Invitée par Augustin Trapenard dans La Grande Librairie, notre présidente Monique Canto-Sperber débat avec Gisèle Sapiro et Douglas Kennedy sur la liberté d’expression et s’oppose à la réécriture des classiques de la littérature.
Interrogée au sujet de la « cancel culture« , Monique revient sur la double logique à l’œuvre à l’origine du phénomène de cancel culture dans les années 1990 : l’annulation d’interventions de conférenciers avant même qu’ils n’aient pu parler, sur la seule base de leur réputation, et le refus du débat d’idées au sein même de l’université qui est pourtant le lieu de discussion par excellence. Monique déplore que, dans ce phénomène, la réaction face à l’offense soit le refus du dialogue, aboutissant à des « chocs d’identités » qui entre elles « ne discutent pas, mais affirment ».
« Nous avons un corpus littéraire très ancien et très riche qui appartient au monde où il est né et il est normal que quelques siècles plus tard, la culture d’aujourd’hui ne s’y reconnaisse pas tout à fait. Mais ne pas s’y reconnaître est un constat, demander que pour autant ces livres soient effacés, censurés ou euphémisés, c’est quelque chose qui peut être discuté. »
« La littérature est l’art expérimental par excellence » : l’écrivain peut y explorer tous les types de situations humaines ce qui laisse place à l’exploration du transgressif. Monique rappelle alors la valeur de l’œuvre littéraire comme un témoignage d’une époque passée qui porte les marques des valeurs de la société au sein de laquelle elle est née. Plutôt que de vouloir effacer toute trace d’un temps révolu, il faut bien davantage accompagner ces textes pour les expliquer : libre ensuite au lecteur adulte et responsable d’établir la justesse ou non de ces valeurs passées.
« Ouvrir un débat, c’est quelque chose d’extraordinaire ! Mais ouvrir un débat ce n’est pas appeler au silence, appeler à l’effacement, appeler à la disparition. ».
Le débat porte ensuite sur les publications d’œuvres dont les auteurs font l’objet de critiques ou de procès, des pamphlets de Céline à Mein Kampf en passant par les écrits de Gabriel Matzneff. Notre présidente défend son souhait de voir ces œuvres contextualisées plutôt qu’interdites. « La censure ouvre sur l’arbitraire », or « ce qui prête à offense n’est pas strictement défini » et dépend des « cultures », des époques et des « expériences personnelles ». Monique nous met en garde contre cette volonté d’ôter toute « rudesse au monde » qui risque d’aboutir à une « stérilisation du texte littéraire ».
« Le problème de la censure en fonction de la sensibilité, c’est qu’elle ouvre sur l’arbitraire ».
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Pour notre rapport « Pour rétablir la liberté d’expression », cliquer ICI.
Publié le 05/06/2023.
Pour Le Crayon, dans un duel de 40′ avec Nicolas Bouzou, notre expert Marc de Basquiat défend notre proposition de revenu universel pour assurer aux citoyens les moyens de survivre et d’effectuer leurs propres choix.
Un de nos combats phares est la mise en place d’un impôt négatif en France, un revenu de liberté. Le postulat de départ est simple : certains de nos concitoyens n’ont pas de quoi se nourrir. Il apparaît donc plus qu’urgent d’instaurer un socle de redistribution des richesses commun et universel leur garantissant plus d’autonomie et de liberté. Il s’agit d’une solution absolument identique pour tous les résidents légaux en France, qui leur assurerait un revenu inconditionnel de 500 euros par mois et qui serait financé par une imposition à 30% sur leurs revenus du mois précédent.
« Les gens qui ont faim ne cherchent pas à travailler, ils cherchent à manger. »
Ce revenu universel s’inscrit dans notre volonté de simplification. Il se substituerait aux aides sociales actuelles (RSA, prime pour l’emploi…) car Marc l’affirme, le système actuel est trop compliqué est surtout il désincite au travail. En remettant en cause notre système socio-fiscal actuel, il démontre comment il est possible de mettre en place un fonctionnement simple, cohérent, financé et universel.
« Aucun être humain ne fonctionne s’il n’est pas à 37 degrés. Je dirais que 37 degrés c’est 17 euros par jour. »
Marc pense que le travail doit rester au coeur de la vie en société et qu’il s’agit d’un moyen pour chacun de nous de nous épanouir et de nous réaliser. Notre revenu universel, tout en permettant à chacun de survivre sans condition, permet aussi, contrairement au système actuel, de faire que reprendre un travail ou travailler davantage permettra systématiquement de gagner davantage.
