Trop de bureaucratie tue la démocratie

« Droit à la subsistance » contre RSA conditionné, défense de l’immigration et opposition à la reconnaissance faciale pour les JO… : en débat avec la Défenseur des Droits Claire Hédon, notre fondateur Gaspard Koenig appelle à lutter contre la bureaucratie pour sauver nos libertés.

 

Pour commencer, Gaspard dénonce le RSA conditionné à 15 heures d’activité obligatoires. Le philosophe remarque qu’en France, la tendance est d’insister de plus en plus sur les devoirs et de moins en moins sur les droits. Pourtant, Gaspard rappelle que nos droits politiques sont inconditionnels et absolus, même s’ils impliquent parfois une restriction de certaines actions. Il dénonce « une mauvaise forme de paternalisme ».

« Le discours actuel de l’ensemble de la classe politique, en ce qui concerne les droits et les devoirs des citoyens, est totalement fou par rapport à l’État de droit. »

 

Gaspard appelle à laisser tout individu qui le souhaite « vivre dans sa marge », car notre société libre se doit de respecter les valeurs et différences de chacun pour ainsi vivre en harmonie. Selon Gaspard, notre diversité est un « acquis de nos démocraties » et un progrès pour l’Humanité. Il explique ainsi s’opposer au fameux discours de « l’imposition forcée » de valeurs communes et républicaines qui ne sert, in fine, que de prétexte à une verticalité décisionnelle et nous éloigne de notre idéal de société.

Notre fondateur soulève qu’en France nombres d’études et de réflexions ont démontré que l’attachement à la liberté s’effrite un peu. En effet, deux français sur trois seraient prêts à céder en matière de libertés publiques et/ou individuelles si la sécurité du pays est en jeu et lorsqu’on évoque le triptyque de la République française, l’égalité et la fraternité devancent bien largement la liberté.

« Sur le plan de la société politique, nous avons des droits sans contre-partie, c’est même le fondement de nos démocraties. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ça n’est pas la Déclaration des Droits et des devoirs du Citoyen. »

 

Aussi, notre fondateur se penche sur les écrits de Thomas Paine, qui en 1796, a analysé la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce dernier a soulevé un droit fondamental manquant : le droit à la subsistance. Selon la définition de Gaspard, il s’agit là d’un droit « réel plutôt que formel ». Chaque citoyen a besoin d’un minimum vital qui sécurise son existence dans ce qu’elle a de plus biologique. Ainsi, Gaspard défend notre proposition de revenu universel, « absolu et sans contre-partie ».

Si Gaspard reconnaît que la mise en place successive d’allocations telles que le RSA ou encore le RMI est un progrès, il dénonce la récente « conditionnalisation » du RSA nous fait rebrousser chemin. Gaspard s’oppose à l’idée qu’on octroie une aide seulement avec une contre-partie. Cela tend à enfermer les allocataires dans leur statut de « pauvres » et les empêche de se libérer et de s’émanciper.

« Ce droit à la subsistance est le début d’un concept qu’on retrouve chez Thomas Paine, qui est le revenu universel, le droit absolu et sans contre-partie d’avoir un minimum vital. »

 

Gaspard appelle à la simplification ! Pour lui, chaque droit devrait être « compréhensif et simple » pour chaque citoyen. La question de la bureaucratisation est une des questions centrales de notre société, « une question existentielle ». Derrière cette pression normative se cache en réalité une volonté de la part de l’État d’avoir plus de contrôle et de se préserver du risque. Gaspard estime que nous sommes arrivés à un stade de saturation tel que le politique ne peut plus changer. Le paradigme politique en place nous pousse vers toujours plus de complexité, toujours plus de normes, et finalement, toujours plus d’inégalités. En effet, les moins touchés sont les individus proches des sources de pouvoir et d’information. Les premières victimes sont les « individus au bout de la chaîne »…

« Cette inflation normative génère des inégalités profondes. Le problème administratif n’est pas un problème de bourgeois, c’est un problème de justice sociale. »

 

Pour le philosophe, l’immigration représente aujourd’hui la question bureaucratique par excellence. Il souligne le paradoxe que « pour travailler il faut des papiers, mais pour avoir des papiers il faut travailler ». Entre illégalité et arbitraire, notre système ne facilite pas l’arrivée et l’accueil digne et efficace des étrangers sur notre sol.

