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Ouvrir la voie au parlementarisme – Gaspard Koenig

Ouvrir la voie au parlementarisme – Gaspard Koenig

Dans le media belge L’Écho, Gaspard Koenig voit dans la conjoncture politique actuelle une opportunité pour reparlementariser la Ve République et insuffler du débat à tous les étages de la société. 

 

Pour Gaspard, l’absence de majorité absolue donnée au Président de la République est une bonne chose. Jupiter doit désormais s’effacer devant le retour en grâce de l’Agora. Cinq années de macronisme ont démontré que la verticalité du pouvoir cristallise les tensions et le ressentiment contre un seul homme. Les passions sociales, qui s’exprimaient jusqu’alors dans la rue, retrouvent un espace d’expression idoine avec le Parlement. Gaspard espère que cette nouvelle Assemblée saisisse cette chance de reparlementariser notre régime.

“Les gens ont parfaitement compris les questions institutionnelles et ils ont été très clairs : ils ont élu Macron, qui était le seul présidentiable raisonnable, mais ils ont refusé de lui donner les pleins pouvoirs.”

La France est-elle ingouvernable ? Gaspard préfère se réjouir du “bazar” au Parlement que de s’en inquiéter. Le retour au premier plan de l’Assemblée doit concourir à la recherche de majorités d’idées entre les différentes forces politiques et limiter l’inflation normative qui pousse à bout la logique bureaucratique de l’administration française. Néanmoins, pour que se rétablisse sainement cet équilibre entre le pouvoir exécutif et législatif, il est impératif que les parlementaires de part et d’autre prennent la mesure de l’enjeu qui les attend. Se prêter à la recherche de consensus démocratique suppose de faire preuve de courage car d’aucun ne peut rester figé dans l’ancien rôle qui lui était dévolu durant la précédente législature. Si les élus de la majorité doivent accepter le compromis législatif avec les groupes d’oppositions, ces derniers doivent sortir de la confrontation jusqu’au-boutiste afin de devenir des forces de propositions.

Quant à la percée du RN – fort de ses 89 nouveaux députés et dont il juge beaucoup de ses positions “antirépubicaines” – , Gaspard pense qu’elle aura le mérite de clarifier le positionnement institutionnel du parti frontiste sur un bon nombre de sujet. Ainsi, le Rassemblement national ne pourra plus se contenter de ses sempiternelles formules incantatoires mais devra émettre des propositions réalistes transposables dans notre droit commun. Interrogé sur la NUPES, qu’il n’associe pas au RN – son programme étant moins radical que celui de François Mitterrand en 1981-, Gaspard estime qu’à la différence de Macron et de son pragmatisme désidéologisé, la coalition de gauche a le mérite de renouer avec une doctrine politique structurée autour d’idées fortes ayant su enthousiasmer un électorat jeune. Pour devenir une pièce maîtresse de l’échiquier politique, Gaspard souhaite que le centre dont il se réclame soit en mesure de faire de même.

“La Ve République a organisé un système beaucoup trop binaire, avec une majorité d’un côté et une opposition de l’autre. Le dépassement de cette situation est désirée par les électeurs. Il oblige le politique à retrouver l’essence même du débat et de la démocratie.”

Pour Gaspard, qu’importe finalement la forme – coalitions ou compromis – que prendra le système démocratique français appelé à se transformer au regard de la nouvelle configuration politique. L’intérêt fondamental de cette configuration inédite réside dans la possibilité offerte à notre système institutionnel de renouer avec la tradition du débat et de la discussion. Fortement engagés dans les associations, les Français ne sont pas avares d’échanges. Seulement, le système électoral actuel ne semble plus leur convenir comme en atteste une abstention beaucoup plus politisée que ne veulent bien le dire les commentateurs politiques. Pour Gaspard, “le résultat de cette élection législative pourrait changer la donne. Il y aura moins de verticalité et des procédures plus horizontales, plus inclusives. Les gens vont se reconnaitre dans leurs députés et ils vont commencer à suivre les débats”.

Si l’historien et sociologue Pierre Rosanvallon constatait que le présidentialisme français s’était répandu en Europe et dans le monde comme une traînée de poudre, la reparlementarisation du régime français pourrait avoir des conséquences positives sur notre manière d’appréhender les institutions démocratiques de l’Union Européenne. Une dynamique pourrait s’enclencher afin que le Parlement européen ne se contente plus de délibérer sur les directives venues de la Commission mais devienne également une force de proposition autonome de l’exécutif bruxellois. Le début d’une révolution démocratique de grande ampleur ?


Pour lire l’entretien de Gaspard dans L’Écho, cliquer ICI.

Pour lire notre recueil “Déprésidentialiser la Ve République”, cliquer ICI.

Pour relire notre rapport “Le pouvoir aux communes : décentraliser par le principe de subsidiarité ascendante”, cliquer ICI.

 

Publié le 30/06/2022.

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