« Quand je propose un revenu universel, c’est pour aider les gens à retourner vers l’activité. »
Si Nicolas Bouzou ne conteste pas les chiffres et le raisonnement économique de Marc, il précise à plusieurs reprises être oppose « par principe » à l’idée de verser une somme de façon inconditionnelle à tous les Français.
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Pour consulter notre rapport « Liber : un revenu de liberté pour tous », cliquer ICI.
Publié le 22/05/2023.
Dans l’émission C dans l’air, sur le plateau de Caroline Roux et Axel de Tarlé, notre fondateur Gaspard Koenig s’inquiète de la rapidité du développement de l’intelligence artificielle qui ne menace pas tant le monde du travail qu’il ne remet en cause le paradigme du savoir.
Aux côtés de Philippe Dessertine, Laurence Devillers et Nicolas Barrod, Gaspard formule des critiques et émet des réserves sur ChatGPT, le nouvel outil d’intelligence artificielle. Pour lui le savoir est un socle commun, nécessaire au bon fonctionnement de notre société. Malheureusement, ce socle se voit complètement morcelé par le développement de l’IA.
« Comme l’affirme Kissinger, on passe d’un monde de la connaissance qui fonctionnait par accumulation de certitudes, à un monde qui fonctionne par ambiguïté cumulative. C’est là tout le danger de ChatGPT, c’est une bombe cognitive. »
Pour Gaspard, l’IA ne représente pas nécessairement une menace pour le monde du travail. L’IA va détruire les emplois que nos sociétés ont déjà transformé en robots. Heureusement, nous ne vivons pas dans une société purement utilitariste, les rapports humains nous seront donc toujours nécessaires.
« L’intelligence artificielle repose toujours sur du travail humain. Il faudra toujours des humains pour chercher et faire des raisonnements de causalité. »
L’une des inquiétudes de Gaspard concernant l’IA réside dans la notion de vérité. En effet, la vérité risque de « se diffracter » et la question philosophique de l’illusion deviendra omniprésente. Depuis toujours, nous produisons le savoir et la connaissance grâce à « l’explicabilité et la réfutation », or les évolutions actuelles modifient ce paradigme.
« La classe politique est à des années-lumière de ce genre de sujet. Comme pour le nucléaire ou l’écologie, il faudrait une coordination mondiale, mais les États se font encore la guerre comme au XIXe siècle. Leur mode de gouvernance a deux siècles de retard. »
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Pour (re)lire notre rapport « Mes data sont à moi », cliquer ICI.
Publié le 05/04/2023.
Au Sénat, la Commission des affaires sociales auditionne des spécialistes sur les enjeux philosophiques de la fin de vie. Notre présidente Monique Canto-Sperber défend une libéralisation du droit, tout en posant des garde-fous importants.
Monique est favorable à l’évolution de la législation actuelle concernant le suicide assisté. Le malade reste souverain et se reconnaît libre de ce qu’il fait de lui-même. Il peut donc exprimer sa volonté de manière actuelle, ou au contraire y renoncer.
« La sédation profonde et continue que prévoit la loi Leonetti n’est envisageable que pour un malade qui est dans les derniers moments de sa vie. Il s’agit alors de hâter la mort, qui surviendrait de toute façon à brève échéance. »
Notre présidente émet cependant des réserves quant à l’euthanasie. En effet, elle considère que si la personne malade est inconsciente, elle ne peut plus exprimer sa volonté. L’acte n’en serait alors que moins légitime. D’autant plus que l’intervention d’un tiers est dans ce cas directe : il s’agit d’administrer la mort.
« La prohibition de tuer est au fondement de la notion d’intégrité personnelle et de respect de la personne humaine, qui est au coeur de notre conception libérale. »
Pour notre présidente, on ne peut faire abstraction de notre système juridique et des principes moraux sur lequel il est fondé. La déontologie médicale en fait partie. Tout cela constitue « le socle indissociable d’une société libérale. »
« Je ne peux pas imaginer une société libre qui apporte la moindre nuance à ce principe, absolu et fondamental, de l’intégrité humaine. »
Pour écouter l’intervention de Monique Canto-Sperber au Sénat, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre notre « Le jacobinisme bioéthique », cliquer ICI.
Pour (re)lire notre ouvrage « La famille par contrat », cliquer ICI.
Publié le 29/03/2023.
Sur Be Smart, notre expert François-Xavier Oliveau salue le dernier rapport du GIEC, qui préfère les solutions à l’alarmisme pour le climat. Il défend aussi nos idées pour fluidifier le marché du logement.
