nécessaire. 

« La richesse donne les moyens d’acheter de nombreuses autres ressources. » 

 

Logiquement, Monique se penche ensuite sur les dérives oligarchiques de l’enseignement supérieur français, notamment sur les défauts de mobilité sociale en France. En effet, l’accès aux formations supérieures les plus réputées est aujourd’hui concentré dans un groupe social restreint. Elle pointe du doigt l’organisation de notre système éducatif ainsi que son « relatif immobilisme face aux mutations démocratiques des années 1970 ». 

« Le savoir est source d’influence », constate Monique. L’objectif d’une société égalitaire est donc de « neutraliser les privilèges liés au savoir ». Pour ce faire, l’Éducation nationale a amorcé dès le début de la Troisième République un processus de massification scolaire. Le nombre d’étudiants a été multiplié par deux. Certes, l’accès à l’université s’est démocratisé et de plus en plus d’étudiants ont accès à des formations, malheureusement, pas à n’importe lesquelles…

Les chiffres sont criants. Monique nous informe que moins de 40% des étudiants d’université obtiennent leur licence en 3 ans alors que les étudiants de filières d’élite ont quasi tous la certitude de finir diplômés. Le taux d’accès des étudiants boursiers en filières d’excellence s’amenuise au profit d’étudiants issus de milieux privilégiés. Démocratisation de l’enseignement ne rime donc pas toujours avec démocratisation de la réussite. 

« Pourrions-nous imaginer en France, tout en restant fidèle aux caractères de nos institutions, un enseignement supérieur pleinement démocratique ? »

 

Depuis la fin des années 1970, l’enseignement supérieur a été confronté à de nouvelles mutations qui ont remis en cause le concept traditionnel d’enseignement. Aujourd’hui, les défis sont colossaux. Il apparaît urgent de lutter contre l’écart entre une « étroite élite scolaire » et des jeunes qui portent malheureusement l’héritage de leur origine sociale. À nouveau, il faut refonder le concept de méritocratie scolaire qui pour Monique est aujourd’hui « en défaut ». 

Monique rappelle que la réussite scolaire, à proprement parler, n’est « ni héritée, ni due au hasard, ni même produite spontanément ». Elle est méritée, quel que soit le capital socio-culturel de l’étudiant en question. Pourtant, proportionnellement, les étudiants américains et anglais ont plus de chance d’être acceptés dans des filières d’élite (20 à 25%) que les étudiants français (5 à 10%). Pour Monique, ces pays ont réussi à démocratiser la réussite et l’excellence universitaire. Elle y salue une circulation plus fluide des étudiants au sein de différentes institutions et une plus grande liberté dans l’organisation de leur cursus universitaire. 

« L’enseignement supérieur français consiste aujourd’hui en une organisation rigide où des institutions (…) de plus en plus inadaptées se sont révélées incapables de relever les défis auxquelles elles sont confrontées. »

 

Cependant, Monique n’est pas opposée à l’existence de filières d’élite qui « est la conséquence nécessaire de la diversité des talents ». Elle souhaite plutôt offrir une palette de formations de plus grande qualité. Pour résoudre cette problématique plus qu’urgente, Monique imagine la création de nouvelles filières plus qualitatives et professionnalisantes. Ce nouveau type de formation formerait 20 à 30% d’étudiants avec un pourcentage de boursiers plus élevé, et aboutirait à l’émergence d’une nouvelle élite.

 


Pour lire le texte de Monique, cliquer ICI.

 

Publié le 17/10/2023.

Santé : la bureaucratie contre l’innovation

Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou s’inquiète du poids de la bureaucratie qui pèse sur notre système de santé et pousse nos industries pharmaceutiques à investir ailleurs. 

 

Pour commencer, Sacha s’attaque à la « lourdeur de notre administration de santé » qui, malgré les 13 milliards d’euros alloués à son système et à l’assurance maladie, empêche les Français de bénéficier des meilleurs produits de santé. En effet, nous souffrons de pénuries et n’avons pas accès aux dernières innovations médicales.