« Généralement, quand on a traversé des mers et qu’on arrive dans un pays, on veut bosser, pas glander au RSA. »

 

Pour finir, Gaspard s’inquiète des dangers de l’intelligence artificielle. En ce qui concerne la bureaucratie, l’IA est une ennemie : elle permet en réalité d’augmenter et de complexifier les normes. Il se penche sur la question de l’utilisation de caméras à reconnaissance faciale lors des JO. Pour Gaspard, pas de débat : il s’y oppose fermement ! À l’aune des écrits de Tocqueville et Graeber, Gaspard veut lutter contre « le despotisme démocratique, à l’ombre des libertés fondamentales et de la souveraineté du peuple ». Même si nos lois sont démocratiquement décidées, elles nous contraignent dans l’exercice de nos libertés. Le degré d’intrusion du droit dans nos vies est donc un levier à reconsidérer.

« Le but d’une société libre est de laisser quiconque le souhaite marcher à contre-sens. » 

 


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Publié le 03/10/2023.

Légalisation du cannabis : après l’Allemagne, la France ?

Au micro de la radio belge RTBF, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou se félicite de l’avancée de nos voisins allemands vers la légalisation du cannabis. La France, bientôt cernée, saura-t-elle trouver la voie de la raison (libérale) ?

 

L’Allemagne veut instaurer des « cannabis social club », c’est-à-dire des lieux de pratique collective de l’auto-culture. Il s’agit en réalité d’un pas de plus vers l’objectif réel : la mise en place d’un modèle plus industriel comme aux États-Unis ou au Canada. L’Allemagne (tout comme les Pays-Bas et le Danemark) a d’ailleurs inscrit dans son projet de loi une expérimentation de ce mode de consommation. Néanmoins, la Commission européenne y est fermement opposée, au nom du droit communautaire et international. Sacha espère que cette décision allemande fera avancer le débat en Europe.

 

À visée avant tout sanitaire et sécuritaire, ce modèle industriel ferait reculer le crime organisé et le trafic de stupéfiants. En effet, le prix de vente devrait concurrencer le prix du marché noir. Sacha rappelle donc que les pays ayant mis en place ce genre de réformes se sont vus améliorer leur sécurité ainsi que leur qualité de santé publique. Quant aux jeunes (18-21 ans), il apparaît nécessaire de les protéger car on estime que leur cerveau est encore en formation jusqu’aux 25 ans. Pourtant on s’aperçoit que les jeunes fument plus, et ce, de plus en plus tôt. Il faut donc limiter leur accès au cannabis (autorisation de 30g par mois). La limitation est aussi valable pour les adultes, car ces cannabis social club vont permettre d’apporter des moyens de contrôle à cette culture (exigeante) du cannabis et au respect des bonnes pratiques. Il s’agit là du principal enjeu de cette réforme sur le plan sanitaire.

 

Sacha se penche aussi sur les conventions internationales qui entourent la consommation de cannabis, notamment la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. À la suite de la Guerre de l’Opium, les États-Unis ont connu un tournant puritain et ont été les instigateurs de cette convention. L’Union européenne avait ainsi calqué les obligations internationales de ses membres sur cette convention par une décision du Conseil en 2014. Ainsi, le droit prévoit que les États membres se doivent de réprimer les trafics de stupéfiants, mais cette convention prévoit aussi une exception concernant l’auto-culture. Le droit international étant souvent une question de rapport de force, les interprétations des conventions sont multiples. Ainsi, Sacha nous explique que même si la convention interdit de fait le modèle industriel, cette interdiction n’est pas vraiment explicite et visait initialement avant tout à marginaliser les pays producteurs (Afghanistan, Colombie…).

 

Aux yeux de Sacha, la France risque d’être confrontée à un problème de taille à l’avenir car nombre de ses voisins vont légaliser le cannabis récréatif. D’ici cinq ans, nous serons cernés de pays qui auront avancé vers la voie de la légalisation car il s’agit d’une tendance de fond pour tous les membres de l’Union européenne. Pourtant, le journaliste qui interroge Sacha s’inquiète de certaines dérives et le questionne sur l’« effet d’aubaine » à la suite de la légalisation, notamment pour la consommation d’autres drogues. Sacha est plutôt optimiste car une étude menée dans l’État de Washington a montré la diminution générale de la consommation d’autres substances lorsque le cannabis était autorisé.