François-Xavier, tout comme le GIEC, se veut optimiste sur l’écologie et le réchauffement climatique. En effet, le rapport du GIEC met de côté son alarmisme habituel pour se focaliser sur l’accélération de solutions et leur plus grande accessibilité.
« Le message du GIEC est simple : il y a une course contre la montre entre le changement climatique et la révolution technologique, qui accélèrent tous les deux. L’enjeu, c’est d’aller plus vite sur la partie technologique que sur la partie climatique. »
François-Xavier veut repenser complètement la politique de logement, en plaçant évidemment à la base l’accord entre les parties. Il conseille aussi de revoir la taxe foncière afin d’inciter les propriétaires à utiliser leurs biens.
« Il y a une désincitation pour les propriétaires à louer. L’une des clés est dans la relation locataire/propriétaire et la façon dont on les encadre et on les régule. »
Pour notre expert, le premier enjeu est de remettre les 8,3% de logements vacants en France sur le marché locatif et rendre ces logements « habitables ». Comme les propriétaires ne veulent plus prendre le risque locatif, il faut simplifier les baux et donner plus d’autonomie aux propriétaires et aux locataires pour contractualiser.
Pour écouter l’intervention de François-Xavier Oliveau sur BeSmart, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « Logement pour tous », cliquer ICI.
Publié le 28/03/2023.
Invité sur le plateau de LCP pour son dernier ouvrage, Gaspard Koenig s’oppose à la conception gaullienne et unificatrice de la démocratie et appelle à revenir au parlementarisme rationalisé de la Ve République.
Invité pour la sortie de son essai « Contr’un », Gaspard admet mener un combat utopiste contre l’élection présidentielle au suffrage universel : ce n’est pas la volonté des gens au pouvoir de « scier la branche sur laquelle il sont confortablement assis ». Il soulève cependant la demande des Français pour plus de représentativité (60 %), d’après un récent sondage Ifop pour GenerationLibre.
« Les Français associent l’élection présidentielle à ce système très plébiscitaire, très bonapartiste, et aspirent, je le pense, à quelque chose de beaucoup plus responsabilisant. »
Pour Gaspard, le président de la Ve République post-1962 est une réification de Dieu qui partage les mêmes attributs : omniscience, omniprésence et omnipotence. Cette fonction d’hyper-président a été pensée par et pour le Général de Gaulle, ainsi que pour ses successeurs qu’il anticipait comme médiocres et qui bénéficieraient des larges prérogatives de la Ve République pour asseoir leur position de ‘maître’ du peuple. Gaspard s’inscrit en faux contre cette notion essentialiste de ‘peuple homogène’.
« Il y a une conception [gaullienne] de la démocratie qui est ‘un homme et un peuple’, et il y en a une autre beaucoup plus démocratique et fidèle qui sont ‘des citoyens qui délibèrent pour se donner des lois’ et pas pour se choisir un maître »
Déjà, dans deux ouvrages publiés en 1576, on retrouve cet antagonisme idéologique entre les visions gaullienne et koenigienne avec « Les six livres de la République » dans lequel Jean Bodin définit la « souveraineté une et incarnée » et le fameux « Traité sur la servitude volontaire ». C’est dans ce dernier essai, auquel Gaspard se réfère, qu’Étienne de La Boétie affirme que « nul ne doit obéir à un de ses semblables ».
« Pendant la IIIe République, on a fait les grandes lois républicaines du début, on a traversé la Belle époque (prospérité économique), traversé une Guerre mondiale sans recourir à la dictature… Il faut réfléchir au régime qu’on a déjà eu, qui ressemble un peu à la Ve République de 1958, qui est en fait du parlementarisme rationalisé. »
Si Gaspard se félicite de la plus grande diversité des courants politiques dans la nouvelle législature élue en 2022 (la XVIe de la Ve République), il regrette que les députés ne soient pas plus enclins à s’organiser en coalitions et fassent de leur réélection un enjeu principal. Pour sortir d’un système présidentiel vicié, Gaspard invite à s’inspirer de nos voisins allemands – dont le président n’est pas censé incarner la nation – et de notre IIIe République – régime qui a traversé les crises et qui demeure le plus long de l’Histoire de France post-révolutionnaire.
Pour voir l’émission de Gaspard sur La chaîne parlementaire, cliquer ICI.
Pour lire notre billet « Les Français contre l’hyper-présidentialisme », cliquer ICI.
Publié le 24/01/2023.
Face à Natacha Polony sur C l’hebdo, Gaspard Koenig renvoie le débat sur l’uniforme à la concertation locale entre directeurs d’établissement, instituteurs et parents d’élèves. Au nom de notre combat pour l’autonomie des établissements scolaires.
