Ni woke ni antiwoke

Dans sa chronique pour L’Opinion, notre ancien directeur Maxime Sbaihi s’oppose au wokisme comme à l’antiwokisme et dénonce une logique mortifère où la radicalité répond à la radicalité, empêchant la nuance et le débat d’idées. 

 

Pour Maxime, le wokisme est une idéologie qu’il faut combattre. Ce « totalitarisme déguisé en progressisme » dont la « pierre angulaire est l’intolérance » s’attaque directement à la liberté d’expression et s’oppose au débat d’idées.

Cependant, pour le chroniqueur, le mouvement fait l’objet d’une attention disproportionnée là où les sondages montrent que la plupart des Français ne s’intéressent pas au sujet, tant son « fond biologisant et déterministe est en contradiction avec les valeurs des Lumières et de notre universalisme républicain » français. Et même aux États-Unis, le mouvement semble faiblir.

« Tous ces anti-wokistes autoproclamés finissent par adopter les mêmes méthodes et attitudes qu’ils prétendent combattre. […] Le piège du wokisme est de convertir, à l’usure, certains de ses détracteurs aux réflexes de l’illibéralisme et de l’intolérance. »

 

Face au mouvement, une opposition s’est constituée autour de l’antiwokisme. Pourtant, loin de promouvoir le dialogue et l’ouverture d’esprit, cette opposition se cristallise autour de figures qui souhaitent interdire la pensée woke pour la combattre, soit appliquer les mêmes méthodes que celles qu’ils disent combattre.

Dans les rangs trumpistes jusqu’à Ron DeSantis, aux États-Unis, au nom de l’antiwokisme on interdit des livres et restreint la liberté d’expression. Inquiétant, en France, Marine le Pen semble avoir pris la décision de mener ce combat en France. Le débat public se retrouve ainsi parasité par une confrontation entre deux extrêmes qui ne supportent plus la nuance et la modération. Face au wokisme, il faut donc résister au piège de la radicalité inverse sans abandonner le terrain de la bataille des idées.


Pour lire la chronique de Maxime, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Pour rétablir la liberté d’expression », cliquer ICI.

 

Publié le 21/06/2023.

Liber-thé infuse notre « libéralisme soutenable »

Dans une nouvelle vidéo, Liber-thé s’entretient avec notre expert et professeur émérite d’économie Claude Gamel auteur de l’ouvrage Esquisse d’un libéralisme soutenable dans la collection de GenerationLibre aux PUF.

 

D’abord interrogé sur les raisons de défendre le libéralisme aujourd’hui, Claude revient sur les causes du discrédit, notamment français, de cette philosophie politique. L’économiste cite d’abord une raison historique qu’est la construction politique française « autour d’un État central puissant » laissant d’emblée peu de place aux communautés politiques de base. Par ailleurs l’économie, et notamment l’économie de marché, est mal comprise en France selon lui, que ce soit la coordination des activités économiques ou les mécanismes de création de richesse.

De plus, Claude trouve « le débat sur le libéralisme très mal posé » en France en raison d’une distinction qui n’a pas lieu d’être entre d’un côté le libéralisme politique, implicitement bien vu car protégeant l’individu de l’État, et de l’autre le libéralisme économique qui aliénerait l’individu aux « foucades du marché ».

À l’origine de ce malentendu se trouve le mot « néo-libéralisme » qui est source d’une grande confusion pour l’économiste, tant il est employé dans un sens flou dans le débat courant, notamment sous l’influence de la pensée de Bourdieu et du marxisme contemporain.

Selon lui, le libéralisme tend à être confondu avec le néo-capitalisme caractérisé notamment par la concentration extrême des richesses. Mais ce faisant, ce qui est critiqué est davantage la manière dont est appliqué le capitalisme que le modèle libéral en soi, qui ne se réduit pas à une mise en pratique à un moment donné. Face à cette dichotomie, Claude s’attèle à théoriser une vision du libéralisme entendu en son sens politique et économique, défini comme « la philosophie qui permet la diffusion maximale du pouvoir, qu’il soit politique ou économique ».

