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Argentine : ballon d’Or pour le libéralisme ?

Argentine : ballon d’Or pour le libéralisme ?

Dans Libération, notre expert Daniel Borrillo décrypte les causes profondes de l’élection de Javier Milei à la présidence de l’Argentine. Entre « ras-le-bol » de l’État interventionniste et nostalgie d’une grandeur nationale perdue, les Argentins ont voté par révolte.

 

Pour Daniel, rien ne sert de qualifier Milei de “putschiste” ou de “fasciste”, il faut se concentrer sur les causes profondes de ce résultat électoral. 56 % : voilà le pourcentage d’électeurs argentins qui ont voté pour Javier Milei, « populiste libertarien », candidat prônant l’anarcho-capitalisme. Ses électeurs, de tous horizons politiques, ont avant tout voté en réaction à un trop-plein. Un trop-plein de misère, de pauvreté, d’inflation, de corruption, de surrendettement… Daniel pointe du doigt « un vote de contestation viscérale » face à un système qui a abandonné et appauvri ses propres citoyens.

 

« Le peuple a préféré se jeter dans le vide d’une société capitaliste sans État plutôt que continuer avec l’étatisme. »

L’Argentine, auparavant septième puissance économique, n’est plus que l’ombre d’elle-même : 27ème rang en 2022, 42% de ses habitants vivant sous le seuil de pauvreté, 160% d’inflation…. C’est précisément dans ce contexte qu’a émergé la politique antisystème de Milei. Pour Daniel, le candidat a « su toucher démagogiquement la fierté des Argentins », même s’il est vrai que la majorité de ses électeurs ne comprend pas vraiment le fondement de son programme, ni les thèses économiques sur lequel il est fondé. Victorieux dans 21 provinces (sur 24), l’arrivée au pouvoir de ce candidat excentrique et imprévisible représente une forme d’utopie que Milei « a su exploiter d’une manière populiste ». Daniel appelle d’ailleurs à ne pas se concentrer seulement sur les dérives et “propos outranciers” du candidat, mais bel et bien à se pencher sur la profondeur de ce vote. 

 

“Ce n’est pas contre Keynes que les Argentins ont voté mais contre le gouvernement péroniste.”

Daniel explique que les Argentins ont été touchés par le discours antisystème et chauvin du candidat, qui appelle à mettre fin à des décennies d’ingérence de l’État et à rebâtir une Argentine forte et prospère. Son discours est clair : les élites économiques et politiques argentines sont les seules responsables de l’effondrement de la nation. Son opération de séduction a visiblement porté ses fruits, notamment dans les tranches les plus jeunes de l’électorat (69%).

 

« Contrairement à Donald Trump et à Jair Bolsonaro, Javier Milei veut mettre fin à l’interventionnisme et au dirigisme de l’Etat. »

Le nouveau président propose des solutions radicales pour mettre fin au péronisme, une de ses propositions phares étant d’ailleurs de dollariser l’économie argentine et d’abandonner le peso, dont la valeur s’effondre de jour en jour. Néanmoins, Milei vient d’annoncer publiquement plusieurs modifications dans son programme, il est notamment revenu sur la privatisation de l’éducation et de la santé, la vente d’organes, la libéralisation des armes… Le 10 décembre prochain, le nouveau président sera confronté au principe de réalité : sans majorité au Parlement, il devra composer avec les “gauchistes” qu’il méprisait tant durant sa campagne. Affaire à suivre…

 

« C’est le retour à la société libérale de la fin du XIXe et du début du XXe siècles lorsque, dans les salons parisiens, on utilisait l’expression « riche comme un Argentin. »

 


Pour lire la tribune de Daniel, cliquer ICI.

 

Publié le 23/11/2023.

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