« En cas de tension sur le marché mondial du médicament, la France est le dernier pays livré par les industriels puisque leur marchandise y est vendue au rabais, créant les pénuries qui agitent aujourd’hui les débats. »

 

L’État fixe chaque année un budget alloué aux produits de santé. Pourtant, si ce montant est dépassé, la France fait peser sur les industries pharmaceutiques une clause de sauvegarde : c’est-à-dire qu’on taxe les entreprises sur le surplus de chiffre d’affaires. Sacha estime que cette clause est  « aberrante ».

« Ce ne sont pas les industriels qui déterminent la demande du système de soin. »

 

Dernièrement, le Gouvernement a mis en place une mission interministérielle en faveur de « la régulation et du financement des produits de santé ». Dépourvu de mesure choc, le rapport de cette mission rendu le 30 août dernier s’avère encore insuffisant. Pourtant, il était censé apporter des solutions efficaces pour encourager à nouveau l’investissement des industries de santé en France. 

« À la suradministration et aux coups de rabot, ajoutez l’instabilité normative et fiscale qui fait tout pour décourager l’investissement des entreprises de santé en France, malgré leur grand potentiel. »

 

Sacha relève cependant quelques mesures importantes telles que le relèvement du montant de la clause de sauvegarde (mais pas sa suppression…) ou encore l’instauration d’une « franchise sur les médicaments plus responsabilisante pour le patient ». Pour Sacha, ce n’est pas suffisant. Il appelle plutôt à revoir l’entièreté de notre système de santé, le repenser, le moderniser. 

Il nous faut empêcher la fuite de nos industries (par exemple vers les États-Unis) car « tout est fait pour qu’elles partent à l’étranger pour atteindre leur maturité industrielle ». Pour ce faire, Sacha estime nécessaire une réforme ambitieuse afin de préserver « notre souveraineté sanitaire » avec notamment la fin des taxes sectorielles, la simplification et une convergence européenne des procédures d’autorisation de mise sur le marché et d’évaluation. Pourquoi pas un régime général confié aux mutuelles ? Sacha imagine un modèle similaire à celui de la Suisse ou des Pays-Bas. Affaire à suivre… 

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

 

Publié le 13/10/2023.

Rendre aux actifs ce qui appartient aux actifs

Dans une tribune collective publiée dans Le Point, notre chargé d’études Rafaël Amselem dénonce la visée électoraliste de la récente revalorisation des pensions de retraites et appelle plutôt à lutter contre la précarité étudiante. 

 

Encore une fois, le poids de la « solidarité intergénérationnelle » repose sur le dos des actifs… Rafaël et les autres signataires de cette tribune reviennent sur le projet de Bruno Le Maire (« magicien ») de revaloriser les pensions de retraites à hauteur de 14 milliards d’euros. Cette décision est la quatrième depuis 2022, encore une fois avant les élections européennes. C’est précisément ce que dénoncent les auteurs de cette tribune : la temporalité ambiguë de décisions en faveur des retraités, qui, une fois de plus sont les grands gagnants de la loterie intergénérationnelle. Le Gouvernement n’a de cesse de vouloir se justifier de la réforme des retraites et continue à gâter les retraités. 

« Un alignement des planètes semble s’opérer au moment des élections, à la faveur des retraités – le hasard, toujours. »

 

Pourtant, il fait bon être retraité en France… Comme le rappelle Rafaël, notre ancien directeur Maxime Sbaihi nous assure que le niveau de vie de nos anciens est supérieur à celui des autres générations, situation incomparable avec celle des autres pays riches. Selon lui, notre système de « solidarité intergénérationnelle » génère des inégalités sociales. En effet, les actifs ne sont plus que les payeurs (et les victimes) de ce système social. Les générations qui se sont succédé au pouvoir ont toujours misé sur le confort des aînés, ce qui engendre aujourd’hui une situation dramatique : « les actifs recevront des recettes moindres que ce qu’ils auront cotisé au système. »

« Le principe de solidarité a pour corollaire celui de réciprocité : elle n’a malheureusement plus cours. Les actifs sont les seuls mis à contribution. Jamais les retraités n’assument leur part. »

 

Les actifs n’arrivent plus à épargner, et n’arrivent aussi pas à accéder au statut de propriétaire. Les retraités ont eu la chance de pouvoir, plus tôt, investir dans le patrimoine immobilier mais le contexte a évolué et la jeunesse est « de plus en plus exclue des centres-villes ». En parlant de jeunesse… les auteurs s’inquiètent de la situation étudiante de plus en plus précaire et appellent à investir dans ce combat contre la faim et la détresse psychologique étudiantes. 