« Le débat sur le libéralisme est très mal posé : on fait une distinction complètement étanche entre libéralisme politique d’un côté et libéralisme économique de l’autre »

 

Claude revient ensuite sur la distinction essentielle entre utilitarisme et libéralisme, qui sont souvent confondus. « L’utilitarisme est la philosophie sous-jacente de la théorie économique ». Si à l’échelle individuelle les deux philosophies ont tendance à beaucoup se ressembler, elles présentent des différences majeures à l’échelle collective. Là où le libéralisme vise à ce que chacun puisse faire ce qu’il veut sans gêner autrui, sans qu’il y ait d’autre projet pour la société, l’utilitarisme assigne un but à la société, celui d’atteindre le bonheur du plus grand monde, soit la meilleure efficacité économique, même si pour cela certaines libertés individuelles doivent être contraintes.

À ce titre, l’utilitarisme politique nécessite beaucoup de données et de calculs ainsi qu’une grande planification pour viser une efficacité maximum au sein de la société. « Il passe donc nécessairement par une intervention » de l’État.

Pour Claude, l’utilitarisme recherche le « bonheur du plus grand nombre » (quitte à ce que ce bonheur du plus grand nombre ne soit pas en accord avec les bonheurs individuels) là où le libéralisme vise à permettre « le plus grand bonheur de chacun ».

Pour l’économiste, la collecte toujours plus importante de données et la puissance de calcul toujours accrues que permet l’ère du numérique actuelle rend possible l’existence d’une société pleinement utilitariste, comme le montre l’exemple de la Chine qui glisse vers un « utilitarisme totalitaire » selon ses mots.

« La technologie « donne une puissance beaucoup plus forte à l’autorité publique […] : l’exemple qui m’inquiète beaucoup c’est le cas de la Chine où on est allé très loin dans la numérisation de la société, où les gens sont surveillés au sens le plus précis du terme et où on est arrivé à récompenser les bons comportements et à punir les mauvais. […] L’objectif n’est pas de punir les gens mais d’assurer la cohésion de la société. »

 

Pour atteindre son objectif d’un « capitalisme soutenable », Claude défend, en s’appuyant notamment sur le principe de Rawls d’« égale liberté » et sur les travaux de Philippe Van Parijs, l’instauration d’un revenu de base universel, distribué sous la forme d’un crédit d’impôt. Il permettrait selon lui de ne pas être contraint d’accepter des emplois de mauvaise qualités et permettrait de « donner du pouvoir à ceux qui n’en ont pas ». Partant de résultats d’études menées sur la question, Claude nous assure être convaincu que, loin d’inciter les gens à ne plus travailler du tout, il conduira au contraire les gens à choisir une activité épanouissante pour eux, tout en pouvant prendre davantage de temps pour choisir leur métier.

« Le libéralisme est la philosophie qui permet la diffusion maximale du pouvoir, qu’il soit politique ou économique. »

 

Claude s’attache également à bâtir un modèle qui permettrait d’augmenter les « capacités » des individus. Il s’appuie là aussi sur le principe rawlsien de « juste égalité des chances » qui vise à contrer l’arbitraire des conditions sociales et sur les travaux d’Amartya Sen sur les « capabilités » (capabilities) soit l’ensemble des modes de vie auxquels a accès un individu. Pour Claude, enrichir les capacités d’un individu, c’est donc permettre à tous les individus à tous les âges de la vie d’avoir le plus de choix concernant leur mode de vie, ce qui passe avant tout pour lui par une réforme du système éducatif moins centralisé et fondé sur l’initiative locale, et un système universitaire sélectif et à dominante privée.

Le conseil de lecture de Claude : Droit, législation et liberté de Friedrich Hayek.


Pour voir l’entretien, cliquer ICI.