 


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Publié le 02/10/2023.

Pornographie : réguler plutôt qu’interdire

Dans un excellent article pour AOC, notre expert Daniel Borrillo s’oppose au caractère abolitionniste du dernier rapport du Sénat sur la pornographie, au nom de la défense des libertés publiques et des droits fondamentaux. 

 

Il y a près d’un an (le 28 septembre 2022), le Sénat dévoilait un rapport intitulé « Porno : l’enfer du décor ». Ce rapport trans-partisan, porté par Laurence Rossignol, Annick Billon, Alexandra Borchio-Fontimp et Laurence Cohen, fait de la lutte contre la violence pornographique une priorité de politique publique. L’objectif est simple : abolir l’industrie du porno.

« Comme toute idéologie, le prohibitionnisme vise l’absolu (la disparition de la pornographie) et refuse tout compromis tendant à améliorer les conditions de production et distribution d’images érotiques. »

 

Daniel, juriste et fervent défenseur des droits fondamentaux, dénonce une ingérence illégitime de l’État et une « violation à la vie privée, à la liberté d’expression, à la liberté de commerce et à celle d’industrie ». Bien entendu, Daniel rejoint la lutte contre la pédopornographie et la diffusion d’images aux mineurs, ainsi que contre certains modes de fonctionnement abusifs de cette industrie. Néanmoins, il refuse les amalgames faits par les pro-abolitionnistes quant à la consommation d’images pornographiques par des adultes. 

« La lutte contre la prostitution et la pornographie (et plus généralement contre la liberté sexuelle) est menée de nos jours par des associations féministes radicales et de femmes politiques « progressistes » lesquelles prétendent imposer une morale sexuelle non pas au nom des bonnes mœurs mais en invoquant la dignité humaine. »

 

Le rapport, qui se prétend être une nouveauté dans la « bibliographie institutionnelle », propose une définition de la pornographie biaisée. Les rapporteures entretiennent une confusion entre les abus liés à ce domaine et l’activité elle-même. L’activité pornographique est assimilée à une violence systémique faite aux femmes, inscrite dans une culture du viol au sein de notre société. Daniel appelle à se détacher de cette notion de « culture du viol », qui, utilisée comme un outil militant, « transforme la violence individuelle en une arme du patriarcat pour dominer les femmes ». 

« S’il est possible de faire la distinction entre fiction et réalité lorsqu’il s’agit de films de guerre pourquoi serait-il impossible de la faire s’agissant de films de cul ? »

 

In fine, Daniel dénonce un rapport vide de propositions qui pourraient réellement améliorer les conditions de travail des acteurs. À l’image de la loi de 2016 sur le travail du sexe, la répression y est la seule solution envisagée. Une fois de plus, l’idéologie prohibitionniste choisit « l’État punitif comme arme politique ». 

« Au nom de la dignité humaine, de la protection de la jeunesse ou de la lutte contre les violences sexistes se cache une entreprise aussi paternaliste que puritaine. »

 

Du point de vue de Daniel, la pornographie devrait être considérée comme « une manifestation de la liberté d’expression ». La volonté d’abolir la pornographie serait liberticide et surtout inefficace. Daniel ne nie pas les abus dénoncés dans cette industrie mais appelle à les solutionner plutôt que d’interdire son exercice. Il souhaite donc faire entrer l’industrie de la pornographie dans le droit commun, au même titre que le travail du sexe. Entre régulation du statut des acteurs et respect de la liberté de commerce, cela permettrait ainsi de professionnaliser le secteur et d’en réduire les effets néfastes.

« Le meilleur moyen de mettre fin aux abus de l’industrie pornographie c’est de la faire entrer dans le droit commun. »

 


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Publié le 19/09/2023.

