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Travail : accompagner la “grande rotation”

Travail : accompagner la “grande rotation”

Dans Le Monde, Emmanuelle Barbara, auteure de notre rapport « Travailler demain », signe une tribune afin de repenser la protection juridique et sociale des travailleurs. Dans l’Opinion, Maxime Sbaihi, ancien directeur de GL, analyse le phénomène de la “grande rotation” qui voit beaucoup de Français se reconvertir afin de redonner du sens à leur vie professionnelle. 

 

En France, le monde du travail est en proie à de grands bouleversements. La carrière normative construite autour de la linéarité, de la dévotion et de fidélité à la même entreprise s’étiole face aux aspirations nouvelles faites de recherche de sens et d’épanouissement au travail. Cette semaine encore, Maxime Sbaihi  décrivait dans sa chronique pour l’Opinion le phénomène de la “grande rotation” – par contraste avec  le phénomène américain de la « grande démission » qui a touché le marché de l’emploi dans les États-Unis post Covid – qui sévit en France. Si le taux d’emploi des 15 – 64 ans a atteint 73%, soit le plus haut taux jamais enregistré par l’INSEE, beaucoup de Français las de leur activité professionnelle se réorientent massivement vers des secteurs qu’ils jugent être davantage pourvoyeur de sens.

« Nombreux sont les actifs qui ont pris le temps de l’introspection puis décidé de changer d’air, notamment pour revaloriser leur activité. Quatre actifs sur dix envisagent même de quitter leur emploi sur les deux prochaines années pour en trouver un davantage porteur de sens, d’après OpinionWay. » Maxime Sbaihi

Pour Emmanuelle Barbara, les individus sont en quête d’émancipation et fuient le lien de subordination qui caractérise les relations hiérarchiques au sein des structures professionnelles. Les impératifs de flexibilisation de l’emploi et d’adaptation continue aux exigences technologiques ainsi que les effets de la crise Covid sur les employés bousculent les fondements du salariat et de son totem phare en France : le CDI. S’il a représenté la garantie et la stabilité pour accéder à la propriété, le développement de contrats atypiques et les affects nouveaux appellent à une reconfiguration de notre rapport collectif au travail.

Selon l’avocate, l’entreprise doit jouer les premiers rôles dans cette reconfiguration collective. Appelée à prendre en compte les impératifs écologiques et à montrer patte blanche en matière de responsabilité sociale, l’entreprise, afin d’attirer de nouveaux talents, doit poursuivre sa mue.

« Un nouvel agencement de notre société du travail est d’ores et déjà à l’œuvre : dépourvu de frontières franches, il propose des situations hétérogènes et des modes d’organisation multiples, loin des codes du passé. » Emmanuelle Barbara 

Emmanuelle Barbara présentait dès 2017 ses solutions pour ce nouvel agencement de la protection juridique des salariés dans notre rapport « Travailler demain ». Constatant que le paradigme fordo-keynésien, à l’origine de notre organisation sociale et juridique, et le contrat de travail à durée indéterminée (CDI), entendu comme lien « éternel » avec l’employeur, ne sont plus la norme, la figure du salarié subordonné, conçue pour la production industrielle de masse, devient juridiquement inadéquate. Afin d’adapter le droit au bouleversement technologique, nous proposons non pas de modifier la définition du travail indépendant mais de redéfinir le contrat de travail, en substituant à la notion de subordination juridique, celle de coopération. Dans le cadre de notre modèle, ce n’est plus le lien hiérarchique qui prévaut entre le salarié et l’employeur, mais une relation de coopération dans une trajectoire de formation de l’individu tout au long de son parcours professionnel. Il convient donc de rédiger les lois nouvelles dans un nouveau recueil – un « Code nouveau du travail ou de l’actif » distinct du précédent – tout en abrogeant des dispositions obsolètes figurant dans le Code du travail actuel. Cette réforme du contrat de travail pourrait s’accompagner de la mise en œuvre d’un « compte personnel des protections » pour tous afin d’assurer la portabilité de tous les droits.


Pour lire la tribune d’Emmanuelle Barbara dans Le Monde, cliquer ICI.

Pour lire la chronique de Maxime Sbaihi dans L’Opinion, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport  “Travailler demain”, cliquer ICI.

 

Publié le 19/07/2022.

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