Nos auteurs affirment que le montant de la revalorisation des retraites est le même que celui du RSA. Ainsi, il serait plus judicieux (et économique) de ne pas conditionner le droit des allocataires du RSA. « La dignité est un droit », il apparaît donc plus que nécessaire de protéger les plus fragiles. 

« Il n’y a pas d’argent magique, il n’y a pas de pognon de dingue : il n’y a que des choix politiques conscients qu’il convient d’urgence de réviser. »

 

 


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.

 

Publié le 12/10/2023.

N’interdisons pas les chaudières, rendons les plus chères

Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber appelle à ne pas céder à l’erreur de la planification écologique mais plutôt à emprunter la voie des mécanismes de marché pour réussir notre transition. 

 

Pour Monique, il est important (même nécessaire) que les mesures annoncées par le Conseil de planification écologique soient « acceptables pour une large partie de la population ». En effet, l’État se donne comme mission de réduire de 50% l’émission des gaz à effet de serre d’ici 2030. Transition espérée certes, mais difficile à mettre en oeuvre en si peu de temps. Pour ce faire, une politique de planification a été allouée, à hauteur de 34 milliards d’euros.

Néanmoins, la philosophe n’apparaît pas convaincue. Pour elle, il ne serait pas réaliste de demander à des acteurs extérieurs (les industriels) de réévaluer leur politique. L’État n’est finalement que responsable de « ce qui dépend de lui, non sur ce qui n’en dépend pas ». 

Monique appelle à développer une politique économique ambitieuse, basée sur le concept de « responsabilité collective », en sensibilisant chaque citoyen à la cause plutôt que d’interdire et de restreindre nos modes de vie par des décisions centralisées et verticales. Elle souhaite « laisser place aux initiatives nouvelles, à la prise de risque, et même à l’imprévu, sans imposer des moyens prédéfinis ou un rythme unifié ». 

« Les transitions pour réussir doivent rester au plus près du réel et être menées en adaptant, expérimentant, produisant des scénarios différents et des études d’impact (…). »

 

À l’inverse d’une écologie planificatrice, Monique ambitionne une politique volontariste basée sur des mécanismes « jouant sur le marché et les prix (quotas ou fiscalité) ». Elle développe une solution défendue de longue date par GL : la tarification carbone, qui joue sur le signal prix. Pour que cela soit acceptable, il est nécessaire d’avoir le consentement des citoyens. Ainsi, réfléchissons nous à redistribuer une partie des recettes aux Français sous forme de dividende. Monique évoque donc la création d’un « impôt négatif qui leur permette de bénéficier d’une aide plus ou moins importante et automatique selon les ressources du foyer ». Cette solution remplacerait et faciliterait les aides déjà existantes « insuffisantes, peu lisibles et dispersées » selon notre présidente. 

« La pollution est une externalité négative, les pollueurs privés doivent être les payeurs et pour les pollutions des services au public, c’est aux utilisateurs et aux contribuables de les financer. »

 

Monique suggère aussi la possibilité de mettre en place des « incitations au renchérissement pour les produits polluants » et évoque même une possible augmentation des prix des chaudières au fioul plutôt que leur interdiction. Une fois de plus, le comportement de chaque citoyen doit être régi par son propre choix individuel et son libre-arbitre et non par une décision paternaliste.

Pour finir, Monique demande donc à l’État d’arrêter de prendre des décisions irréalisables et trop ambitieuses mais avant tout de revenir à une politique réaliste libérale « qui s’abstient de jugement moral sur les modes de vie », notamment ceux des plus démunis. 

« En matière de transition écologique, on tend aujourd’hui à fixer des objectifs ambitieux, mais dont on sait au moment où on les énonce que les moyens de les mettre en œuvre ne seront sans doute pas accessibles dans le délai imparti. »

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

Pour comprendre la tarification carbone, cliquer ICI.

