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“La liberté est une construction collective”- Gaspard Koenig

“La liberté est une construction collective”- Gaspard Koenig

Invité par Rebecca Fitoussi sous le dôme du Sénat dans l’émission « Un monde, un regard » (Public Sénat), Gaspard Koenig détaille sa conception de la liberté. Contre le paternalisme ambiant et la complexité de notre société, il prône l’autonomie des individus et appelle à la simplification normative.

 

Pour Gaspard, l’idée développée par les philosophes des Lumières selon laquelle les hommes seraient en pleine volition dans un état de nature avant qu’un contrat social ne vienne les lier entre eux est un mythe. Au contraire, il estime que la liberté est une construction sociale. Les anthropologues nous ont montré que l’homme naît d’emblée en société. Se référant aux préceptes d’un libéralisme classique occidental, il pense que l’État a un rôle à jouer pour émanciper les individus en engageant une dialectique qui lui permette d’émanciper les individus de lui-même en leur donnant les moyens d’être aussi autonomes que possible.

Si l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen était réellement appliqué aujourd’hui beaucoup de choses seraient changées. En effet, affirmer comme le fait cet article qu’il est possible de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui est la définition la plus libérale de la liberté car s’il on ne peut pas faire ce qui nuit à autrui, il est en revanche possible de faire ce qui me nuit à moi-même. La France a renoncé à ce principe depuis les années 70 et la jurisprudence du Conseil d’État consistant à protéger l’individu contre lui-même. Matérialisé dans le débat d’antan sur le port de la ceinture obligatoire, l’abandon de ce principe se révèle très pernicieux et conduit au paternalisme actuel qui refuse d’accorder sa confiance à l’individu y compris avec l’aide d’intelligences artificielles qui l’orientent et jugent qu’il n’est pas capable de connaître ses propres préférences.

« La liberté est toujours quelque part contre le pouvoir, contre ce qui est officiel. »

Interrogé sur les mesures sociétales qu’il prône – légalisation du cannabis et du travail du sexe – et la capacité qu’ont les individus à faire des choix éclairés, Gaspard rappelle qu’en société l’objectif de l’État est justement de s’assurer du développement de l’autonomie de l’individu. Intellectuellement cela passe par l’éducation et doit matériellement se traduire par la mise en place d’un revenu universel – donner à chacun les moyens de subvenir à ses besoins de façon inconditionnel – qui donne aux gens les moyens de leur libre arbitre en supprimant l’argument de la contrainte économique.

Gaspard réaffirme qu’il n’est pas pour le port du birkini mais qu’il se positionne contre son interdiction. Si le port du birkini pose pas la question du libre arbitre, Gaspard juge que le problème est que l’on entre dans l’intimité de la conscience et que ces questionnements aussi légitimes soient-ils ne peuvent être résolubles par la loi. En ce sens, il se réfère à la conception libérale de la laïcité exprimée par l’historien Jean Baubérot pour qui cette question a été tranchée dans la loi de 1905 en permettant à chacun d’exprimer sa religion librement dans l’espace public. Il rappelle à ce titre qu’en 1905 les parlementaires avaient pris le soin de pas interdire le port de la soutane dans la rue. Toute critique nécessaire de la religion en tant qu’aliénation ne peut venir de l’État mais doit se reporter dans le débat intellectuel civil. Pour Gaspard, il sera d’autant plus facile de critiquer la religion d’être humain à être humain qu’on s’assurera que l’État ne légifère pas sur ces questions et se contentera de rester dans son rôle : assurer la coexistence pacifiée entre les individus d’une même société.

« La simplification est un sujet de justice et d’État de droit car elle conduit à l’intelligibilité de la loi par tous les citoyens. »

Enfin, sur son engagement en faveur de la simplification normative et fiscale, il estime que la question de la complexité est au cœur des problèmes du pays car la bureaucratisation engendre une forte privation de liberté. Il est nécessaire d’engager une réflexion fondamentale sur cette question puisqu’elle créer des injustices entre ceux qui sont proches des centres de pouvoir et ceux qui s’en trouvent éloignés. Les grandes entreprises et leurs lobbys ne rencontrent aucune difficulté à naviguer dans le labyrinthe normatif et produisent même d’avantage de normes pour éliminer la concurrence. Les citoyens lambda éloignés des centres d’informations se retrouvent confrontés à ce mur normatif et sont dépossédés de leur propre quotidien.


Pour voir l’entretien de Gaspard, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport “Pour une révolution normative”, cliquer ICI.

Pour comprendre notre modèle de revenu universel, cliquer ICI.

 

Publié le 11/07/2022.

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