Ni woke ni antiwoke

Dans sa chronique pour L’Opinion, notre ancien directeur Maxime Sbaihi s’oppose au wokisme comme à l’antiwokisme et dénonce une logique mortifère où la radicalité répond à la radicalité, empêchant la nuance et le débat d’idées. 

 

Pour Maxime, le wokisme est une idéologie qu’il faut combattre. Ce « totalitarisme déguisé en progressisme » dont la « pierre angulaire est l’intolérance » s’attaque directement à la liberté d’expression et s’oppose au débat d’idées.

Cependant, pour le chroniqueur, le mouvement fait l’objet d’une attention disproportionnée là où les sondages montrent que la plupart des Français ne s’intéressent pas au sujet, tant son « fond biologisant et déterministe est en contradiction avec les valeurs des Lumières et de notre universalisme républicain » français. Et même aux États-Unis, le mouvement semble faiblir.

« Tous ces anti-wokistes autoproclamés finissent par adopter les mêmes méthodes et attitudes qu’ils prétendent combattre. […] Le piège du wokisme est de convertir, à l’usure, certains de ses détracteurs aux réflexes de l’illibéralisme et de l’intolérance. »

 

Face au mouvement, une opposition s’est constituée autour de l’antiwokisme. Pourtant, loin de promouvoir le dialogue et l’ouverture d’esprit, cette opposition se cristallise autour de figures qui souhaitent interdire la pensée woke pour la combattre, soit appliquer les mêmes méthodes que celles qu’ils disent combattre.

Dans les rangs trumpistes jusqu’à Ron DeSantis, aux États-Unis, au nom de l’antiwokisme on interdit des livres et restreint la liberté d’expression. Inquiétant, en France, Marine le Pen semble avoir pris la décision de mener ce combat en France. Le débat public se retrouve ainsi parasité par une confrontation entre deux extrêmes qui ne supportent plus la nuance et la modération. Face au wokisme, il faut donc résister au piège de la radicalité inverse sans abandonner le terrain de la bataille des idées.


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Pour lire notre rapport « Pour rétablir la liberté d’expression », cliquer ICI.

 

Publié le 21/06/2023.

Retraites : bilan d’une démocratie abimée

« La démocratie française a-t-elle été abimée ? » Notre présidente Monique Canto-Sperber répond « oui » à la question de Patrick Cohen dans l’émission L’Esprit public, en compagnie de Vincent Martigny, Dominique Schnapper et Bastien François sur France culture

 

Si Monique ne remet pas en cause la nature démocratique des procédés qui ont été employés par le Gouvernement pour faire passer la réforme des retraites, elle reconnaît toutefois volontiers que la pratique actuelle de la démocratie n’est pas idéale.

D’abord, elle regrette le « pluralisme » actuel qui prend la forme d’une  « prise en tenaille » du parti de la majorité par deux partis « qu’on qualifie d’extrémiste » et ainsi « oppose le raisonnable à l’extrémisme » et empêche toute la variété des opinions de la société française de se reconnaître au sein de l’Assemblée.

Par ailleurs, elle s’interroge sur l’exercice proprement « libéral » du pouvoir démocratique : bien que le problème ne soit pas propre à la France, elle déplore la personnalisation du pouvoir qui amène à une centralisation et une « dérive décisionnaire » de l’exercice du pouvoir politique. Face à l’affaiblissement du Parlement, il faut « construire une légitimité politique qui dépasse la légitimité procédurale ».

« Notre pluralisme n’est pas à mes yeux le pluralisme idéal car c’est un pluralisme qui oppose le raisonnable à l’extrémisme. La diversité de la société française ne se reconnaît pas dans ce type d’Assemblée qui est manifestement incapable de traiter la conflictualité des opinions. »

 

Monique poursuit en rappelant qu’ « une Assemblée est construite sur des partis ». Or « nous avons un parti majoritaire dont on se demande encore quel en est la ligne directrice, quelle en est l’histoire, quelles en sont les valeurs ». Dans leur fonctionnement, Renaissance comme LFI sont adossés à une personnalité ce qui, selon elle, prive l’Assemblée d’un véritable pluralisme. Par ailleurs, compte tenu du dilemme que présentaient les deuxièmes tours des élections de 2017 et 2022, il lui semble discutable de conclure des résultats des votes une pleine adhésion du peuple aux idées du parti de la majorité.