Pour découvrir le livre de Claude Gamel Pour un Libéralisme soutenable, cliquer ICI.

 

Publié le 20/06/2023.

La pornographie participe d’un droit fondamental

Dans la Revue politique et parlementaire, notre expert et juriste Daniel Borrillo s’inquiète du projet de loi visant à durcir la législation sur la pornographie. En réaction à l’entretien de Laurence Rossignol, il défend un droit fondamental au nom de la liberté sexuelle. 

 

Dans une tribune, Daniel commence par dénoncer l’amalgame que réalise selon lui le rapport de la Délégation sénatoriale aux droits des femmes, Porno, l’enfer du décor, et qui ne distingue pas entre consommation par les mineurs, que notre expert veut évidemment interdire, et consommation par des adultes responsables, qui relève d’un choix individuel. Il défend à ce titre le droit au visionnage de contenus pornographiques qui tombe sous la définition de la liberté de la DDHC de 1789, soit une activité « qui ne nuit pas à autrui », et à la production qui relève selon le droit européen de la liberté d’expression.

« Concernant l’accès à la pornographie, d’emblée nous constatons dans la législation une contradiction entre les différentes majorités. Elle est fixée à 15 ans pour la pratique sexuelle et à 18 ans pour visionner un film pornographique. Notre société n’autorise pas à voir des choses qu’elle permet cependant de faire. »

 

Sans évidemment cautionner certaines pratiques de la pornographie, et reconnaissant volontiers les terribles abus auquel son manque d’encadrement conduit, Daniel relève pourtant la difficulté à analyser un phénomène social par ses dérives. Condamnables, ces abus sont par définition anormaux et ne sauraient constituer la matière première de l’étude juridique de la pornographie. Pour le juriste, c’est au contraire par l’entrée de la pornographie dans le droit commun que l’on peut limiter l’exposition des acteurs de l’industrie aux violences, en régularisant les contrats de travail par exemple.

« Il ne s’agit pas seulement d’éviter la censure (liberté négative) mais de garantir aussi l’accès à la pornographie comme une forme de bien-être érotique (liberté positive) qui participe à l’autoréalisation personnelle. »

 

Daniel rappelle enfin qu’il revient à chacun de pouvoir développer sa propre vision de la sexualité et que la non-interdiction de la pornographie n’est en aucun cas équivalente à une obligation de la visionner. Forme de « bien-être érotique », elle relève pour l’auteur d’un droit fondamental, au principe de la liberté sexuelle.


Pour lire la tribune, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Faire entrer le travail du sexe dans le droit commun », cliquer ICI.

 

Publié le 19/06/2023.

L’écologie n’a pas besoin d’une « économie de guerre »

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’oppose à la mise en place d’une « économie de guerre » pour faire face à l’urgence climatique, qui menacerait les fondements de notre démocratie libérale. 

 

Sur le plateau de C ce soir, la journaliste Salomé Saqué proposait de mettre en oeuvre des moyens radicaux pour le climat. La fin justifierait donc, selon elle, les moyens. Rafaël, dans une volonté purement libérale et démocratique, s’y oppose fermement et appelle à la protection de notre modèle libéral. En effet, qui dit économie de guerre, dit dirigisme. Une très large partie du discours écologiste « mobilise une passion illibérale, voire autoritaire », implique une prise de décision unique venant du haut et ordonne une stricte obéissance. Il apparaît donc être l’antithèse de la vision libérale que nous défendons. Néanmoins, Rafaël soulève un point essentiel : la « radicalité » du discours écologiste n’est pas à pointer du doigt, encore moins à stigmatiser totalement. En effet, elle donne de la profondeur au débat démocratique et au pluralisme idéologique (si tant est que l’on reste intellectuellement honnête). Finalement, la radicalité ne serait qu’un moyen de revendiquer ses idées, sans transiger sur ses principes et valeurs.