 

Publié le 11/10/2023.

La France est-elle encore le pays des droits de l’Homme ?

Dans Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou dénonce les mesures liberticides défendues par certains parlementaires de l’arc-républicain, qui ne savent plus limiter le pouvoir de l’État.

 

« Vous n’avez pas les bases » : Sacha, scandant du Orelsan, rappelle à l’ordre les parlementaires qui bafouent leur rôle. En cette rentrée politique, nos parlementaires se sont penchés sur le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique. Sacha dénonce certaines mesures ajoutées par des élus dans ce projet de loi. Interdiction des VPN (amendement finalement abandonné), permis cyber, fin de l’anonymat… et la dernière nouvelle en date : la préparation d’un projet de loi visant à interdire les expressions climatosceptiques à la télévision. Pour Sacha, il s’agit là d’une « surenchère de mesures liberticides » pesant sur une de nos libertés fondamentales : la liberté d’expression. 

« Il ne s’agit pas ici de dire combien je pense que toutes ces mesures sont absurdes et dangereuses pour la démocratie. Mais de m’indigner que des parlementaires dont le mandat historique est de contrôler et limiter l’État l’encouragent dans ses abus. »

 

Sacha s’inquiète aussi des conséquences de cette mesure sur la lutte écologique. Cette bataille, urgente et concrète, pourrait se voir discréditée par des discours autoritaires et infantilisants. Pour Sacha, une idée doit se transmettre en faisant appel à la raison et non pas à l’autorité. Plus qu’une menace pour la démocratie, il dénonce le comportement abusif de ces parlementaires qui bafouent leur statut de contre-pouvoir et alimentent la montée des populismes en France. 

« Les parlementaires devraient se rappeler qu’ils ont une responsabilité envers le futur et que les pouvoirs qu’ils donnent à l’Etat qu’ils jugent aujourd’hui dirigés par des gens raisonnables pourront demain être utilisés par les populistes qu’ils honnissent. »

 

En outrageant notre modèle démocratique, ces députés finissent par nous décrédibiliser aux yeux du monde. La France, auto-proclamée « patrie des droits de l’Homme », n’apparaît plus en mesure de faire pression sur les régimes autoritaires. Désormais, nous sommes l’un des pays les plus condamnés par la CEDH. Le pays des Lumières commence à s’assombrir et seul un « sursaut de la classe politique » pourra sauver notre modèle libéral. 

« Quand notre pays, qui se proclame de plus en plus à tort comme la “Patrie des Droits de l’Homme”, banalise l’atteinte aux libertés fondamentales, quelle pression morale peut encore être exercée sur les régimes autoritaires ? »

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

 

Publié le 29/09/2023.

Décentralisons l’école pour de meilleurs résultats

Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber veut croire en une nouvelle chance pour l’autonomie grâce à l’entrée « métaphorique » de l’Éducation nationale dans le domaine réservé du président de la République.

 

Désormais, l’éducation appartient au Président (symboliquement en tout cas…). C’est ainsi que cette rentrée 2023 débute, sous le signe du compromis et du renouveau. En tout cas, c’est ce qu’espère farouchement Monique. Ce domaine, dans lequel se joue « la survie et l’intégrité de la nation », se trouve au coeur de tous nos débats et permettrait surtout de résoudre nombre de problématiques. Monique rappelle d’ailleurs la corrélation entre la qualité de l’éducation dispensée dans un pays et son succès économique. Face aux inégalités, elle souligne aussi le caractère social d’une politique éducative efficace : elle se fait vecteur d’ascension.

« L’éducation semblerait être devenue le couteau suisse permettant de remédier à tout ce qui ne va pas chez nous : les fausses informations, la mobilité sociale enrayée, la séduction du populisme, le regain d’influence des climato-sceptiques (…). »

 

En ces temps de mutations rapides de nos sociétés, Monique rappelle la puissance de l’éducation. Entre intelligence artificielle et disparition de nombreux secteurs, « une éducation solide facilitera les réorientations et permettra surtout d’inventer de nouveaux métiers et des formes inédites d’activités sociales ».