« Nous avons un gouvernement bienveillant : mais imaginez qu’un gouvernement beaucoup plus autoritaire et avec d’autres intentions arrive au pouvoir : les pratiques sont établies, le frayage est fait. C’est un message assez inquiétant à présenter. »


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Publié le 12/06/2023.

Twitter / Musk vs. Barrot : laissons parler les imbéciles !

Notre chargé d’études Rafaël Amselem et notre directeur Christophe Seltzer réagissent aux menaces d’interdiction de Twitter proférées par le ministre Jean-Noël Barrot dont ils critiquent le caractère liberticide et contreproductif.

 

Dans sa tribune autour Le Figaro, Rafaël note le caractère illusoire de la mesure : en voulant interdire Twitter si jamais l’entreprise refuse de se conformer aux normes européennes en matière de désinformation en ligne, le Gouvernement a l’espoir d’endiguer la propagation des fausses informations. Cependant, comme le note notre chargé d’études, « les fausses informations n’ont pas besoin de Twitter pour prospérer » et « les professeurs du complotisme trouveront d’autres endroits, comme ils l’ont toujours fait, et leur audience les suivra, comme elle l’a toujours fait ». En attaquant Twitter, le Gouvernement se trompe de cible : plutôt que d’attaquer ceux qui propagent de fausses informations, il s’en prend à l’espace de parole en lui-même.

 

« Peut-être serait-il plus judicieux de s’attaquer aux dérives sectaires plutôt que de menacer des plateformes traversées par des discours pluriels. » – Rafaël Amselem

Au-delà de l’inutilité de la réforme, Rafaël voit dans la menace proférée par Jean-Noël Barrot le renforcement du contrôle de l’exécutif sur la liberté d’expression. Face au despotisme qu’impose Elon Musk chez Twitter, le Gouvernement réagit de la même manière en voulant imposer ses propres règles : les deux coercitions « convergent ainsi dans un conflit liberticide, qui n’a d’autre victime que l’expression publique et les principes si essentiels de la démocratie libérale ».

 

« En se présentant comme le rationnel par défaut, le gouvernement s’autorise la détermination du cadre de l’expression publique. » – Rafaël Amselem

De son côté, Christophe développe les arguments de la tribune de Rafaël dans un entretien accordé à CNEWS. Face à la volonté populiste de « s’ériger en temple de la raison » en menaçant d’interdire la plateforme, Christophe rappelle néanmoins, suivant les principes de John Stuart Mill, la nécessité de lutter contre les propos insultants, diffamants et incitant à la violence. Pour ce faire, il préconise plutôt de faire respecter les dispositions du Code pénal en la matière sur les réseaux. Il souligne par ailleurs que tout n’est pas à jeter dans le règlement européen à venir, notamment en matière d’encadrement des algorithmes.

 

https://twitter.com/GLthinktank/status/1665796675410042886?s=20

 

« Notre premier sujet est de permettre à toutes les opinions d’exister afin que quand un imbécile s’exprime quelqu’un puisse lui opposer des arguments en face. » – Christophe Seltzer


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

Pour regarder l’entretien de Christophe, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Pour rétablir la liberté d’expression », cliquer ICI.

 

Publié le 06/06/2023.

Écologie : les incitations de marché contre la planification d’État

Dans un débat sur RTL chez Yves Calvi, notre directeur Christophe Seltzer condamne la proposition de Jean-Marc Jancovici de limiter le nombre de vols à 4 par vie et défend un système d’incitations par le prix et le marché.  

 

Face à la « planification écologique » et à l’interdiction proposée par Jean-Marc Jancovici sur lesquels reviennent les invités de l’émission, Christophe défend une autre voie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, fondée sur la généralisation d’une tarification carbone. Dans la lignée de notre tribune intitulée « Les enjeux climatiques ne se réduisent pas à ceux de la justice sociale », il montre qu’en internalisant nos émissions de gaz à effet de serre dans le prix de tous nos biens et services, on inciterait d’une part les consommateurs à choisir massivement les produits les moins émetteurs et inciterait d’autre part les entreprises à réduire efficacement leurs émissions afin de maintenir des prix compétitifs.