Dans un débat animé sur l’instauration de l’uniforme à l’école, Gaspard prend le parti de l’autonomie et renvoie ce débat au plan local. Natacha Polony défend la mise en place d’un « vêtement commun » au nom de l’égalité entre élèves à l’école, permettant d’effacer, en plus des signes religieux, les marqueurs sociaux. Sans y être farouchement opposé, Gaspard dit apprécier la diversité vestimentaire dans un lieu qui, rappelle-t-il, ne se limite pas à apprendre mais aussi à socialiser.
« Je pense que l’Education nationale souffre énormément de sa rigidité et de son désir d’uniformité. Monique Canto-Sperber rappelle très bien que les lois de 2005 et 2013 donnent déjà de l’autonomie aux établissements mais qu’ils ne s’en saisissent pas assez. C’est exactement la même chose sur l’uniforme. » Gaspard Koenig
Gaspard dit avoir observé sur ses propres enfants qui ont été scolarisés en Angleterre comment l’uniforme et le sentiment d’appartenance à une communauté génère « des comportements sociaux assez conventionnels, y compris ensuite à l’âge adulte ». Il invite toutefois les chefs d’établissement, instituteurs et parents d’élèves à se concerter afin d’expérimenter localement le port de l’uniforme. En cas d’expériences réussies, d’autres établissements seraient nombreux à emboîter le pas.
« Je constate une tension au sein de ce Gouvernement entre le désir d’autonomie des établissements qui est une des choses les plus intéressantes mises sur la table aujourd’hui et les vieux réflexes infantilisants. » Gaspard Koenig
Cet « ordre spontané » rejoint la philosophie d’autonomie que Monique Canto-Sperber détaille dans notre rapport « Un contrat pour les établissements scolaires ». Conclu entre l’établissement, l’Etat et les collectivités territoriales, ce contrat définirait une stratégie de moyens et une ambition pédagogique offrant à l’établissement une autonomie de gestion, financière et pédagogique.
« Dans la plupart des pays qui l’autorisèrent par la loi,
l’existence des « écoles libres » a conduit dans l’ensemble à des
améliorations en matière de réussite scolaire des élèves. » Monique Canto-Sperber
Pour voir l’émission, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « Un contrat pour les établissements scolaires », cliquer ICI.
Publié le 17/01/2023.
Au micro de Sud Radio, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’inquiète du recul de la démocratie dans le monde et dénonce les termes du débat sur les retraites.
Aux côtés de la conseillère régionale LR d’Île-de-France Alexandra Szpiner et du vice-président de Territoires de Progrès Ergun Toparslan, Rafaël commence par un coup de gueule, dans lequel il exprime sa crainte du devenir démocratique. Le plateforme dirigée par « Oxford Our World in Data » montre en effet que la part de la population mondiale vivant dans un régime démocratie est passée de 50 à 29 % en dix ans à peine.
« Il y a un phénomène – souligné par François Sureau, dans la lignée de Tocqueville et de Constant – de lassitude vis-à-vis de la politique, un individualisme montant très inquiétant sur le plan de la sauvegarde de la démocratie. »
Ce recul démocratique mondial s’étend, dans une moindre mesure, au sein même des démocraties comme l’explique Gaspard Koenig dans sa première chronique de l’année 2023. Pour Rafaël, cette fragilité a trait en France à l’hyperprésidentialisme auquel GenerationLibre propose de mettre un terme dans le recueil « Déprésidentialiser la Ve République ».
« Il faut poser sur la table l’introduction au sein de notre système de retraites d’une part de capitalisation. On ne peut pas avoir l’incohérence de la gauche qui nous explique ‘c’est scandaleux les dividendes’ et empêcher la population d’accéder à ces dividendes là. »
Au lendemain des annonces d’Elisabeth Borne sur les retraites, Rafaël se réfère aux travaux des économistes Erwann Tison et Maxime Sbaihi qu’il rejoint sur la nécessité de repenser le système des retraites pour retrouver de l’équité intergénérationnelle. Dans son élan, Rafaël pose la question de l’introduction d’une part de capitalisation dans le système de retraites « parce que d’autres pays le font, que ça marche, que ça permet d’avoir des retraites plus confortables ».
Pour écouter l’émission dans son intégralité, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.
Pour (re)lire notre recueil « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.
Publié le 13/01/2023.
Invité aux Journées de l’économie pour une table ronde animée par Pascal Riché, directeur adjoint de L’OBS, Gaspard Koenig raconte comment le libéralisme « gaulois » a façonné l’Etat français, pour émanciper l’individu contre la tribu.