Plus qu’un enjeu économique, l’éducation apparaît pour Monique comme un enjeu démocratique et politique, « un enjeu national ». Elle estime que l’éducation forge et forme chaque citoyen dans une volonté de « rationalité partagée ». Pourtant, Monique s’inquiète du niveau actuel de l’école en France qui ne cesse de se dégrader et appelle à « une initiative résolue du chef de l’État ».

« Que les savoirs fondamentaux soient solidement acquis, que tous les élèves aient les mêmes chances de réussite, que les plus fragiles soient portés au plus loin de leurs capacités et que les meilleurs puissent exceller, tels sont les objectifs à atteindre. »

 

Pour ce faire, Monique liste trois solutions. Tout d’abord, l’Éducation nationale doit être décentralisée. Nos élèves ne doivent pas être victimes de leurs origines sociales. Ensuite, elle appelle à revenir aux fondamentaux : langue française, esprit scientifique, culture générale… Quant à la question épineuse de la formation des enseignants, Monique se veut flexible mais intransigeante : elle devra être « certifiée de manière indépendante au moment du recrutement ».

« La France était, disait Thibaudet, la république des professeurs, elle va bientôt devenir la république sans professeurs en raison de la dégradation de leur situation sociale et professionnelle et du manque d’exigences dans les objectifs de formation. »

 

La méthode de « l’uniformisme et du centralisme », qui a présidé à la massification scolaire dans les années 70, n’a pas fait ses preuves. Il est donc temps d’en finir. Notre présidente plaide pour une « véritable autonomie stratégique » : plus de liberté et de pouvoir de décision aux chefs d’établissement et leurs équipes. Leur faire confiance apparaît plus que nécessaire, car ils sont les plus à même de déterminer les besoins et enjeux réels sur le terrain.

« Quel beau paradoxe serait que la revendication de ce domaine réservé par le chef de l’État le conduise à reconnaître la responsabilité des acteurs de terrain dans le lieu même où l’éducation est, pour chaque élève, un défi particulier, et plus seulement une cause nationale. »

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

 

Publié le 28/09/2023.

Pornographie : réguler plutôt qu’interdire

Dans un excellent article pour AOC, notre expert Daniel Borrillo s’oppose au caractère abolitionniste du dernier rapport du Sénat sur la pornographie, au nom de la défense des libertés publiques et des droits fondamentaux. 

 

Il y a près d’un an (le 28 septembre 2022), le Sénat dévoilait un rapport intitulé « Porno : l’enfer du décor ». Ce rapport trans-partisan, porté par Laurence Rossignol, Annick Billon, Alexandra Borchio-Fontimp et Laurence Cohen, fait de la lutte contre la violence pornographique une priorité de politique publique. L’objectif est simple : abolir l’industrie du porno.

« Comme toute idéologie, le prohibitionnisme vise l’absolu (la disparition de la pornographie) et refuse tout compromis tendant à améliorer les conditions de production et distribution d’images érotiques. »

 

Daniel, juriste et fervent défenseur des droits fondamentaux, dénonce une ingérence illégitime de l’État et une « violation à la vie privée, à la liberté d’expression, à la liberté de commerce et à celle d’industrie ». Bien entendu, Daniel rejoint la lutte contre la pédopornographie et la diffusion d’images aux mineurs, ainsi que contre certains modes de fonctionnement abusifs de cette industrie. Néanmoins, il refuse les amalgames faits par les pro-abolitionnistes quant à la consommation d’images pornographiques par des adultes. 

« La lutte contre la prostitution et la pornographie (et plus généralement contre la liberté sexuelle) est menée de nos jours par des associations féministes radicales et de femmes politiques « progressistes » lesquelles prétendent imposer une morale sexuelle non pas au nom des bonnes mœurs mais en invoquant la dignité humaine. »

 

Le rapport, qui se prétend être une nouveauté dans la « bibliographie institutionnelle », propose une définition de la pornographie biaisée. Les rapporteures entretiennent une confusion entre les abus liés à ce domaine et l’activité elle-même. L’activité pornographique est assimilée à une violence systémique faite aux femmes, inscrite dans une culture du viol au sein de notre société. Daniel appelle à se détacher de cette notion de « culture du viol », qui, utilisée comme un outil militant, « transforme la violence individuelle en une arme du patriarcat pour dominer les femmes ». 