 

https://twitter.com/seltzer_c/status/1664211757248700419?s=20

 

À cela s’ajoute en plus un effet pédagogique permettant au consommateur d’avoir connaissance de l’impact climatique, bien souvent flou, des produits qu’il achète. Afin de ne pas pénaliser les plus pauvres, et de laisser tous les consommateurs arbitrer eux-mêmes d’un point de vue monétaire et écologique entre leurs préférences, notre directeur propose un système de redistribution des recettes générées à tous les Français. Comme l’explique notre expert François-Xavier Oliveau sur Twitter, « les recettes étant rendues intégralement aux citoyens sur une base égalitaire, le mécanisme est naturellement redistributif et ne réduit pas le pouvoir d’achat ».

 

« La logique derrière est : parce que le prix est plus élevé, la consommation va se transformer et la production aussi. On va ainsi pouvoir atteindre l’objectif qu’on vise sans passer par une planification par le haut et sans imposer aux gens des choix qu’ils peuvent arbitrer par eux-mêmes » – Christophe Seltzer  

Toujours sur Twitter, dans un long thread, François-Xavier revient sur le rapport Pisani-Ferry du 22 mai 2023 qui propose un programme à ses yeux très vertical de planification écologique. Il met en évidence ce qui selon lui s’apparente à des coûts liés non à la transition écologique en elle-même, mais aux coûts supplémentaires qu’induit le choix de la planification. Pour ce faire, il se fonde sur l’analyse du coût d’abattement indiqué par le rapport, soit le prix à dépenser pour éviter l’émission d’une tonne équivalent CO2. Remarquant que ce coût d’abattement est près de 12 fois supérieur dans les estimations du Gouvernement à celui calculé par le GIEC, il souligne le caractère disproportionné de ces coûts qu’il attribue davantage au choix d’une planification qu’à la transition elle-même. Il préconise bien davantage une autonomie des secteurs pour déterminer eux-mêmes où concentrer leurs efforts en matière d’écologie plutôt que de confier à l’État la tâche de tout vouloir gérer.

 

 

De son côté, dans une tribune signée en mars 2023 pour les Échos, Guillaume Bazot, qui travaille avec d’autres sur notre rapport à paraître en faveur de la tarification carbone, revient sur la distinction entre le combat de la justice sociale et celui de la justice climatique. Il distingue ainsi entre deux luttes qui n’ont selon lui pas les mêmes objectifs. Il montre d’abord l’absurdité de vouloir redistribuer les richesses des plus aisés pour réduire les émissions carbone, car cela ne ferait que faire dépenser à d’autres le carbone qu’ils consomment déjà. Il rappelle par ailleurs que « les rejets de GES par euro de revenu sont moins élevés chez les plus aisés ».

 

« Le rapport de France Stratégie a finalement un immense mérite : il suggère qu’en matière d’écologie, ce n’est pas tant la transition qui coûte cher que la planification. » – François-Xavier Oliveau


Pour voir le débat, cliquer ICI.

Pour lire la tribune de Kevin Brookes et Jean-François Thibault « Lutter contre le réchauffement climatique ne doit pas être antisocial », cliquer ICI.

Pour lire l’argumentaire de François-Xavier Oliveau sur les coûts d’abattement, cliquer ICI.

Pour lire la chronique de Guillaume Bazot sur les objectifs climatiques et la justice sociale, cliquer ICI.

Pour découvrir notre rapport « Supprimer les subventions aux énergies fossiles », cliquer ICI.

 

Publié le 02/06/2023.

La matinale de France Culture autour de GenerationLibre

Tous deux invités par Guillaume Erner pour la matinale de France Culture, notre présidente Monique Canto-Sperber et notre fondateur Gaspard Koenig explorent les ressorts de la crise démocratique et présentent les grands combats du libéralisme porté par GenerationLibre.

 

Pour Gaspard, la crise actuelle n’est plus seulement sociale, mais bel et bien institutionnelle. Nos institutions sont affaiblies par un hyperprésidentialisme à son apogée et un manque de compromis démocratique. Monique affirme que cette séquence des retraites « laissera des traces ». Elle dénonce l’inefficacité du Gouvernement dans sa manière de procéder et un dysfonctionnement profond dans la fabrique d’un consensus. 

