
Monique nous rappelle ce qu’est une oligarchie : un type d’organisation sociale dans laquelle le pouvoir est possédé par une « fraction de la population » et qui lui octroie donc une influence considérable. Au fondement de l’oligarchie comme état social, Monique nous explique que la richesse est finalement l’unique ressource de pouvoir qui survit en démocratie. Les oligarchies fondées sur l’argent n’ont pas besoin d’assurer leur défense car l’entièreté du système et des règles juridiques leur donnent déjà toute la légitimité nécessaire.
« La richesse donne les moyens d’acheter de nombreuses autres ressources. »
Logiquement, Monique se penche ensuite sur les dérives oligarchiques de l’enseignement supérieur français, notamment sur les défauts de mobilité sociale en France. En effet, l’accès aux formations supérieures les plus réputées est aujourd’hui concentré dans un groupe social restreint. Elle pointe du doigt l’organisation de notre système éducatif ainsi que son « relatif immobilisme face aux mutations démocratiques des années 1970 ».
“Le savoir est source d’influence”, constate Monique. L’objectif d’une société égalitaire est donc de « neutraliser les privilèges liés au savoir ». Pour ce faire, l’Éducation nationale a amorcé dès le début de la Troisième République un processus de massification scolaire. Le nombre d’étudiants a été multiplié par deux. Certes, l’accès à l’université s’est démocratisé et de plus en plus d’étudiants ont accès à des formations, malheureusement, pas à n’importe lesquelles…
Les chiffres sont criants. Monique nous informe que moins de 40% des étudiants d’université obtiennent leur licence en 3 ans alors que les étudiants de filières d’élite ont quasi tous la certitude de finir diplômés. Le taux d’accès des étudiants boursiers en filières d’excellence s’amenuise au profit d’étudiants issus de milieux privilégiés. Démocratisation de l’enseignement ne rime donc pas toujours avec démocratisation de la réussite.
« Pourrions-nous imaginer en France, tout en restant fidèle aux caractères de nos institutions, un enseignement supérieur pleinement démocratique ? »
Depuis la fin des années 1970, l’enseignement supérieur a été confronté à de nouvelles mutations qui ont remis en cause le concept traditionnel d’enseignement. Aujourd’hui, les défis sont colossaux. Il apparaît urgent de lutter contre l’écart entre une « étroite élite scolaire » et des jeunes qui portent malheureusement l’héritage de leur origine sociale. À nouveau, il faut refonder le concept de méritocratie scolaire qui pour Monique est aujourd’hui « en défaut ».
Monique rappelle que la réussite scolaire, à proprement parler, n’est « ni héritée, ni due au hasard, ni même produite spontanément ». Elle est méritée, quel que soit le capital socio-culturel de l’étudiant en question. Pourtant, proportionnellement, les étudiants américains et anglais ont plus de chance d’être acceptés dans des filières d’élite (20 à 25%) que les étudiants français (5 à 10%). Pour Monique, ces pays ont réussi à démocratiser la réussite et l’excellence universitaire. Elle y salue une circulation plus fluide des étudiants au sein de différentes institutions et une plus grande liberté dans l’organisation de leur cursus universitaire.
« L’enseignement supérieur français consiste aujourd’hui en une organisation rigide où des institutions (…) de plus en plus inadaptées se sont révélées incapables de relever les défis auxquelles elles sont confrontées. »
Cependant, Monique n’est pas opposée à l’existence de filières d’élite qui « est la conséquence nécessaire de la diversité des talents ». Elle souhaite plutôt offrir une palette de formations de plus grande qualité. Pour résoudre cette problématique plus qu’urgente, Monique imagine la création de nouvelles filières plus qualitatives et professionnalisantes. Ce nouveau type de formation formerait 20 à 30% d’étudiants avec un pourcentage de boursiers plus élevé, et aboutirait à l’émergence d’une nouvelle élite.
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Publié le 17/10/2023.