« C’est précisément la radicalité des écologistes qui nous interroge, nous bouscule, et nous impose de mener la bataille intellectuelle et politique. »

 

Rafaël cite Hayek, qui compare la planification au commandement d’une armée. En effet, le plan implique par définition un rapport hiérarchique et paternaliste entre les administrés et l’administration. Une fois de plus, les libertés publiques finissent par être restreintes par un pouvoir politique qui décide de « l’essentiel et du non-essentiel, du principal et du superflu ». Cette verticalité, que nous combattons déjà sous le prisme institutionnel, ne fait qu’aggraver une profonde faille du débat démocratique. 

« Voilà l’enjeu : la pérennité du système de la démocratie libérale face à l’impératif écologique. »

 

Néanmoins, Rafaël fait la distinction entre planification écologique et démocratie planificatrice (qui a mené aux Trente Glorieuses). Cette dernière était seulement indicative et limitée à certains secteurs de l’économie, mais malgré tout « largement technocratique ». Au contraire, notre chargé d’études s’inquiète de la planification écologique qui serait le « règne d’une techno-administration omnipotente », capable de juger et d’arbitrer, non sans subjectivité, les besoins de notre société. S’agissant par exemple de la nécessité de décarboner, une solution plus simple, peut-être encore plus radicale mais moins révolutionnaire, permettrait de lutter contre le changement climatique sans instaurer de « contrôle administratif » : la tarification généralisée et systématique du carbone. A fortiori accompagné d’une forme de redistribution directe à la population, ce dispositif de marché accorderait à chacun la liberté de vivre et consommer comme bon lui semble, tout en payant le prix des conséquences sur notre bilan écologique.

« C’est la tutelle qui rôde, ainsi que la conditionnalité et la surveillance ; un triptyque redoutable pour les libertés publiques. »

 


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

Pour comprendre la tarification carbone, cliquer ICI.

 

Publié le 16/06/2023.

Logement : taxer la propriété plutôt que l’usage ou la mobilité

Dans un entretien croisé avec Charles Reviens pour Atlantico, notre expert Marc de Basquiat, fervent défenseur à nos côtés de la mise en place d’un revenu universel, propose une refonte radicale de la politique du logement en France, autour d’une fiscalité simplifiée. 

 

Marc revient sur le plan logement du Gouvernement dévoilé par la Première ministre le 5 juin dernier. Le Conseil National de la Refondation a mis en place certaines mesures, loin d’être suffisantes aux yeux de notre expert et surtout étroitement liées à une réduction de la dépense publique en faveur du logement. La crise du logement n’est pas nouvelle, pourtant les acteurs (bailleurs sociaux ou groupes constitués) n’ont encore pas défini de consensus. Ils n’ont visiblement pas les mêmes priorités. 

« Face aux incohérences de la fiscalité et au nombre important d’acteurs qui font pression chacun « pour sa chapelle », il est urgent de reposer des fondations claires et robustes. » 

 

Marc l’affirme : notre politique du logement est l’une des plus dysfonctionnelles. La fiscalité actuelle est, selon lui, le premier point à revoir car trop désincitative. Il plaide pour une suppression radicale de trois impositions que les Français subissent en étant propriétaires : les droits de mutation à titre onéreux (frais de notaire), les droits de mutation à titre gratuit (« impôt sur la mort ») et l’imposition sur les loyers perçus par les propriétaires qui louent leur bien. 

« En court : l’Etat taxe fortement les aspects bénéfiques (fluidité du parc, locations) et ne taxe pas directement l’assiette qu’il est souhaitable de faire maigrir (les prix immobiliers). »

 

Notre expert appelle plutôt à taxer la détention : réévaluer à la hausse les taxes foncières et « taxer directement la valeur vénale du bien, c’est-à-dire le prix des transactions d’achat/vente sur le marché ». Il est temps que la fiscalité soit refondue pour taxer l’usufruit et défiscaliser l’usage. Ainsi, il souhaite mettre en place un « impôt sur le capital immobilier » (à un taux uniforme de 0,05% par mois), solution vertueuse économiquement, portée par le prix Nobel Maurice Allais et de nombreux économistes. Pour Marc, cette solution permettrait aux propriétaires d’utiliser leur bien à bon escient soit en vivant dedans, soit en le vendant ou en le donnant, soit en le mettant en location. De ce fait, le nombre de logements vacants serait considérablement réduit. 