 

« On se trouve devant un conflit de légitimité institutionnelle entre un Président qui a été élu sur cette réforme et un Parlement qui aurait refusé de la voter. Ce conflit de légitimité est au coeur de nos institutions de la Ve République, qui n’est franchement pas très démocratique. » – Gaspard Koenig

Pour Gaspard, les citoyens n’ont plus le sentiment d’être écoutés et sont privés de leur capacité de délibérer. Il appelle à abolir l’élection présidentielle au suffrage universel direct, qu’il juge « profondément illibérale ». Monique dénonce un exercice du pouvoir extrêmement concentré ces dix dernières années, qui ne laisse plus la place au pluralisme et au compromis. Pour construire une proposition politique qui soit à la fois efficace et légitime, il est nécessaire de parfaitement préparer sa réforme et surtout la justifier. 

 

« Aujourd’hui, la Ve République prive l’être-humain de sa capacité de délibérer, ce qui est le principe non seulement de la démocratie mais aussi de toutes les sociétés humaines. » – Gaspard Koenig

Il apparaît urgent de rétablir une véritable démocratie libérale : laisser plus de place au pluralisme politique et maximiser toutes les libertés individuelles. Pour Gaspard et Monique, le libéralisme n’est pas un dogme utilitariste mais plutôt une pensée complète de l’exercice de toutes les libertés et de la légitimité de l’exercice de l’État. Monique explique que nos idées libérales ne se réduisent pas à ce que d’aucuns appellent néo-libéralisme, une liberté économique sans règles. Le marché libre, dont elle rappelle la nécessité pour une démocratie libérale, ne doit constituer qu’un moyen et non une fin de l’exercice de l’ensemble des libertés.

 

« Dans un marché libre, du moins défini théoriquement, chacun fait la preuve de sa valeur. Le marché libre désintègre les positions d’autorité, les privilèges acquis, les prétendues légitimités historiques qui faussent la concurrence. Le marché est un extraordinaire révélateur de la valeur des choses. » – Monique Canto-Sperber

Notre fondateur et notre nouvelle présidente rappellent tous deux les fondamentaux du libéralisme défendu par GenerationLibre : défense des libertés individuelles, décentralisation, confiance dans les initiatives locales, prise en compte des oppositions et questionnement constant sur la légitimité de l’exercice de l’État. Ils défendent nombre de nos propositions. Gaspard défend une tarification carbone systématique pour prendre en compte les externalités négatives : plutôt que les interdictions, il préfère intégrer le dommage écologique au prix. Il défend également notre proposition de retraite à la carte sans âge légal de départ. Enfin, il évoque notre combat pour la subsidiarité ascendante : il souhaite redonner au plus petit échelon la maitrise de ses compétences car pour lui le manque de décentralisation est au coeur de la crise actuelle.

 

« Le libéralisme pour moi, c’est faire en sorte que la liberté arrive dans la vie des plus pauvres. » – Monique Canto-Sperber


Pour écouter l’émission, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Décentraliser par la subsidiarité ascendante », cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Pour une révolution normative », cliquer ICI.

 

Publié le 03/05/2023.

La Chine, une menace pour la liberté dans le monde ?

Au micro de France Culture, notre présidente Monique Canto-Sperber s’inquiète de la menace que représente la Chine pour l’ordre international.

 

Notre présidente réagit au déplacement d’Emmanuel Macron et d’Ursula Von der Leyen en Chine. Certes, en matière de lutte contre l’altération climatique la Chine est un partenaire important. Néanmoins, lors de ce déplacement, la présidente de la Commission Européenne a rappelé la rivalité profonde entre la Chine et l’Occident. Monique définit la Chine comme « une rivale systémique » qui plaide pour un changement profond de l’ordre international se plaçant, bien évidemment, au centre de ce nouvel équilibre.

 

« La vision internationale de la Chine est une vision de grande puissance. »

Monique se dit frappée par l’attitude de la Chine, notamment par la manière dont elle « pervertit et utilise les concepts fondamentaux du langage normatif de notre ordre international ». La Chine définit ses positions politiques à travers le point de vue d’une grande puissance : tout est question de pouvoir, de force et de souveraineté. La Chine ne semble parler de droits de l’Homme que pour asseoir une nouvelle forme de colonialisme au service du développement socio-économique plutôt que pour défendre les libertés fondamentales.

