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[Lu ailleurs] Pas de rififi pour le burkini – Mathilde Berger-Perrin

[Lu ailleurs] Pas de rififi pour le burkini – Mathilde Berger-Perrin

Dans L’Express, la féministe libérale Mathilde Berger-Perrin analyse la polémique sur l’autorisation du burkini dans les piscines grenobloises. Elle appelle à dépolitiser le vêtement féminin. 

 

Notre bonne, vieille et douce France n’est pas avare en polémiques d’apparence risible. La dernière en date ? L’autorisation pour les femmes décrétée par Eric Piolle, maire de Grenoble, de porter un burkini dans les piscines de la ville. Mathilde Berger-Perrin rappelle que chez nos voisins allemands, à Göttingen, les femmes ont désormais le droit de nager seins nus en raison de l’égalité hommes-femmes et sans qu’une once de voix protestataire ne se soit élevée pour fustiger cette disposition.

“Tout comme je ne pense pas qu’une femme en bikini soit automatiquement une victime du patriarcat, je ne penserai pas que le burkini soit nécessairement le signe d’une domination masculine. Pourquoi ? Parce que je me refuse de penser à la place des autres.”

Doit-on voir là une forme de progrès social comme le prêche une frange du mouvement féministe (près de cent associations féministes se prononcent publiquement pour son autorisation) ? ou serait-ce le retour d’un obscurantisme clérical (il ne faut pas oublier que dans de nombreux pays le refus du port du voile est passible de la peine de mort) ? Pour Mathilde Berger-Perrin, on ne peut juger des intentions d’autrui sans risquer d’ouvrir la voie aux politiques totalitaires. Que le port du burkini soit contraint par la pratique religieuse intra-familiale ou qu’il soit un affichage identitaire, ce que l’essayiste regrette dans les deux cas, la puissance publique ne peut interdire aux individus de disposer librement d’eux-même au motif de leur intentions mais plus encore lorsqu’ils ne représentent aucun danger avéré. La jeune essayiste nous rappelle avec intelligence que personne n’a le monopole ni la même définition de la pudeur dans notre pays et que c’est là un point essentiel qui nous différencie des régimes autoritaires.

“Au nom du féminisme, militons pour que chacune puisse porter ce qu’elle veut. Défendre ou interdire un vêtement féminin, c’est mimer les pratiques des cultures oppressives. Il est surtout temps que le vêtement féminin ne soit plus politique.”

Déplorer le port du burkini est une chose, mener une croisade néfaste pour l’interdire en est une autre. Pour Mathilde Berger-Perrin, jamais ce genre de polémique n’aurait eu lieu dans le cadre d’une piscine privée définissant ses propres règles. En médiatisant ouvertement l’autorisation du birkini à des fins électoralistes et pour s’offrir un affichage politique de grande envergure, les politiques élus, à l’instar d’Éric Piolle, alimentent un capharnaüm désobligeant.

Afin d’en finir avec ce retour insidieux des lois somptuaires, Mathilde Berger-Perrin appelle à dépolitiser le vêtement féminin pour qu’enfin les femmes cessent d’être soumises à l’approbation de leurs congénères masculins.


Pour retrouver le billet dans L’Express, cliquer ICI.

 

Publié le 13/05/2022.

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