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[Lu Ailleurs] Rousseau est-il si loin de Hayek ?

[Lu Ailleurs] Rousseau est-il si loin de Hayek ?

Dans Contrepoints, Guillaume Moukala Samé s’essaie à une interprétation libérale de la pensée politique de Jean-Jacques Rousseau.

 

Guillaume Moukala Samé souligne que le philosophe n’est pas très populaire chez les libéraux et que certains de ses propos sont controversés. Pourtant, nombre de ses écrits défendent ardemment l’idée de liberté. Dans son article, Guillaume Moukala Samé démontre, en trois parties, comment la philosophie de Rousseau peut s’apparenter à des préceptes libéraux.

« La question que tout le monde se pose : si l’état de nature était si paradisiaque, alors pourquoi les Hommes en sont-ils venus à se former en sociétés ? »

Guillaume Moukala Samé entend, avant toutes choses, clarifier le concept du contrat social. Rousseau déclare que la première et la seule société naturelle est la famille. Seulement, le naturel se distingue du social à partir du moment où l’Homme s’éloigne de sa condition primitive et donc de l’état de nature. Par exemple, la famille devient une convention sociale dès lors qu’elle continue d’exister malgré l’âge adulte atteint par l’enfant.

À l’instar des libéraux classiques, Rousseau déclare que la coopération sociale devient nécessaire et même bénéfique pour assurer la survie de tous les individus à l’état de nature. Leur « condition primitive ne peut donc durer ; le genre humain périra s’il ne change pas son mode d’existence » écrit le philosophe dans le Contrat social. Rousseau constate que les hommes se portent mieux lorsqu’ils unissent leurs forces et c’est ici que sa théorie se rapproche d’auteurs libéraux. Pour Guillaume Moukala Samé, son idée correspond à la fois à la division du travail d’Adam Smith, la loi de l’association de David Ricardo ou encore à la définition de la société humaine par Ludwig von Mises.

« L’Homme libre est décrit comme quelqu’un qui « n’obéit qu’à lui-même », ce qui est tout à fait compatible avec la définition libérale de la liberté, la fameuse liberté négative, c’est-à-dire l’absence de coercition. »

Dans l’état de nature, l’Homme jouit d’une « liberté naturelle », il est entièrement libre et n’a à obéir à aucune loi. À l’inverse, dans une société, l’Homme est soumis à une « liberté civile », il s’obstine à respecter la loi tout en cherchant à être libre. Tout manque de respect envers la loi appelle à une réponse coercitive de l’État. Guillaume Moukala Samé explique que la distinction entre ces deux termes est importante pour comprendre le Contrat social de Rousseau.

Guillaume Moukala Samé estime que le Contrat social de Rousseau peut être mise en parallèle avec la thèse du rule of law de Friedrich Hayek. Pour lui, « la loi et la liberté ne sont pas en contradiction, mais elles « s’appellent l’une l’autre ». » Si la loi peut paraître a priori être une contrainte, elle est pourtant un moyen pour rendre l’Homme libre.

« Quand nous obéissons aux lois, c’est-à-dire à des règles générales abstraites établies indépendamment de leur application à notre cas particulier, nous ne sommes pas soumis à la volonté d’autrui et nous sommes donc libres. » Friedrich Hayek

La légitimité de la loi repose quant à elle sur un autre concept développé par Rousseau : la volonté générale. Guillaume Moukala Samé soutient que « « la suprême direction de la volonté générale » de Rousseau n’est rien d’autre que le rule of law d’Hayek, et que les règles générales et abstraites d’Hayek ne sont rien d’autre que la volonté générale de Rousseau. » La volonté générale a deux caractéristiques. La première, c’est qu’elle repose sur un intérêt commun, raison pour laquelle les Hommes se réunissent et forment une société. « Une atteinte à la liberté d’un seul individu est une atteinte à la société entière. » L’autre caractéristique de la volonté générale est qu’elle s’applique à tous sans distinction.

« Dans la pensée de Hayek, le fait que les lois s’appliquent également à tous, contrairement aux privilèges, est une garde-fou : comme la loi s’applique aussi à ceux qui la font, cela dissuade le législateur d’imaginer des lois oppressives. »

Tout comme Rousseau, Hayek pense que la loi doit être abstraite et générale afin de pas cibler des individus. Celle-ci doit s’appliquer de manière égale à tous les individus. Les écrits des deux auteurs sont particulièrement similaires sur cet aspect. L’individu renonce, par exemple, à la liberté de tuer dont il jouissait dans l’état de nature pour un bien plus grand qu’est la liberté civile ainsi que la sécurité des personnes et des biens.


Pour lire l’article « Rousseau était-il libéral ? », cliquer ICI.

 

Publié le 18/06/2021.

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