 

« Il ne faut pas s’avancer vers une paix au rabais en Ukraine. Si notre modèle international doit évoluer, c’est autour de valeurs communes et intangibles. »

Monique s’exprime aussi sur l’évolution de la législation de la fin de vie. Pour elle, même si la décision de mettre fin à ses jours n’appartient qu’à soi, elle s’inscrit dans un système de normes juridiques et collectives. Ainsi, il faut que la proposition de loi soit justifiée par le législateur.

 

« Le devoir du législateur est d’apporter des arguments assez forts pour arriver à créer une légitimité de la loi, même auprès de ceux qui ne sont pas d’accord. »


Pour écouter l’émission, cliquer ICI.

 

Publié le 11/04/2023.

La BRAV-M contre l’État de droit ?

Dans un entretien pour Atlantico, notre directeur Christophe Seltzer et notre chargé d’études Rafaël Amselem reviennent ensemble sur la crise politique que nous traversons et proposent une réforme des institutions. Sur Sud Radio, Rafaël dénonce les pratiques arbitraires et dérangeantes de la BRAV-M et demande sa dissolution. 

 

Notre équipe l’atteste : la crise institutionnelle n’est pas nouvelle, elle a simplement été amplifiée par le passage en force de cette réforme des retraites. En effet, l’équilibre des pouvoirs n’est désormais plus qu’un leurre dans notre démocratie. La Constitution de la Ve République consolide le pouvoir exécutif, hyper-présidentialise le régime et in fine, déresponsabilise les autres acteurs institutionnels, à commencer par le Parlement.

 

« Qui, dans le camp « raisonnable » va avoir le courage de proposer aux Français une modification de la Constitution pour revitaliser des institutions bloquées ? »

Rafaël et Christophe soutiennent que la verticalité du pouvoir présidentiel affaiblit nos institutions. A un niveau paroxystique, l’image de l’hyper Président de la République affronte celle de la souveraineté populaire. Néanmoins, ils ne jettent pas la pierre à Emmanuel Macron, qui hérite de cette situation institutionnelle de fait. Ils pointent le « poison lent » de l’hyper-présidentialisme qui a tué l’esprit originel de la Constitution de 1958.

 

Macron n’est pas responsable de la situation constitutionnelle du pays dont il hérite en 2017. La Constitution est amochée depuis vingt ans, sinon soixante ans, puisque a été perdu l’équilibre plus subtil qui avait été trouvé en 1958 entre les pouvoirs exécutif et législatif. 

Nos porte-paroles sont attristés des réactions de la classe politique face à cette crise. Ils dénoncent leur silence qui accentue le malaise démocratique. Selon Rafaël, qui s’inquiète aussi de la violence contre les hommes politiques, nous basculons dans une « culture de la honte. »

 

« Parce que la pratique du pouvoir en France est personnelle, le débat politique se structure autour de clivages qui visent les personnes. Un tel système débouche inévitablement sur de l’animosité et de la violence. »

Dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites, le ministre de l’Intérieur a missionné la BRAV-M pour lutter contre les manifestants violents. Rafaël dénonce la pratique arbitraire du maintien de l’ordre, par une brigade déjà maintes fois comparée aux anciens Voltigeurs.

 

« Il est nécessaire pour le maintien de l’ordre et pour l’état de droit de dissoudre cette brigade de flics voyous et de dénoncer la passivité du Ministre de l’Intérieur. »

Rafaël rappelle la vocation première des forces de l’ordre : être au service d’une vraie mission de sécurité et protéger les libertés publiques dans l’état de droit. Il questionne ce rapport systématiquement conflictuel entre la police et les manifestants.

 

« Cette passion sécuritaire n’est pas du tout au service de la sécurité, au contraire, elle participe à créer du clivage et de la confrontation avec les manifestants. »


Pour lire l’entretien dans Atlantico, cliquer ICI.

Pour écouter l’intervention de Rafaël sur Sud Radio, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport  « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.

 

Publié le 27/03/2023.

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