« Les gens doivent être incités à maximiser leur valeur de leur bien. L’impôt foncier y contribue, à condition d’être calculé sur la bonne assiette et avec un taux suffisant. »

 

Pour Marc, le trop grand nombre d’acteurs impliqués dans le secteur du logement est un frein à la régulation du marché. En effet, il prend l’exemple de l’Autriche, où seule la ville de Vienne est l’acteur principal du marché. La ville est propriétaire de milliers de logements qu’elle loue à des prix qu’elle gère elle-même, ce qui évite l’inflation. En France, une telle solution serait efficace. Marc propose de mettre en place un « Service Universel du Logement », acteur unique et public, assez puissant pour rendre le marché plus fluide et ainsi régler une grande partie du mal-logement en France.

« En France, la myriade d’acteurs bloque la situation et empêche la réflexion de fond. »

 


Pour lire l’entretien de Marc, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Le logement pour tous », cliquer ICI.

 

Publié le 15/06/2023.

IA/Caméras : la reconnaissance faciale contre les libertés

Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber s’inquiète de l’utilisation de caméras de reconnaissance faciale en France, réelle menace à nos libertés individuelles et au principe de propriété des données personnelles. 

 

Le 12 avril dernier, le Parlement a adopté une loi autorisant la mise en place de caméras de surveillance « intelligentes » lors des Jeux olympiques de 2024 en France, qui ne serviront pas à identifier des personnes. C’est encore très différent des caméras à reconnaissance faciale, qui existent déjà dans certains aéroports ou sur votre téléphone, et qui sont relativement sécurisées. Ici, ce contre quoi s’érige Monique, c’est l’utilisation de ces outils « à la volée » qui viserait à identifier des personnes dans l’espace public. Certes, cela induirait l’identification de personnes mal intentionnées ou dangereuses en temps réel et donc permettrait d’améliorer la sécurité publique, néanmoins Monique s’y oppose fermement, défense des libertés oblige. 

« Ni totalement fiable ni sûre, cette technique détruirait ce fondement du libéralisme qu’est la protection de la vie privée. »

 

Aussi, Monique explique certaines failles de ce système. L’identification d’un individu n’est pas sûre, seulement probable et le risque de faux positif existe bel et bien. Les risques de piratage sont élevés et les données biométriques recueillies pourraient être utilisées de manière malveillante. Le consentement devrait donc être obligatoire et préalable, mais le système n’aurait plus aucun intérêt sécuritaire, le but étant d’identifier les délinquants à leur insu en temps réel. 

« La reconnaissance faciale à la volée ruinerait non seulement le principe de propriété des données personnelles, mais surtout la possibilité de circuler de façon libre et anonyme dans l’espace public ou de participer à une manifestation sans avoir à rendre de compte. »

 

Notre présidente s’oppose ainsi à l’expérimentation de ces caméras intelligentes, trop de risques pesant sur « l’efficacité, la sûreté et les libertés ». En libérale convaincue, Monique définit une société fiable comme étant une société « où doit être bannie l’inquiétude de devenir suspect pour des raisons qu’on ignore », sous peine de mettre à mal les bases de nos sociétés libres : « la confiance sociale et l’adhésion aux normes communes ». 

« Des contrôles plus nombreux ne rendent pas nécessairement une société plus sûre. N’oublions jamais que toute vigilance acharnée finit par trouver ses coupables. »

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Mes datas sont à moi », cliquer ICI.

 

Publié le 14/06/2023.