« S’il est possible de faire la distinction entre fiction et réalité lorsqu’il s’agit de films de guerre pourquoi serait-il impossible de la faire s’agissant de films de cul ? »

 

In fine, Daniel dénonce un rapport vide de propositions qui pourraient réellement améliorer les conditions de travail des acteurs. À l’image de la loi de 2016 sur le travail du sexe, la répression y est la seule solution envisagée. Une fois de plus, l’idéologie prohibitionniste choisit « l’État punitif comme arme politique ». 

« Au nom de la dignité humaine, de la protection de la jeunesse ou de la lutte contre les violences sexistes se cache une entreprise aussi paternaliste que puritaine. »

 

Du point de vue de Daniel, la pornographie devrait être considérée comme « une manifestation de la liberté d’expression ». La volonté d’abolir la pornographie serait liberticide et surtout inefficace. Daniel ne nie pas les abus dénoncés dans cette industrie mais appelle à les solutionner plutôt que d’interdire son exercice. Il souhaite donc faire entrer l’industrie de la pornographie dans le droit commun, au même titre que le travail du sexe. Entre régulation du statut des acteurs et respect de la liberté de commerce, cela permettrait ainsi de professionnaliser le secteur et d’en réduire les effets néfastes.

« Le meilleur moyen de mettre fin aux abus de l’industrie pornographie c’est de la faire entrer dans le droit commun. »

 


Pour lire l’article de Daniel, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre ouvrage « La famille par contrat », cliquer ICI.

 

Publié le 19/09/2023.

Abaya un problème

Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou s’inquiète que l’interdiction de l’abaya abîme la liberté sans pour autant contrer le développement du fondamentalisme islamique. 

 

Peu de libéraux se sont attaqués à la question épineuse de l’interdiction des abayas à l’école. Pour Sacha, les comportements individuels (ici le port de l’abaya) ne représentent pas une menace à notre République et ses valeurs. Il explique que la laïcité relève d’un « état d’esprit » et ne se réduit pas à une succession de lois, parfois perçues comme de réelles persécutions, qui vont à l’encontre de notre modèle libéral. 

« On peut douter du fait que le port d’un voile ou d’une abaya par un ou des élèves soient de nature à influencer ses camarades, ou même à nuire à l’enseignement, dont la dégradation est une vraie préoccupation pour tous les parents. »

 

Sacha s’inquiète principalement du risque d’arbitraire dans cette décision d’interdire l’abaya. En effet, comment distinguer une simple robe longue commercialisée par les grandes firmes occidentales, d’une abaya importée du Golfe ? Le critère d’appréciation relèvera donc automatiquement du « préjugé » du corps enseignant et donc, de critères purement arbitraires liés au profil des jeunes femmes qui la portent. En qualité de libéral engagé, Sacha refuse d’accorder une légitimité à cette interdiction au nom de la laïcité, puisqu’elle « vise en réalité à lutter contre une expression culturelle, ce à quoi les libéraux complets ne pourront pas se résoudre ». 

« Avec l’abaya, le risque d’arbitraire est plus présent que jamais. (…) Faudra-t-il aller jusqu’à interdire la pudeur ? »

 

S’il ne s’oppose pas au port de l’abaya, sous quelque motif que ce soit (par foi ou par pudeur), Sacha appelle à recentrer le débat sur la lutte contre le fondamentalisme. Il s’agit bien évidemment du combat principal que nous devons mener, sans accuser les jeunes filles portant l’abaya d’en faire partie mais en les protégeant d’une « stratégie de subversion de la démocratie libérale par des mouvances fréristes ou fondamentalistes » dont elles sont parfois les instruments. 