Invité à une table ronde intitulée « L’Etat, jusqu’où ? » aux Jéco à Lyon, Gaspard fustige l’amalgame entre libéralisme et néolibéralisme des années 1980, alors que ce dernier n’en est qu’une variante économiciste. Il rappelle que le libéralisme est une doctrine humaniste et française, née des physiocrates et de Pierre de Boisguilbert contre les corporations et taxes aux frontières intérieures défendues par Jean-Baptiste Colbert.
« On continue, dans le think tank que j’ai fondé, à promouvoir et renouveler cette doctrine [libérale classique] qui est parfaitement valide aujourd’hui. »
En écho aux écrits de Durkheim expliquant qu’étatisme et individualisme ont été main dans la main, Gaspard raconte comment l’Etat moderne a émancipé l’individu, lui permettant d’assumer sa singularité et ses choix de valeurs contre la tribu. Il distingue cette conception française, dont il se revendique, du libéralisme anglosaxon qui, lui, s’érige contre l’Etat : c’est Edmund Burke contre Thomas Paine.
« Dans l’histoire, on n’est jamais revenu sur un système présidentiel de manière pacifique sans guerre, sans faillite, sans barbare. »
En réaction à la demande populaire d’une plus grande intervention de l’Etat, Gaspard se réfère à Patrick Artus pour qui « la norme se construit par refus du risque ». Si le discours de simplification est généralement bien accueilli par les gens, Gaspard se lamente du blocage des idées libérales par les partis politiques qu’il explique par l’élection présidentielle au suffrage universel direct, qui entretient un « absolutisme inefficace » comme le critiquait déjà Jean-François Revel.
« Sans responsabilité fiscale, ça ne sert à rien de parler de décentralisation et d’autonomie. »
Plutôt que de décentralisation – qui se résume à un transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités sans autonomie de gestion ni de responsabilité démocratique – Gaspard préfère parler d’autonomie locale. Il suggère l’idée d’une subsidiarité ascendante – thème que GenerationLibre porte depuis bientôt trois ans – qui élargit le spectre des formes de gouvernance. Par ailleurs, la France compte déjà une région autonome : l’Alsace-Moselle qui en plus d’un système de « non-laïcité », dispose de son propre droit des assurances et de l’héritage.
Pour voir l’intervention de Gaspard aux Jéco, cliquer ICI.
Pour lire notre billet « Les Français contre l’hyper-présidentialisme », cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « Le pouvoir aux communes », cliquer ICI.
Publié le 13/12/2022.
Au micro de Christophe Barbier sur Radio-J, Gaspard Koenig propose un référendum d’initiative partagée pour mettre un terme à l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
Invité pour la sortie de son essai « Contr’un », Gaspard identifie la crise institutionnelle comme mère de toutes les autres. Comme ce fut le cas pour les « gilets jaunes », c’est par le sentiment d’échapper à la maîtrise de son destin que s’installe une révolte contre celui qui « peut tout et qui est donc responsable de tout » : le président de la République.
« Elire directement le chef du pouvoir exécutif, ce n’est pas porter des idées mais se donner un maître et ensuite prier pour qu’il soit bien intentionné. »
Sur base de la subsidiarité ascendante proposée par GenerationLibre, Gaspard plaide pour une décentralisation aux niveaux local et des entreprises qui s’inspire de ce que Pierre Mendès France appelait une « démocratie généralisée ». Faute de volonté politique, seul le référendum d’initiative partagée (RIP), que Gaspard propose, permet d’aboutir à la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
« Pierre Rosanvallon montre bien que c’est le coup de force de De Gaulle en 1962 qui légitime le système présidentiel dans le reste du monde. Senghor l’adopte un an après au Sénégal et petit à petit ça se répand en Afrique, dans les pays de l’ex-URSS et en Amérique latine. »
Fondamentalement, Gaspard s’oppose à la conception de l’homme providentiel illustrée à notre époque au Brésil, en Russie et en Turquie, ce qui mène à des régimes illibéraux. Si ces leaders dits populistes promettent à leur peuple qu’ils vont reprendre leur destin en main, Gaspard considère au contraire que c’est par des référendums locaux sur le modèle suisse que cela adviendra.
« On ne résout pas le désordre par l’homme fort ou par l’autorité. On crée de l’ordre par le désordre, par l’ordre spontané parce qu’il vient du bas : c’est ça qui crée l’ordre le plus stable »
Pour voir l’entretien de Gaspard sur Radio-J, cliquer ICI.
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Publié le 18/11/2022.