Le populisme des institutions de la Ve République contre le Parlement

Dans un entretien croisé avec Christophe Bouillaud pour Atlantico, notre directeur Christophe Seltzer dénonce la logique intrinsèquement populiste de la Ve telle qu’elle est devenue. 

 

Pour commencer, l’un et l’autre réagissent à l’amendement de suppression de l’article 1 de la proposition de loi du groupe LIOT, qui vise à abroger la retraite à 64 ans. Christophe Bouillaud dénonce « une manoeuvre parlementaire » qui fait clairement apparaître la volonté du camp macronien (et des chefs de LR) de ne pas revenir sur la retraite à 64 ans. Notre directeur rappelle que ces manoeuvres manifestent un refus d’obstacle, bien qu’elles soient légales et constitutionnelles.

 

« Il y a un passage en force politique qui abîme la démocratie et qui choque de nombreux Français. Attention, qui sème le vent récolte la tempête. »

En s’appuyant sur ce qu’ont dit les grands intellectuels libéraux Jean-François Revel et Raymond Aron, Christophe défend un de nos combats phares : la déprésidentialisation de la Ve République. Il appelle à revaloriser le Parlement dans le débat institutionnel et y ramener la radicalité afin de raviver le pluralisme politique. Pour lui, notre crise politique est avant tout institutionnelle car nos institutions sont tournées vers le monarque présidentiel et ne servent qu’à valider ses décisions. Le débat démocratique est en réalité biaisé dès le départ, car la souveraineté parlementaire est bafouée (surtout sous l’ère des présidents Sarkozy, Hollande et Macron). 

 

« Nous sommes une anomalie dans le monde des démocraties libérales. »

Notre directeur dénonce des institutions « intrinsèquement populistes ». Notre Parlement n’a jamais semblé aussi faible et la logique d’équilibre des pouvoirs n’est plus respectée. Désormais, plus rien ne peut « contrebalancer la toute-puissance et l’irresponsabilité du Président ». Christophe appelle à faire évoluer le mode de scrutin de l’élection présidentielle car le suffrage universel direct fait perdre son sens à la démocratie. Cette élection ne se résume plus qu’à un peuple qui élit un homme sur la base de sa personnalité et non de ses idées. Finalement, tous les maux du pays lui sont attribués et les Français finissent par se choisir un nouveau monarque. 

 

« Ni radical, ni révolutionnaire, Emmanuel Macron se perd peut-être dans un populisme doux, gentillet, qui ne prend pas son risque idéologique et se contente de sauver les meubles d’un système à bout de souffle. »

Depuis les années 90, aucun bouleversement politique n’a eu réellement lieu en France. Il est à noter que la lettre originelle de la Constitution s’appliquait encore relativement et le Parlement exerçait sa souveraineté lors des périodes de cohabitation. Même sans cohabitation, il y avait encore dans la pratique gaullienne du pouvoir par le président François Mitterrand, une plus grande latitude d’action laissée au Premier ministre et au Gouvernement, comme l’explique Raphaël Hadas-Lebel, dans un article intitulé « François Mitterrand et la fonction présidentielle » que notre directeur cite.

Ayant à l’esprit les tentatives d’interdiction du colloque de l’Action Française il y a quelques semaines, Christophe a beau jeu de montrer que le retour à une monarchie ne serait pas forcément un recul de la démocratie, non plus qu’une VIe République, si elle était moins jacobine que ce que Jean-Luc Mélenchon doit immanquablement avoir en tête. La monarchie britannique ne fait pas montre du même déséquilibre institutionnel que la République française : paradoxalement, elle s’avère plus démocratique et parlementaire.

« Il n’y a plus de débat idéologique ni de grandes visions de changement sur l’échiquier politique. »

 


Pour lire l’entretien croisé de Christophe, cliquer ICI.

Pour découvrir notre rapport « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.

Pour lire l’article « François Mitterrand et la fonction présidentielle » que Christophe cite, cliquer ICI.

 

Publié le 01/06/2023.

Que valent les milliards du Président ?