« Si l’islamisme s’accommode de la démocratie libérale tant qu’il peut retourner ses armes contre elle, elle n’a survécu nulle part où il a dominé. »

 

Sacha s’inquiète comme nous tous de la progression du fondamentalisme religieux, qui lui, met en danger notre modèle de démocratie libérale. Il appelle donc à proposer d’autres solutions, plus respectueuses de notre doctrine, qui viseraient à lutter contre l’extrémisme et ne seraient pas inscrites dans une simple « guerre culturelle ». L’objectif est de lutter contre « tout mouvement identitaire » opposé à nos valeurs démocratiques. 

« Ce jeu de rapport de force entre les provocations islamistes et les interventions législatives ne résoudra rien. (…) Par ailleurs, combattre les manifestations religieuses, c’est ne s’attaquer qu’aux symptômes. »

 

Le fondamentalisme ne pouvant être combattu par la loi, Sacha rappelle l’importance de défendre notre démocratie face à un « front anti-occidental ». Il faut renforcer notre discours occidental afin de rendre notre modèle « désirable et fédérateur ». 

« Nous devons réenchanter l’idée de la liberté comme source de progrès social et humain, faire entendre que la liberté individuelle n’est pas un déracinement mais la possibilité de revendiquer des racines complexes et entremêlées pour se soustraire au conformisme du clan. »

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

 

Publié le 15/09/2023.

D’où vient le déficit démocratique ?

Dans sa chronique de rentrée pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber invite à combler le déficit démocratique par davantage de démocratie locale et des pratiques de gouvernement plus respectueuses de l’équilibre des pouvoirs. 

 

Pourquoi les Français se sentent-ils de moins en moins engagés dans le débat démocratique de notre pays ? Question cruciale à laquelle notre présidente répond de manière « dissonante » avant que la France ne s’engage dans une éventuelle réforme institutionnelle. Monique estime que la fragilité de nos institutions n’est pas seule responsable de la baisse d’engagement des Français.

« La liberté politique est une force de modération et de contrôle opposée au pouvoir, un facteur de cohésion du corps politique et un bon antidote contre le populisme. »

 

Premièrement, les formes de participation démocratique dites « classiques » ne suffisent plus aux Français. Monique salue la mise en place de nouveaux outils démocratiques par le Gouvernement depuis 2017, comme le Grand débat national, les conventions citoyennes et le Conseil de la refondation, mais regrette qu’ils n’aient pas été suffisamment intégrés à la prise de décision politique.

« Nous voulons être une partie d’un peuple souverain dont la voix légitime l’action de ses gouvernants. C’est pourquoi, privés d’expression, de faculté de choix, de capacité de délibérer, d’influencer l’action publique et de reconnaître notre contribution, nous n’aurions ni citoyenneté ni liberté politique. »

 

Pour elle, la question de « la responsabilité du gouvernement devant les représentants du peuple » doit aussi être soulevée. La souveraineté parlementaire se voit bafouée et la logique d’équilibre des pouvoirs n’est plus respectée. Il faut que le Premier ministre s’empare à nouveau de son pouvoir afin d’avoir un réel poids politique. Monique appelle donc à responsabiliser à nouveau, dans leurs rôles respectifs, les différents pouvoirs : Assemblée nationale, Premier ministre et gouvernement, président de la République.

« Le déficit démocratique ne s’explique pas seulement par l’inadaptation des institutions, mais aussi par la difficulté qu’a le Parlement à remplir sa fonction et l’affaiblissement du rôle du Premier ministre, responsable devant le Parlement pour défendre la politique de son gouvernement. »

 

Enfin, Monique appelle à donner davantage de capacité de décision aux pouvoirs locaux pour favoriser l’expression naturelle et première des citoyens à l’échelle locale. En s’appuyant sur Montesquieu, notre présidente poursuit le combat de GL pour la subsidiarité ascendante.

« N’oublions pas de plus que l’expression politique des citoyens étant d’abord locale, elle est surtout formée, exercée et entretenue par des engagements de proximité, dans sa commune et son département. Le meilleur moyen de la vivifier est de donner davantage de capacité de décision aux pouvoirs locaux. »

 


Pour lire la chronique de notre présidente, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Décentraliser par la subsidiarité ascendante », cliquer ICI.

 

Publié le 12/09/2023.

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