Notre expert Marc de Basquiat défend dans un entretien accordé à Atlantico une baisse des « impôts invisibles » et réels qui pèsent sur les contribuables, et qui devrait selon lui remplacer les baisses d’impôts floues promises par le président de la République.

 

Marc revient sur l’annonce d’Emmanuel Macron d’une baisse d’impôt de 2 milliards d’euros devant affecter les « classes moyennes », et qui fait selon lui l’objet d’un grand flou définitionnel. À l’appui des analyses de Julien Damon, Marc fustige l’usage de cette notion, alors même qu’elle recouvre des réalités économiques et sociologiques très vastes.

Notre expert reproche au président de la République une méthode totalement inversée par rapport à ce que la logique tout comme les institutions voudraient : il faudrait partir des problèmes à résoudre pour identifier les mesures à mettre en place puis seulement les quantifier. Sans exposition claire d’objectifs politiques précis, la communication de chiffres abstraits semble davantage faire office d’annonce médiatique destinée à « susciter l’intérêt ». C’est selon lui l’hyperprésidentialisme français qui nous incite à attendre du président qu’il soit à l’origine des solutions là où son rôle devrait consister en l’analyse stratégique des difficultés auxquelles fait face la société française et l’annonce des objectifs à atteindre. Il devrait ensuite faire appel aux experts sur la question et aux élus politiques pour proposer des solutions.

 

« Je rêve d’un président qui énonce quelques priorités, s’assure qu’elles forment un consensus assez large dans le pays, puis mobilise toutes les intelligences (sauf la sienne !) pour les atteindre. »

Marc revient ensuite sur l’effondrement du service public qui contraste avec la bonne santé économique de la plupart des grands groupes, et ne fait que creuser l’écart entre secteurs public et privé. Face à cette situation, l’économiste préconise que l’État entame une réflexion « make or buy » (faire ou faire faire) : déterminer ce qu’il doit continuer à faire et ce qui doit être placé sous régime concurrentiel.

 

« Alors que certains craignent un « grand remplacement », plus ou moins visible sur le territoire, tous constatent le ”grand déclassement“ d’un Etat qui ne parvient plus à assurer les services essentiels »

Selon Marc, le pouvoir d’achat est bloqué par deux problèmes majeurs : la fixation des salaires et l’explosion du coût de l’immobilier.

Les salaires français sont en effet très resserrés au niveau du Smic (« un salarié payé 2 Smic figure dans les 25% les plus aisés du pays » !) car d’une part le Smic français est particulièrement élevé, et d’autre part les cotisations à payer sur les salaires diminuent énormément l’intérêt financier d’une augmentation de salaire au-dessus du Smic. La solution viendrait selon Marc d’une part d’un « impôt négatif » engobant un « revenu universel » et d’autre part d’une réorganisation des cotisations sociales.

Concernant le coût du logement, Marc préconise une simplification drastique du fonctionnement du marché de l’immobilier et de ses taxes sous la forme d’un unique « impôt sur le capital immobilier » indexé sur la valeur du bien détenu, et de remplacer une multitude d’interventions publiques par un unique « service universel du logement ».

 

« A l’Etat la définition des objectifs de politiques publiques et le contrôle, aux agents privés la créativité, la recherche de solutions et de performance. »

 


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Pour lire notre rapport sur le « Revenu universel », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport sur le « Liber : une proposition réaliste », cliquer ICI.

 

Publié le 18/05/2023.

Le libéralisme, meilleur antidote à tous les extrémismes

Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber appelle à lutter contre la vision caricaturale du libéralisme, perpétuellement perçu comme un dogmatisme économique plutôt qu’une politique des libertés.

 

Monique étudie le sondage sur les libertés réalisé par l’Ifop pour l’Opinion et la Fondation Concorde. Ce sondage nous révèle que 64% des Français considèrent que les libertés individuelles se sont affaiblies ces dix dernières années. Toutefois, les Français gardent une relation assez complexe avec le libéralisme. Ils chérissent la liberté mais deviennent de plus en plus méfiants vis-à-vis au terme « libéralisme ». Pour Monique, les sondés ne font pas de lien entre la défense des libertés et les engagements libéraux.

 

« Le libéralisme en France est aujourd’hui réduit à une version caricaturale du libéralisme économique, à un dogmatisme des « réformes » allié à l’indifférence aux questions sociales. »

Les libertés individuelles sont ressenties en baisse, particulièrement chez les électeurs de gauche et du RN, notamment suite aux mesures restrictives de la crise Covid et aux menaces sur la liberté de manifester. Logiquement, le président de la République apparaît donc moins libéral qu’au moment de son élection. Bien que les Français ressentent nettement une perte de liberté, le libéralisme est aujourd’hui mal-aimé et n’apparaît pas comme une réponse politique logique aux crises actuelles.

 

« Le décalage est frappant entre l’impression de libertés amoindries et la labellisation comme libéraux de ceux qui furent responsables des mesures qui semblent avoir causé cette impression. »

En France, le libéralisme est réduit à une vision tronquée du libéralisme économique, alors qu’il n’est qu’une doctrine qui prend « la liberté comme boussole », toutes les libertés. Ses détracteurs n’y voient qu’un épouvantail, une suprématie du marché faisant l’impasse sur les questions sociales. 

 

« Le libéralisme, ou politique des libertés, ne se réduit pas à la liberté économique, qui en est un ingrédient toujours nécessaire, mais jamais suffisant. »

Monique revient sur l’histoire des grandes démocraties libérales et appelle au combat pour leur protection et leur réhabilitation. Il est urgent de rappeler que le libéralisme est une option politique crédible, capable de faire barrage à la pauvreté et à l’extrémisme. 

 

« En encourageant la participation politique, le pluralisme, la rationalité publique et la liberté de la critique, le libéralisme peut se révéler aussi le meilleur antidote à la tentation de l’extrémisme. »

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

Pour découvrir notre « Observatoire des Libertés Confinées », cliquer ICI.

 

Publié le 16/05/2023.

La liberté d’entreprendre, ce contre-pouvoir

Interrogée pour les 10 ans du journal L’Opinion sur la liberté d’entreprendre, notre présidente Monique Canto-Sperber livre un plaidoyer en faveur de l’esprit d’entreprise.

 

« Ouvrir un chemin, voilà ce que signifie pour moi l’esprit d’entreprendre ». Au principe de l’idée d’entreprendre, il y a, pour Monique, la volonté de ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est et de vouloir répondre à cette insatisfaction « malgré les labeurs, les tracasseries et le risque d’échec ».

 

« Avec la liberté d’entreprendre, l’homme devient responsable du monde »

Pourtant, comme le rappel notre présidente, cet esprit d’entreprendre est parfois assimilé à une quête de gains personnels : le geste créateur deviendrait alors « conquérant » et ne serait là que pour s’assurer un profit personnel au détriment d’autrui, une « prise de pouvoir » en somme.

 

« C’est bien l’acte d’entreprendre qui crée l’avenir et rend l’espoir possible »

Mais c’est mal comprendre ce qu’est véritablement la liberté d’entreprendre qui est au fond le meilleur rempart face à ces abus : car c’est précisément la multitude d’entreprises individuelles non coordonnées qui permet qu’aucune ne prenne le pas sur une autre, chacune limitant les abus des autres.

 

Par ailleurs, l’esprit d’entreprendre repose sur la confiance : celle qu’a su inspirer l’entrepreneur à ceux qui le financent et croient en sa capacité à réussir. C’est donc la croyance profonde que l’homme n’est pas voué à se contenter d’un destin figé mais en sa capacité à changer le monde.


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Pour lire notre rapport « L’auto-entrepreneur, la révolution en marche », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Libérer l’entreprise », cliquer ICI.

 

Publié le 12/05/2023.

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